L'Echangeoir d'Ecriture

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Appel à textes.2 : les résultats et un premier texte à découvrir.

Appel à textes.2, la sélection et une première nouvelle : Les voilà ! Vous les attendiez, ils sont là. Voici les résultats de notre appel à textes: « Jouer avec la narration» ! Des contraintes inspirées et inspirantes Malgré un peu de retard, nous avons fini notre sélection parmi les nouvelles que vous nous avez envoyées pour notre Appel à textes.2. Nous avons été heureux, surpris et admiratifs devant l’éventail d’expérimentations qui nous ont été soumises. Narrateurs non fiables, non humains, plusieurs narrateurs, glissement de points de vue, jeux de méta-littérature…Vous avez été inspirés et vous avez su partager votre inspiration. Donc, merci à tous ! Une petite tristesse cependant, nous avons reçu plusieurs textes qui nous ont plu mais qui ne correspondaient pas aux contraintes énoncées. C’est tellement dommage ! Cela peut paraître basique mais n’oubliez pas de bien lire les consignes si vous voulez être sélectionnés. Les textes sélectionnés Comme vous pouvez l’imaginez, le choix a été difficile, d’autant que nous voulions tenir compte autant de la qualité des textes que de la diversité et l’inventivité des contraintes. En fin de compte, il n’en reste plus que trois, dont voici les titres : La fenêtre, par Alexandra Estiot. Dommage, par MLdlG. Seul mais pas trop. par Mickaël Auffray. N’hésitez pas à donner votre avis en commentaire. Nous savons tous comme quelques observations bien menées peuvent nous aider à nous améliorer ! Je vous laisse donc découvrir le premier texte retenu : La fenêtre par Alexandra Estiot. CONTRAINTES : Plusieurs visions d’un même événement (narration alternée) et choc de lecture. LA FENÊTRE Elle est debout à un mètre de la fenêtre ouverte. Cette fenêtre qu’elle s’obstine à ouvrir alors que je me tue à lui dire de ne pas le faire. L’humidité envahit l’appartement et c’est dangereux pour les enfants. Elle répond qu’elle ne quitte jamais la pièce sans fermer cette fenêtre et qu’elle a besoin de faire entrer l’air, même s’il est chaud, même s’il est lourd. Elle ne m’a pas entendu entrer. Elle m’a dit que, la journée, le bruit des travaux est épouvantable et elle a raison, il est épouvantable. Ils doivent détruire au marteau-piqueur l’appartement du sixième. Le sol vibre. A cette heure, les enfants doivent dormir. Je ne les entends pas, mais avec ce vacarme…   J’étouffe ici. Ce climat est horrible. Il faut rester confiné. Quand ce n’est pas les trombes d’eau, c’est la chaleur. On ne peut pas ouvrir les fenêtres. On ne peut pas sortir. Sortir ce n’est pas dehors, ce n’est que de l’appartement. Prendre un taxi pour rejoindre un centre commercial ou descendre à la salle de jeux du sous-sol. La salle de jeux est très bien. Les enfants l’adorent. On grimpe et on se laisse tomber sur des tapis moelleux. Il y a des copains, des puzzles géants ; des licornes à bascule. Il y a même un accrobranche. Je déteste cet endroit. J’y accompagne les enfants deux fois par jour. Je m’assieds dans un coin et tente de lire pendant qu’ils jouent. Je suis souvent la seule maman. Ce sont les bonnes qui descendent les enfants ici, pas les mères. Il n’y a que moi. Moi, l’expat sans bonne qui transgresse la règle non-écrite qui veut qu’on n’ouvre pas les fenêtres. Comment peut-on vivre sans ouvrir les fenêtres ? Comment peut-on vivre comme ça ? Moi je ne peux pas. J’ouvre la fenêtre. Elle est ouverte mais je ne m’approche pas. Le vertige…   Elle oscille. C’est presqu’imperceptible mais je la vois osciller, comme si elle berçait un bébé qui vient de s’endormir. Je regarde au-delà d’elle pour deviner ce qui la captive. Un cargo sur la mer, un avion dans le ciel, semblables à ceux qui nous ont déposés ici, nous et nos meubles. C’était il y a un an. C’est notre anniversaire aujourd’hui. Un an à Hong Kong. Notre anniversaire de Hong Kong comme disent les enfants. C’est pour ça que je suis rentré tôt, pour fêter notre anniversaire de Hong Kong. Une surprise. Je n’ai rien dit ce matin pour que les enfants ne soient pas déçus si jamais je ne pouvais finalement pas me libérer. Elle doit penser à notre arrivée ici elle aussi. Un an. Ça passe vite. Elle oscille et soudain avance d’un pas ; avance son bras, avance sa main vers le chambranle. Elle s’appuie. Elle m’a toujours dit ne pas avoir le vertige…   Je n’ai pas le vertige. Sauf ici. Cet immeuble est construit au sommet d’une falaise, la prolonge. Le précipice aux pieds de l’immeuble. De notre huitième, si on regarde en bas, on croit être au quarantième, cinquantième, je ne sais pas. Haut en tout cas. Mais ce n’est pas ça qui me donne le vertige. C’est la mer. On ne voit que la mer d’ici, la mer et le ciel. L’humidité est si lourde qu’elle trouble l’horizon qui disparaît. Il n’y a pas d’horizon, pas de ligne de partage entre la mer et le ciel. Seulement une masse grisâtre. Dehors, il n’y a rien, rien que le gris. C’est ça qui me donne le vertige. Un avion et un bateau marquent le ciel de la mer. Je peux oublier qu’il n’y a que le gris. Je sais qu’il sera à nouveau tout, ce gris, mais pas maintenant. Maintenant, il y a la mer et le ciel. Un bateau et un avion qui, bientôt, repartiront sans moi. Ils me laisseront au gris, dans le gris. Je voudrais tellement partir. Je veux toucher ce bateau, cet avion. Je tends la main. Rien. Je suis toujours là. Je m’appuie à la fenêtre.   Elle est peut-être fatiguée. Ce matin elle m’a dit s’être levée trois fois pendant la nuit. Deux cauchemars. Un chacun et ses nausées. Elle n’en avait pas eu pour les garçons. Ma mère y voit une fille qui s’annonce. J’imagine une fillette, toute pareille à elle. Elle était tellement mignonne, petite. Elle doit être fatiguée. Elle devrait ralentir, se reposer, laisser les enfants de temps en temps. Elle ne veut pas de bonne

