Devenir écrivain, la méthode de Robert Louis Stevenson
L’auteur de L’île au trésor nous livre dans Devenir écrivain quelques unes de ses méthodes d’écriture. Découvrez les bases du métier d’écrivain selon Robert Louis Stevenson. Devenir écrivain est un court recueil de trois essais autour de l’apprentissage de l’écriture. C’est un ouvrage très rapide à lire, mais surtout très précieux par les conseils qu’il propose. Un très long apprentissage pour celui qui veut devenir écrivain. Le premier essai « Un magazine littéraire » est le plus intéressant pour nous. Stevenson raconte, en partant de son enfance, comment il s’est peu à peu forgé une technique et un caractère d’écrivain. Deux éléments essentiels se détachent de sa réflexion : l’exercice et la persévérance. Parmi les exercices, il souligne deux procédés fondamentaux : S’entraîner à prendre des notes sur tout en cherchant toujours à trouver les mots justes. Lire sans arrêt et imiter chaque texte qui attire l’attention, même si l’expérience est amère : « Je n’y parvenais pas [à atteindre le niveau des œuvres admirées] et je le savais ; je persévérais pour échouer encore et toujours : mais du moins par ces vains accès j’acquis une certaine pratique du rythme, de l’harmonie, de la construction et de la coordination des parties[1] ». Pour Stevenson, c’est en pastichant que l’on apprend à maîtriser les outils que sont le vocabulaire, la syntaxe, les jeux de style. Sans cela, on ne travaillerait qu’avec de pauvres matériaux, des moyens trop rudimentaires pour pouvoir satisfaire nos ambitions. C’est ainsi qu’ont fait les plus grands artistes, note-t-il, donnant en exemple Montaigne ou Keats, c’est donc ainsi qu’il faut faire : « Bon gré mal gré, c’est ainsi que l’on apprend à écrire, que cette manière m’ait profité ou non, ainsi et pas autrement. Keats a appris de la sorte, or jamais il n’y eut de tempérament plus littéraire que le sien[2] » Copie, génie et originalité. Stevenson est conscient que cette option de la copie peut choquer plus d’un auteur en herbe. Il s’emploie donc à la justifier en développant ses bienfaits. Les voici résumés pour vous : Les grands modèles montrent la voie et empêchent de stagner dans la médiocrité. Ils permettent de relativiser ce que l’on a déjà fait et de pousser à faire toujours mieux. Les grands artistes, les plus originaux, les plus novateurs sont ceux qui revitalisent la tradition en la transfigurant. Ceux que l’on considère comme des génies originaux se différencient des autres écrivains par leur prise de position vis-à-vis des traditions existantes. C’est en connaissance de cause que l’on peut créer du nouveau à partir de l’ancien. La crainte de se perdre soi-même en lisant d’autres auteurs est injustifiée. Si on est original on le restera. Si on ne l’est pas, on trouvera au moins dans les grandes œuvres des idées de travail. La connaissance variée et approfondie de la littérature ainsi que l’habitude de vivre la lecture comme une façon d’apprendre à regarder le monde à travers d’autres perspectives sont les conditions sine qua non à toute production littéraire. Enfin quels que soient les bienfaits du pastiche, celui qui se veut écrivain doit absolument posséder une autre qualité : sans persévérance, pas de créativité. Persévérer, persévérer, persévérer. Que ce soit dans son travail d’écriture ou dans l’effort pour être ensuite publié, Stevenson relate, souvent avec humour, à quel point il lui a fallu être persévérant et humble. De plus, il souligne la durée nécessaire de l’apprentissage. Une longue période d’expériences et d’échecs est à prévoir. Il faut s’y préparer, parce que c’est aussi un temps de maturation avant d’arriver à s’exprimer enfin de façon littéraire. Et pour terminer voici la conclusion de Robert Louis Stevenson lui-même : Avant que l’apprenti puisse dire quelles cadences il préfère vraiment, il lui faut avoir sondé toutes les possibilités ; avant qu’il puisse sélectionner et tenir à sa disposition une série de mots adéquats, il lui faudra avoir longuement fait ses gammes littéraires. Ce n’est qu’après des années d’une telle gymnastique qu’il pourra enfin s’asseoir à son bureau, que des légions de mots s’agglutineront à sa semonce et que des douzaines de tournures attendront simultanément qu’il les élisent lui-même sachant ce qu’il veut faire et étant capable (dans le cadre des limites humaines) de le réaliser[3]. Que rajouter de plus, sinon : au travail, maintenant ! Et surtout, gardons courage. Qu’en pensez-vous ? Êtes-vous d’accord avec R.L Stevenson? Avez-vous déjà imité les auteurs que vous admirez, et dans ce cas, qu’en avez-vous retiré ? Quels seraient vos conseils d’écrivain? Devenir écrivain, Robert Louis Stevenson, Paris, ed. Payot et rivages, 2008, col. Petite Bibliothèque, traduction et préface d’Elise Argaud. [1]R.L Stevenson, Devenir écrivain, op.cit, p.17. [2]R.L Stevenson, Devenir écrivain, op.cit, p.19. [3]R.L Stevenson, Devenir écrivain, op.cit, p.21.
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