L'Echangeoir d'Ecriture

Petits trucs et savoirs d’écriture

ateliers d'écriture

A quoi servent les ateliers d’écriture et comment choisir le sien ?

Il y a peu, je lisais un article sur les ateliers d’écriture qui m’a plutôt contristée, d’autant qu’en général j’apprécie Page42. Pourtant, ce sont des arguments que l’on entend souvent (personne ne peut apprendre à écrire, on a du style ou on n’en n’a pas…). Je participe régulièrement à des ateliers en tant que stagiaire et j’en anime également. J’AFFIRME que ces ateliers d’écriture (s’ils sont bien faits) sont extrêmement enrichissants. Voici pourquoi : Ecrire s’apprend, les bons ateliers d’écriture peuvent vous y aider Ecrire s’apprend comme n’importe quel autre art. Bien sûr, personne ne va vous prendre la main pour en faire sortir un petit génie. Mais l’écriture se base sur des techniques et des méthodes qui aident à trouver son propre chemin. Les refuser c’est d’une part risquer de perdre beaucoup de temps à improviser sans résultats et, d’autre part, finir par être influencé par des écrits bas de gamme. Je ne suis pas la seule à le dire, pour citer quelques sources : Stevenson, Flaubert, Muñoz Molina, S. King, S. Divry et bien d’autres ! Essayeriez-vous de copier Picasso sans connaître la différence entre la gouache et l’huile ? Pour l’écriture, c’est pareil. L’atelier n’est pas le seul moyen de d’apprentissage, mais un bon atelier vous fera gagner beaucoup de temps. Ecrire est une activité solitaire : les ateliers d’écriture vous aident à socialiser vos textes  C’est important, parce que cela oblige à accepter le regard des autres. On apprend à écouter les critiques et à prendre de la distance pour se poser de nouvelles questions sur notre texte. Faire des retours sur les écrits des autres est également formateur, c’est une étape pour se relire avec discernement. Enfin, les ateliers d’écriture sont des espaces permettant de « parler boutique » et faire naître de nouvelles idées. En atelier d’écriture, on prend des chemins auxquels on n’aurait jamais pensé : Les propositions sont une ouverture pour sortir des habitudes. Vous ne le voyez pas tout de suite, mais cela aide à se constituer un répertoire de pratiques pour enrichir vos futurs projets. Petite liste d’exemples que j’ai eu l’occasion de tester en atelier : le biographème, le fragment, l’inventaire, le texte en une phrase, des pastiches d’auteurs que je ne connaissais pas, les jeux oulipiens, de focalisation, de narration, de détournement (de contes, d’auteurs, de textes…). J’ai pu aussi découvrir des méthodes de développement d’idées ou des exercices pour améliorer une relecture. Encore une fois, ce n’est pas parce que je les pratique en atelier que je vais les utiliser, mais ils m’ont permis d’enrichir ma palette de formes et d’avoir des idées de déblocage lorsque je n’obtiens pas ce que je veux avec mon texte. Choisir son atelier d’écriture : Il reste cependant une condition absolue pour une bonne expérience : choisissez votre atelier en fonction de ce que vous voulez en retirer. N’allez pas dans un atelier ludique si vous voulez approfondir l’écriture. Vérifiez que l’animateur est formé et demandez son programme. Un bon atelier ne s’improvise pas. Personnellement, une fois que mon idée d’atelier (pour un atelier ponctuel) ou mon programme (pour une session) est défini, il me faut entre une et deux heures de préparation, parfois plus, pour me sentir prête à animer. Et je peux dire les buts techniques et thématiques, le type d’approche de l’écriture, son insertion à l’intérieur d’un ensemble, l’expérience qu’il est censé proposer aux participants et proposer des formes alternatives si besoin ! NB : l’article de Neil Jomunsi parlait surtout de l’Ecole des Mots où les animateurs sont des écrivains. Un bon écrivain peut être un excellent animateur mais écrire et transmettre l’écriture ne sont pas synonyme. Par ailleurs, un écrivain très particulier peut être un extraordinaire animateur : il suffit qu’il sache s’éloigner de « son » écriture pour transmettre « l »’écriture. Et vous, quelle expérience avez-vous avec les ateliers ? L’Echangeoir vous proposera bientôt un atelier en ligne. N’hésitez pas à me contacter si vous êtes intéressés. Et à jeudi pour un témoignage sur l’atelier d’écriture avec les enfants !  

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auteur et personnage, les bons liens