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Appel à texte contraintes

Appel à textes.2 : jouer avec la narration, les narrateurs, les focalisateurs.

Appel à textes.2 de L’Echangeoir d’écriture ! Thème : libre Format : texte court, microfiction, fragments, petite nouvelle… Taille : 6000 signes maximum L’appel à textes.2 en résumé :  Ecrire un texte court pour expérimenter avec les techniques de narration. Le thème est libre mais chaque écrivain devra s’imposer un minimum de 2 contraintes d’écriture pour jouer avec les narrateurs et/ou focalisateurs (à définir soi-même et présenter avec la nouvelle).  

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Appel à textes, cinquième sélection, “Un ours à reculons” par Elise Vandel-Deschaseaux

Nous voilà arrivés à notre dernière découverte avec notre cinquième sélection pour l’appel à textes « expérimentation libre avec la nouvelle ». Voici “Un ours à reculons” par Elise Vandel-Deschaseaux. En premier lieu, voici les contraintes qui ont pour originalité de se centrer plus sur le côté, relecture/réécriture. Les contraintes : Écrire une « nouvelle instant symbolique ›› qui explore un souvenir en glissant d’un univers à un autre. Qui ait une chute Et comporte une tonalité poétique Défis d’expérimentation : Réviser une nouvelle existante 1) en la réduisant à un nombre de caractères inférieurs (6311 au lieu des 19076 existants), 2) en supprimant les adjectifs inutiles et/ ou précieux, 3) en écrivant au présent, 4) en recentrant le texte sur le ressenti de la narratrice, en plongeant dans sa mémoire. Bonne lecture ! Un ours à reculons Maman me raconte une scène récurrente qui est restée gravée dans ma mémoire de fillette. Son sens du détail me caresse comme une poussière de joie. Les histoires qu’elle me lit ouvrent et referment des parenthèses entre lesquelles se glisse l’orée des rêves. Une de ces histoires me revient pourtant en mémoire avec plus de force que d’autres.   A mi-chemin entre le sommeil et le rêve, un paysage maritime tapisse mes paupières : une falaise que survolent les cormorans et les mouettes. Sous ma paupière, le marchand de sable sème la matière grumeleuse qui m’endort. Maman est une rambarde de sécurité contre la voisine ronchon, les bicyclettes à contre-sens et des griffes du chat. Pourtant, insensiblement, jour après jour, les effets apaisants du baume s’atténuent. Ce que papa et maman disent sonne creux. Être la spectatrice unique de leurs mots et gestes m’accable. Qui d’eux ou de moi tisse des mensonges ? Je contourne la question parce qu’il faut bien faire avec la réalité, mais je distends le lien qui nous unit. Papa trouve que le Brandy fait une compagne merveilleuse, toujours d’accord, disponible et à la bonne température. A troquer son remontant contre sa femme, papa perd l’une au profit de l’autre. Il vit un éboulement dans tout son corps humidifié par l’alcool qui dessèche. Sans surprise, papa entame une lente décrépitude, sournoise et diffuse, qui obéit à une géométrie imparable. Papa conserve son esprit clair. Cette lucidité le mène à la déréliction face à laquelle nous redoublions d’inefficacité. Empêtrée dans mes jupes et dans mes jeux, je fonce droit vers ma survie. Maman s’habille d’une peau d’amour pour tout encaisser. Et nous picorons les miettes du bonheur enfoui : les cookies à la noisette, les fous rires devant le miroir, les