Le narrateur, nous le savons, c’est celui qui raconte. Cela fait de lui une pièce essentielle du récit. Voici quelques pistes pour jouer avec.
Narrateurs : dedans ou dehors ?
Selon qu’ils sont présents ou absents dans l’univers de l’action, on va différencier quatre types de narrateurs :
Il y a d’abord les narrateurs personnages qui sont présents dans le récit (pour le terme savant Homodiégétique). Puis, il y a ceux que l’on ne voit pas, lorsque l’on a l’impression que l’histoire se raconte toute seule (Hétérodiégétique).
Par ailleurs, on trouve parfois des récits-cadres : un personnage dit clairement qu’il va raconter une histoire. Si le narrateur du récit cadre n’est pas l’objet d’un récit « il était une fois un personnage qui racontait l’histoire de…. » on l’appellera Extradiégétique. Si, par contre, il est présent dans les deux récits « je vais vous raconter l’histoire qui m’est arrivée… », on le dira Intradiégiétique.
A quoi ça sert :
Le choix du narrateur est important parce qu’il a des influences sur la quantité d’informations à transmettre au lecteur, sur les liens affectifs tissés avec les personnages ainsi que sur le degré de crédibilité du texte.
Jouer avec la crédibilité :
Un narrateur-témoin peut apparaître comme une source précieuse. On valorisera ses confidences. Cependant, il peut mentir … Ce qui change évidemment la tonalité du récit. A l’inverse, un narrateur externe est censé avoir un regard clair, regard qu’il partage avec le lecteur. Mais il peut être tout aussi partial, comme le narrateur ironique d’Orgueil et Préjugés (Jane Austen)
Il est une vérité universellement admise : c’est qu’un célibataire doté d’une solide fortune a certainement besoin d’une épouse.
Si peu connus que soient les sentiments et les opinions d’un tel homme, lorsqu’ il vient s’établir quelque part, cette vérité est si bien ancrée dans les esprits des familles voisines qu’elles voient en lui le bien légitime de l’une ou l’autre de leurs filles.
Empathie et (mé)connaissance des faits.
- Un narrateur-héros permettra une grande intimité avec le lecteur, il y aura donc plus d’émotions. Comme le lecteur connaît bien le personnage, il s’y attache. Néanmoins, un narrateur-héros ne peut pas tout savoir… Des pans de la fiction resteront dans l’ombre.
- Un narrateur peu fiable est aussi un choix intéressant. Un narrateur amoureux, par exemple, va présenter l’être aimé seulement sous son meilleur jour. L’auteur peut alors jouer avec cette « défaillance » en donnant des indices pour que le lecteur comprenne la véritable personnalité de l’être aimé. Ou alors, il peut conduire le lecteur à effectuer une remise en cause, comme le narrateur…
Offrir différents points de vue
Enfin, rien n’oblige à conserver le même narrateur tout au long de l’histoire. Certains romans sont dits « choraux » (ou polyphonique) parce qu’ils proposent plusieurs visions. C’est en réunissant les différentes narrations que le lecteur peut reconstruire l’histoire (L’immeuble Yacoubian, Ouragan, La couleur des sentiments, ou les romans épistolaires).
Sans aller jusque-là, il est tout à fait possible de changer de narrateur, de donner deux points de vue qui finalement se rejoignent, de proposer une vision du présent en parallèle avec une vision du passé, de passer de chapitres en narrateur hétérodiégétique à des chapitres avec un narrateur personnage… Tout dépend de ce que vous voulez que votre lecteur sente et comprenne.
Comment choisir ?
Bref, la première question à se poser au moment de choisir son narrateur c’est : qu’est-ce que je veux transmettre au lecteur ? De l’empathie, une sensation d’impartialité, des données psychologiques, des explications sur le monde, une enquête ou une relation amoureuse ? C’est en fonction de vos réponses que vous choisirez votre narrateur.
Mais le narrateur n’est pas tout. Si vous vous souvenez bien, il y a un filtre supplémentaire : le focalisteur…à découvrir la prochaine fois.