Quelques outils pour aider à la création d’un bon personnage

Ceci n’est pas un énième article pour faire des fiches de personnages. C’est plutôt un bilan de mes propres difficultés et trouvailles. Un article plus personnel donc. En effet, lorsque j’écris, je suis souvent déçue du résultat, je ne sais pas comment produire ce que j’imagine. Comme dirait Stephen King,  ma boite à outils n’est pas assez remplie. Alors je me suis mise à chercher auprès des auteurs que j’admire quelques solutions. Voici ces « outils » qui m’accompagnent désormais lorsque j’écris. J’espère qu’ils vous seront également utiles. Le bon personnage, un ego imaginaire : Une phrase de Milan Kundera L’une des difficultés que l’on peut rencontrer lors de la création du personnage, c’est la tendance à s’y mettre trop soi-même. Les personnages, tous semblables entre eux, n’ont alors aucun relief. S’il s’agit d’un piège dont on est facilement conscient, reste le problème de savoir comment faire autrement. Ce qui  m’a ouvert une porte, c’est de prendre le problème à l’envers, grâce à cette phrase de Milan Kundera dans l’Art du Roman :  …les personnages de mon roman sont mes propres possibilités qui ne se sont pas réalisées. (…). Ils ont, les uns et les autres, franchi une frontière que je n’ai fait que contourner. Car oui, c’est certain, tout auteur se met dans ses personnages, mais il faut que ce soit productif. Pour paraphraser des termes de psychanalyse, il ne s’agit pas de projeter son « moi » dans un personnage et d’en faire une sorte de duplicata. Ce serait plutôt se projeter dans le « moi » du personnage pour essayer de voir tout ce que l’on pourrait faire, si on était lui. Gammes d’écriture pour un bon personnage Bon, je suis d’accord, c’est un peu compliqué en théorie. Voici un exemple pratique : Vous n’êtes plus vous, vous êtes le criminel d’un roman policier. Comment voyez-vous les victimes? Quel rapport entretenez-vous avec la vie humaine, avec  la morale ? Mais aussi, comment percevez-vous votre lieu d’habitation, les musique, les couleurs (ou autres détails importants dans votre récit) ? Ensuite, comment allez-vous vous exprimer, qu’est-ce que va vous attirer, vous révulser, vous faire peur… ? Rappelez-vous, votre but est d’expérimenter ce qu’un autre pourrait penser. Il ne s’agit pas de donner à un personnage ce que vous, auteur, pensez. Essayez, non seulement d’écrire cette vision des choses, mais de la vivre (pendant un temps limité !). Enfin, revenez toujours à votre propre opinion, pour vérifier qu’elle est bien différente. C’est une expérience désarçonnante mais enrichissante. Si cela vous parait impossible, voici un deuxième exercice.  Dans votre entourage, choisissez une personne que vous connaissez moyennement. Mettez-là dans une situation romanesque et imaginez comment il/elle pourrait réagir. Vous pouvez vous entraîner également avec des personnages de fiction ou de parfaits inconnus que vous avez pu observer à l’arrêt de bus, à la queue de la boulangerie… Là aussi, faites toujours des vérifications entre votre texte et le caractère que vous avez défini à l’avance. Il y a parfois des glissements surprenants ! N’hésitez pas non plus à noter des expressions, des réactions qui pourraient vous être utiles pour de futurs personnages. En résumé, perdez votre personnalité pour vous fondre dans celle de votre personnage au lieu de vous projeter en lui. Personnage principal versus personnages secondaires : « Et si le véritable talent du narrateur –romancier ou cinéaste- ne résidait pas dans la création des héros mais dans celle des personnages secondaires ? »  demande Antonio Muñoz Molina [1]. Un bon personnage est toujours pris dans un réseau. Si vos personnages secondaires ne sont pas à la hauteur, votre protagoniste s’en trouve  affaibli. Par ailleurs, c’est souvent la multiplicité des points de vue qui fait les œuvres remarquables : Le roman, c’est le paradis imaginaire des individus : c’est le territoire où personne n’est possesseur de la vérité , ni Anna, ni Karénine, mais où tous ont le droit d’être compris, et Ana et Karénine[2]. Kundera nous rappelle une chose essentielle. Tous nos personnages doivent avoir leurs raisons d’agir, leur part de complexité. Mais aucun ne doit tout contenir à lui seul. Comme le dit Stephen King, oublier cette multiplicité du réel, c’est risquer de faire des clichés ou, pour reprendre ses mots, des “nullités unidimensionnelles” : Il est aussi important de se rappeler que personne n’est le « méchant » ou le « meilleur ami » ou encore « la pute au grand cœur » dans la vie réelle ; dans la vie réelle, nous nous considérons tous comme le personnage principal, le protagoniste alpha, l’incontournable ; c’est sur nous que sont braqués les projecteurs. Si vous êtes capable d’adapter cette attitude à vos œuvres de fiction, vous ne trouverez peut-être pas plus facile de créer des personnages remarquables, mais vous aurez moins tendance à engendrer les nullités unidimensionnelles qui peuplent tant d’ouvrages de fiction populaire.  p. 227 Donc, n’habitez pas seulement votre personnage principal. Allez aussi loger chez les autres et affinez ainsi leurs relations, leurs différences, leurs personnalités. Le rapport à l’histoire et à  l’universel : Mais un bon personnage ce n’est pas seulement une personne ou une personnalité. Un bon personnage, c’est aussi un pion qui doit faire avancer votre histoire. Il doit donc être en construit en fonction de cette histoire. Et puis, ce sera aussi un porteur de symboles pour votre lecteur, un représentant d’une façon d’agir et de voir le monde. C’est là qu’intervient le pouvoir des grands personnages, ceux qui marquent les époques. Le vrai bon personnage est « un instrument séduisant qui instaure une forme de dialogue entre l’auteur et son lecteur sur l’histoire du monde, sur la place de l’homme et ses désirs dans une société donnée[3]. ».  Sa force résidera dans le mélange du courant et du particulier qui permettra à tout lecteur de s’y identifier[4]. Mais attention, les personnages “idées”  sont souvent froids et emphatiques. Ce n’est pas le symbole qui porte le personnage. C’est d’abord une individualité qui deviendra un symbole. Forme de présence du bon personnage Cela dit, comment incarner de telles idées de personnage dans un texte ? On en revient là à une maxime de base de l’écriture. Montrer  et ne pas dire, faire agir sans commenter, limiter les informations. Ainsi, Virginia Woolf donne l’exemple de

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cinq mots pour vibrer dans le texte

Cette phrase contient cinq mots, histoire d’un conseil viral.

Pour bien commencer l’année, voici un conseil d’écriture que je voulais absolument partager avec vous : l’histoire des cinq mots. L’histoire des cinq mots Au mois de septembre dernier, un journaliste argentin (Axel Marazzi) partageait sur Twitter son secret d’écriture, LE conseil qui l’avait le plus inspiré tout au long de sa carrière. Deux jours plus tard, le message avait été retwitté plus de 5000 fois !

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