promenades en forêt. Papa est tenu à distance, comme un étranger. Nous créons un fantôme qui vit sous notre toit mais n’appartient pas à la famille. Il semble tenir bon, mais c’est précisément dans cet intervalle protecteur qu’il est réduit à un point minuscule. Maman étrangle son chagrin dans la mécanique inutile du foyer qu’elle gère avec une hystérie panique : ménage, courses, cuisine, lessives, factures- et recommencer. Mon père a des habitudes qui brossent à grands traits la toile de fond de sa vie, que je qualifie de misérable par souci d’exactitude.   J’ai autant besoin de mon père qu’un perroquet de la banquise.   Le sas de sécurité entre papa et moi ne se fissure pas avec le temps. Pour attirer son attention, je l’affuble en vain de sobriquets qui ont autant d’effet qu’une larme sur un feu de broussaille. Assise sous les roses trémières, je compte les fourmis. Les soirs où il a bu toute sa paie, Papa siffle ses bouteilles à la maison. Seul. Caché. « – Je vais bricoler dans l’atelier ››, lance-t-il.   L’été 1998 passe ainsi. Maman m’emmène pour la dernière semaine d’août chez sa sœur et ses nièces, mes trois adorables cousines. C’est une drôle de semaine, qui me voit coincée entre le besoin de lire le mot septembre sur mon agenda et le tourbillon de vie que forment mes cousines.   Les vacances touchent à leur fin. Nous regagnons la maison. Maman ne tourne pas la clé dans la serrure, la porte d`entrée entrebâillée s’ouvre sur Papa, endormi sur le sofa. Nous allons dormir sans le déranger. Au matin, à peine réveillée par les balbutiements du soleil entre les stores, ma gorge se noue brutalement. J’entends les pompiers au rez-de-chaussée. Je sursaute en voyant maman debout près de moi. Elle m’embrasse dans un sanglot fané.   Samedi 29 août 1998, veille de nouvelle Lune, une poignée d’heures avant ma rentrée au collège, papa est mort. Qu’aurait pu espérer un homme honnête, taciturne, dont le Brandy est devenu le meilleur ami ? Vient le temps des obsèques, puis celui du recueillement. Après l’incinération, papa semble bien proportionné au fond de sa petite boite, comme s’il recouvrait enfin la consistance éthérée de sa bouteille de whisky. Maman ouvre la boite. Le petit tas couleur de neige sale dégage une odeur transparente. Maman tend le bras en direction de l’à pic et disperse la poudre d’argent dans le vent. Papa constelle la mer d’une couche d’éternité. Le trajet jusqu’à la maison est beau et délassant. L’autoradio émet : « Non, je ne regrette rien »   Au début de l’automne, le deuil nous étreint violemment maman et moi. Il ne s’agit pas de faire table rase du passé mais de renaître à la vie qui affleure en surface.   Désormais, grand-père vit avec nous. Petit homme rabougri, Isaac a gardé des jambes d’agriculteur robuste qui tiennent bon malgré les années. La vue de mon père aux prises avec l’alcool lui a toujours été insupportable. Alors, il ne nous rendait pas visite. Depuis son mariage, maman y allait seule chaque année. Le départ précipité de papa a fait entrer ce petit homme bossu dans ma vie. Isaac emménage dans l’ancien bureau de papa, et nous sommes de parfaits inconnus l’un pour l’autre.   Il range ses affaires bien pliées dans la commode de sa nouvelle chambre. Ce meuble bas, au nom désuet, me plait doublement. L’avantage

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appel à textes 4ème selection

Appel à textes, quatrième sélection : régner sur l’ombre, Antony Crif

Encore une belle découverte aujourd’hui avec notre quatrième sélection pour l’appel à textes « expérimentation libre avec la nouvelle ». Voici Régner sur l’ombre, par Antony Crif. Mais d’abord je vous laisse découvrir les contraintes, afin que vous puissiez mieux apprécier le travail d’écriture : Les contraintes: Forme : nouvelle instant. Genre : policier Réécrire une nouvelle de Conan Doyle : Le Rituel des Musgrave Ecrire cette nouvelle avec un narrateur différent : la couronne. Faire partager aux lecteurs des émotions que l’on attribue à un objet. Bonne lecture ! Régner sur l’ombre Une lueur, dans l’obscurité. D’abord un simple rai qui filtre sous la porte du meuble, puis une bougie et, une seconde plus tard, le visage de mon visiteur. Même si une vitre nous sépare, j’ai l’impression de percevoir son haleine, chargée de liqueurs. Il tourne sa chaise vers ma cage de verre et s’y laisse lourdement tomber. Ensuite il m’observe. Sans un mot. Qu’il m’admire ou me déteste, j’aimerais simplement qu’il me sorte de cette vitrine ou qu’il vienne me scruter à la lumière du jour.   Je hais l’obscurité, la solitude, le confinement et dans ce domaine, je suis devenue experte. Au départ, j’ai cru que cela ne durerait vraiment que quelques mois. Lorsqu’il m’a confié aux Musgrave, Charles Ier a promis que ce serait très bref. Il aura pourtant fallu Brunton, un domestique, plus malin que les nobles qui m’avaient dissimulée dans une cave et oubliée, rompe des siècles d’ignorance. Le majordome fut le premier à déchiffrer le fameux rituel que chaque héritier ânonnait à sa majorité sans comprendre que c’était une carte pour me retrouver.   J’étais prête à tout pour quitter enfin le manoir d’Hur1stone et m’éloigner à jamais de cette prison souterraine. Des voix étouffées, deux personnes au moins s’affairaient à écarter les bûches qui bouchaient la voie de la liberté. Il y eut ensuite le souffle court de ceux qui soulevaient un objet lourd et le bruit du bois à nouveau. Le craquement des bûches que la dalle écrasait, puis le gémissement de celle qui servit de dalle pour maintenir l’ouverture. Ce que je perçus en premier de mon sauveur ce furent ses pantoufles. Il était en habit mais portait des pantoufles, et la lueur de la lanterne confirma que je voyagerais de nuit. Essoufflé par l’effort, Brunton était rouge d’excitation. Il répétait en écartant de moi le bois pourri : -La voilà ! Elle était là depuis tout ce temps ! J’eus juste le temps de le voir, de sentir ses doigts avides me saisir. Il me glissa dans un sac qu’il tendit vers le haut. Il me donnait à son complice. Le sac passé d’une main à l’autre, je découvris dans la semi-obscurité le visage d’une femme, très pâle. Rachel Howells. C’était 1’ex-fiancée de Brunton, je me demandai un instant pourquoi il avait fait appel à elle plutôt qu’à sa dernière conquête. Puis je compris. Rachel était la seule des huit femmes du manoir capable de l’aider à soulever la lourde dalle Mais pourquoi avait-elle accepté d’aider ce Don Juan qui l’avait abandonnée? Après un regard dédaigneux, elle me rejeta au fond du sac et nous lança tous deux sur un tas de bûches. Elle se tourna vers 1”homme qui levait vers elle la lanterne et voulait s’extraire par la mince ouverture. “C’est ton tour de pleurer et de souffrir “ J’entendis ensuite glisser la bûche, et un éclat de rire hystérique qui ne couvrit pas le fracas de la dalle se refermant.   Vivre une éternité ne rend pas insensible à la mort. Ce malheureux était le premier homme à me chercher depuis des siècles, le seul regard d’envie que j’avais croisé. Ses cris résonnèrent longtemps à mes oreilles. Je me répétais que s’il n’avait pas ouvert ma tombe, il serait encore vivant. Rachel ne l’avait pas tué à cause de moi, mais lui en avoir fourni l’occasion était déjà un poids pour mon âme. Aujourd’hui encore je l’entends gémir, supplier, et frissonne à l’idée que j’aurais pu rester au fond à ses côtés, assister à son agonie. L’instant suivant, la jeune fille empoigna le sac et grimpa en courant les escaliers, elle traversa le parc et retourna à sa chambre. Je compris qu`elle était folle lorsqu’elle nous jeta le sac et moi sous son lit. Après une nuit passée à sangloter, elle annonça à son employeur que Brunton était parti. Au milieu de la nuit suivante, habillée à la hâte, elle s’empara de nous, passa par la fenêtre et courut vers le lac. Le plaisir de la course : sentir le vent traverser le tissu, me débarrasser des dernières odeurs de moisi et de champignon. J’avais beau me dire que j’allais être la cause d’une deuxième mort, le mouvement et la vitesse m’enivraient. Mon plaisir fut à son apogée lorsque, profitant de son élan, la solide Rachel nous propulsa le sac et moi de toutes ses forces vers le lac. Elle s’en détourna elle-même à mon grand soulagement, et prit la direction de la ville. Une mort pesait déjà sur ma conscience. Que cette femme se débrouille seule avec sa folie.   J’étais dehors, à l’air libre. Le sac et moi avons flotté quelques instants sur l’eau. Je n’avais qu’une hâte, que le soleil se lève enfin. Sentir un rayon se poser sur moi, même à travers la toile, ou à travers le prisme de l’eau serait une véritable renaissance. Puis je fus secouée, des coups s’abattaient sur l’eau autour de nous. La drague ! Réginald Musgrave et ses gens, alertés par la garde-malade, draguaient le lac à la recherche d’un corps. Et nous fûmes le seul résultat de leur acharnement. Grâce à une lanterne j’aperçus fugitivement la tête ensommeillée de mon noble gardien, il prit à peine le temps de m’observer. Aucune curiosité, pas la moindre lueur de compréhension dans son regard. Même si cela faisait cinq ans que ce nigaud avait récité le rituel on pouvait espérer qu’il y penserait. Pas une seconde ! De retour au manoir, il nous fourra dans

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Appel à textes : troisième sélection, “Logorrhée !”, par Gilles Massardier

Appel à textes: nouvelle n°2, Le bon sens. Nouvelle découverte aujourd’hui avec notre troisième sélection dans l’appel à textes  « expérimentation libre avec la nouvelle ». Voici Logorrhée !, par Gilles Massardier. Mais avant de pouvoir découvrir le texte, voici les contraintes que s’est imposé l’auteur avant de laisser parler son imagination. Les contraintes: Genre : Fantastique. Forme : Expérimentale. Disparition progressive de mots, sans nuire à la compréhension du texte. Aucune répétition (sauf :je, tu, il, nous, vous, ils, elle, elles, et, ou ) sans tricher avec la disparition de mot. Une histoire sans explication sur les raisons de ce qui arrive, sans contexte. Une chute neutre. Bonne lecture ! Logorrhée ! 15 Septembre Ce que j’écris est un témoignage pour la postérité, pour moi. Je ne sais pas qui lira ce travail, ni même si quelqu’un le trouvera. Certains actes de l’Homme sont gratuits. C’est bien ce qui fait de nous des Êtres spécifiques. Rédiger ce journal est une gageure, les … commencent à manquer. Il risque d’être peu cohérent. Je viens de m’apercevoir qu’un …  est absent de la phrase précédente. Je suis déstabilisé, le concept est vivace dans mon esprit. Je sais ce que je veux dire. Je ne peux pas l’exprimer. Cela a commencé il y a deux jours. J’ai bien cru devenir fou. Une impression désagréable, ma mémoire flanche-t-elle ? Nombre de …  m’échappent, impossible de les prononcer. Je suis allé voir mon …, le ?  soignant ! Pour lui expliquer ma curieuse défaillance. Il ne tique pas. Le ?  Soi… souffre de ce trouble mémoriel. Nombreux sont les patients qui sont venus le questionner. Tous nous oublions les mêmes …, l’amnésie s’aggrave quotidiennement. Nous avons été informés qu’une épidémie se répandait dans le monde. Un …  qui se serait répandu contaminant la planète. Les plus grands linguistes, les docteurs en physique quantique, les meilleurs professeurs, médecins, biologistes, neurologues et autres chimistes se sont rassemblés. Les théologiens ont avancé des hypothèses. Les philosophes ont réfléchi sur le sens de l’épineuse question qui se pose. Ils ont tous conclu que le vocabulaire se délitait, que les … manquaient pour poser un diagnostic, qu’aucune langue n’est épargnée !   16 septembre Le désespoir menace l’… entière (la globalité des êtres vivants et pensants de notre Sphère). Les …  prennent vie. Ceux-là même que nous perdons, revêtent une apparence. Les premiers … ont commencés à se « matérialiser », ce sont des …  concrets. Facilement reconnaissable par la nature très proche physiquement de leur signifiant. Différents malgré tout, par un je ne sais quoi d’immatériel. Ils sont tout à la fois palpables et impalpables. Ils sont des ombres projetées sur un écran mouvant. Ils deviennent agressifs. Ils s’attaquent aux  … La victime se fond dans le … . La Chair est engloutie par la Parole. Un Logos dément, glouton et insatiable.   17 septembre La réaction gouvernementale, prompte, irrationnelle est pire que le … ! L’armée a été mobilisée ! Les …  sont de plus en plus violents. Aux …  on nous rassure, l’assaillant est fragile, volatil. N’importe quelle arme peut les faire passer de vie à … . L’horreur de la situation semble échapper à tous. La force brutale prend le dessus sur la verbalisation. Les coups remplacent les … . Le fait de détruire le … a pour seul résultat la disparition totale du concept/réalité que les … représentent.   18 septembre L’ …  militaire est un drame. Une multitude d’être vivants, d’idées, disparaissent purement et … . La chasse aux … après avoir été ouverte vient de se voir proscrite. Des …  rôdent aux alentours de ma … . Je dois me méfier. Je crois bien que pour les … l’écriture est un crime, un esclavage auquel ils seraient soumis, la perte de leur libre arbitre ! Je reprendrai mon ouvrage plus tard, l’hypothèse me terrifie.   21 septembre Deux ….  que je n’ai rien couché sur le papier. Je suis étonné par l’apparente cohérence de mon récit. Les …  ne s’effacent pas, bien qu’ils aient disparu depuis quelques …  déjà. C’est curieux, ce qui est noté n’est pas atteint. Comme si l’écriture les figeait dans la mort. Je suis triste. J’expliquais qu’au début, les …  qui se sont émancipés, déterminaient des choses concrètes. Leurs formes étaient semblables à ce qu’ils désignaient. Les …  abstraits eux se présentaient sous des formes particulières. Imaginez une équation qui prendrait … . Qui par son aspect vous ferait comprendre, une sorte de viol de la pensée, sa signification. Il y a de quoi perdre la raison. Ce qui nous aurait été utile pour l’appréhender nous échappe. Dans cette folle émancipation des … je perçois une certaine …  . Aucun verbe n’a pris, pour l’instant, sa liberté. Peut-être est-ce trop compliqué pour eux, chaque …  , les …  modes cherchant à prévaloir sur l’autre. Ça ne facilite pas l’évasion. Les articles, les pronoms personnels semblent eux aussi encore prisonniers de nos …  . Mais ces … scellées par l’absence des … , ne retiennent plus rien. La vérité s’enfuit de l’intérieur de nous. Le … qui désignait un silence volontaire sur une information détenue par deux ou plusieurs …, a pris sa … . Plus rien ne peut rester en nous.   22 … Je … c’est difficile de garder les …  je dois me reposer un peu.   23 … L’on a mal. Violence d’écrire. Peu de …  à  disposition. L’ … est advenue hier. On ne pense plus à …  Un … fondamentalement à nous, manque! Comment parler de on, de ce on unique, un «  On » qui désigne celui qui fait face à on dans une  … . L’on n’existe plus réellement. La parole… . Les … sont les maîtres. Ils se rassemblent en longues colonnes. Ils détiennent la … . On ne sait plus. On écrit pour être. On se bat. On est surpris par la vitesse de … . Avant, il y a peu de durée, on avait les … pour le dire. La peur ronge on. I1s grouillent autour de on. On, résiste,

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Appel à textes: deuxième selection, “le bon sens”, Christine Guyot

Appel à textes: nouvelle n°2, Le bon sens. Nouvelle découverte aujourd’hui avec notre deuxième sélection dans l’appel à textes  “expérimentation libre avec la nouvelle”. Voici Le bon sens, par Christine Guyot. Mais d’abord je vous laisse découvrir les contraintes, afin que vous puissiez mieux apprécier le travail d’écriture : Les contraintes: Partir de l’expression « avoir du bon sens » Insérer dans le texte une liste de 20 mots pris au hasard dans des grilles de mots fléchés : Kilimandjaro, mimosa, paresse, éclos, insolite, isolée, rapatriée, dodu, sirotée, fripée, ocre, duel, biscuit, assassin, pervers, veuve, casserole, investir, oiseau, février. A la manière de Guy de Maupassant Une nouvelle à chute Bonne lecture ! LE BON SENS                                                 C’était une de ces jolies veuves, à peine fripée par ses 40 ans, dodue, paresseuse, aimant à se faire servir par un personnel servile et irréprochable. Elle vivait à Paris, près de la Madeleine, à deux pas de la fameuse épicerie fine Hédiard où elle envoyait plusieurs fois par jour sa bonne lui acheter quelques douceurs. Biscuits, tartelettes, brioches, meringues, chocolats, nougats, étaient devenus, au fil des années, sa raison de vivre, son bonheur, sa consolation. Elle les avalait, dévorait, engloutissait, engouffrait sans même prendre le temps de les mâcher, tant son plaisir passait avant son bon sens. De bon sens, justement, elle n’en avait point hérité. Pourtant, ses parents en avaient à revendre. Elle était la fille unique et chérie de deux petits commerçants laborieux, spécialisés en articles de mercerie-bonneterie, attachés à leur boutique rue Neuve-Saint-Augustin comme un oiseau à son nid. Ces deux petites âmes diligentes et consciencieuses, levées aux aurores, trimant tout le jour parmi les aiguilles, les boutons, les agrafes, les fils, les rubans et autres passementeries, gagnèrent péniblement le petit pécule qui permit à leur fille adulée de se marier à un fabricant de casserole en cuivre, beau comme un Dieu grec et à l’avenir fort prometteur. Après leur mariage, le couple avait aménagé dans un petit appartement bourgeois du neuvième arrondissement. Au tout début, elle s’enflamma à la vue de ses nouveaux meubles, de sa vaisselle argentée, de ses plafonds hauts aux moulures Régence, de son tapis persan ; puis l’ennui vint, et avec lui la rancœur. Ses meubles lui parurent lourdauds, sa vaisselle n’était en fait qu’une pâle copie de l’argenterie qu’elle aurait désiré posséder et son tapis attirait les mites. Pourquoi n’avait-elle pas cette vie d’opulence que toutes les parisiennes autour d’elle menaient ? Pourquoi habitait-elle dans ce quartier minable alors que les grandes dames se prélassaient, elles, dans leur hôtel particulier, rue de Varenne ? Ruminant ses désillusions, dépité par sa vie de petite bourgeoise, son tempérament se gâtait. Elle devenait irascible, emportée, intraitable. Elle fondait en larmes à la moindre contrariété, passait des journées entières à lire des romans dans une chambre où la bonne n’osait plus ouvrir les lourdes tentures de velours ocres, entrait dans des colères noires menaçant la jeune paysanne qui lui servait de cuisinière de lui donner ses gages tant elle était incapable de lui servir nourriture à son goût. Son mari pensa qu’il fallait lui faire un enfant pour la rendre plus joyeuse, mais le sort voulu qu’un garçon naisse, et elle, ne jurait que par une fille. Que veux-tu que je fasse d’un garçon ? avait-elle reproché à son époux en refusant le poupon juste éclos que l’on voulut lui mettre dans les bras à la naissance. On confia donc l’enfant à une nourrice pour ne point irriter plus la jeune mère. Eperdu, ébranlé, consterné, son mari ne savait à quel saint se vouer pour rendre sa bonne humeur à sa femme. Il tenta l’idée d’un deuxième enfant mais elle lui ferma sa couche sous prétexte qu’elle avait des faiblesses au cœur et qu’il ne lui fallait donc plus aucune contrariété. Ainsi, pas un jour ne passait sans qu’elle ne demandât à la providence une vie de luxe et de magnificence pour laquelle elle en était persuadée, elle était née. Par chance, la providence tendit l’oreille et lorsque ses parents moururent prématurément, rongés par l’anémie et l’épuisement liés à leur condition, elle hérita d’une coquette somme d’argent. Somme, qui fut aussitôt investie par son mari dans l’achat d’une usine à Chatenay Malabry car il avait le grand projet de se lancer dans la fabrication de casseroles émaillées. Aussi insolite que cela puisse paraitre, son nouveau placement prospéra au-delà de ses espérances et il acquit rapidement la fortune qui manquait tant au bonheur de Madame. On déménagea donc dans le huitième arrondissement, un quartier plus en rapport avec la réussite de Monsieur et Madame ne sirota plus ses breuvages que dans des verres à pied en cristal de Bohême. Rapatriée enfin dans le quartier qui aurait dû être sien depuis son arrivée à Paris, elle mena la vie d’aristocrate dont elle avait toujours rêvé et, pendant quelques années, pas un jour ne se leva sans qu’elle ne savourât sa vertigineuse ascension. Elle exultait, jubilait et surtout dépensait sans compter. Sa garde-robe débordait de soies légères aux transparences de cristal, de robes garnies de dentelles de vieil Alençon, de corsages de satin décolletés très bas. Elle portait des gants de Suède et s’éventait à l’opéra avec des éventails chantilly à monture ivoire. Elle menait grand train, invitant sans compter, organisant des soirées costumées, courtisant ces dames auxquelles elle voulait tant ressembler. Elle se passionna pour les tableaux, voulut en posséder, supplia son mari de lui acheter un Cabanel, se para de bijoux, de soies, de dentelles, fit venir les plus grands traiteurs, embaucha deux cuisinières, une camériste, une chambrière, un maitre d’hôtel qu’elle paya double car il avait travaillé chez la marquise de Merfeuil, prit des cours de maintien, apprit à parler avec la bouche en cul de poule, sermonna son mari qui continuait à poser les coudes sur la table en marqueterie japonaise, exigea qu’il apprenne les règles du whist pour faire partie du club de ces messieurs à haut de forme. Mais, comme toujours, après quelques années de cette vie de délectation, l’ennui rattrapa son plaisir

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Appel à textes, la selection et une première nouvelle : le blues du bourreau

Enfin, les voilà ! Voici les résultats de notre appel à textes: “expérimentation libre avec la nouvelle” ! Des contraintes inspirées et inspirantes Malgré un peu de retard, nous avons fini notre sélection parmi les nouvelles que vous nous avez envoyées. Nous avons été heureux, surpris et admiratifs devant l’éventail des contraintes qui ont été proposées. Des objets qui parlent, des pastiches, des jeux de formes, des mots interdits ou encore des mots obligatoires (et pas forcément les plus faciles !), parfois aussi des objectifs plus personnels, de relecture ou de transformation de textes préexistants. Vous avez été inspirés et vous avez su partager votre inspiration. Donc, merci à tous ! Les textes sélectionnés Comme vous pouvez l’imaginez, le choix a été difficile, d’autant que nous voulions tenir compte autant de la qualité des textes que de la diversité et l’inventivité des contraintes. En fin de compte, il n’en reste plus que cinq, dont voici les titres : Le blues du bourreau, par Catherine Bolle. Le bon sens, par Christine Guyot. Logorrhées ! par Gilles Massardier. Régner sur l’ombre,  par Antony Crif. Un ours à reculons,  par Elise Vandel-Deschaseaux. Ce n’est pas un concours, aussi n’y-a-t-il pas de classement. Nous vous proposons tout simplement de les découvrir par ordre alphabétique de titres, accompagnés de leurs contraintes. N’hésitez pas à donner votre avis en commentaire. Nous savons tous comme quelques observations bien menées peuvent nous aider à nous améliorer ! Je vous laisse donc découvrir le premier texte retenu : Le blues du bourreau par Catherine Bolle. Contraintes : Écrire une nouvelle historique à chute Écrire à la première personne et au présent Intégrer à la nouvelle le personnage historique d’Olympes de Gouges Écrire la nouvelle dans un temps limité : en quatre heures maximum Le blues du bourreau   Paris, au matin du 3 novembre 1793   La porte se referme dans mon dos et le cliquetis de la serrure me fait frémir. Il me faut quelques secondes pour m’habituer à 1’obscurité de ce lieu infecte. La paille imprégnée d’urine jonche le sol de la cellule ou s’entasse une quinzaine de prisonniers. Sans croiser leurs regards, je m’appuie contre les pierres poussiéreuses d`un mur en songeant qu’aujourd’hui, ce n’est pas moi qui enlèverai la vie à ces malchanceux. Les heures défilent au ralenti. J’ai les os glacés sous ma redingote humide, la chaleur d’un feu m’obsède autant que la soif. Le poulet aux herbes dégusté avant-hier soir dans ce relais isolé me laisse encore sur la langue le goût de 1’aventure… et de l`échec. Pourquoi me suis-je confié à l’aubergiste ? Quel imbécile, te voilà dans de beaux draps ! Au centre de la cellule, des femmes sont serrées les unes contre les autres. Silencieuses, les bras croisés sur la poitrine, elles semblent résignées. L’une d’elles s’attarde sur moi depuis un moment. Le menton en avant et les pommettes saillantes, elle possède l’allure droite d’une meneuse, mais la cocarde tricolore accrochée à sa coiffe ne changera rien au sort qui 1”attend. D’ici ce soir, son corps aura rejoint le charnier de Picpus. Le mien aussi… Je baisse les yeux et soupire. -Je te reconnais, résonne à mes oreilles une voix grave et posée. La femme s’est approchée. Les mains sur son châle, elle se poste en face de moi et poursuit avec la même assurance : -Tu es Charles-Henri Sanson, le bourreau. Á ces mots, les misérables à côtés de nous se taisent. Un vieillard recule en se signant et un gamin d’une vingtaine d’années écrase un juron. Les insultes des Parisiens remontent d’un coup dans ma mémoire et me tordent les tripes. Finis, les applaudissements. Terminés, les cris d’horreur teintés d’excitation à l’instant où la hache s’abat sur le cou du condamné. Depuis l’invention de la guillotine, on m’accuse de priver la foule du spectacle auquel elle a droit. Oui, la bascule à Charlot comme ils la surnomment, tue vite. Mais savent-ils la hantise du coup mal porte qui fait trembler votre poignet au moment fatal ? Les hurlements de Lally-Tollendal m’ont torturé durant des mois… Je me redresse et soutiens chaque regard. -Oui, c’est moi, dis-je d’une voix sombre. Le bourreau remplacé par une machine dont vous apprécierez la rapidité dans les heures à venir. Les têtes se baissent et se détournent. Toutes sauf celle de la femme toujours campée devant moi. -Les journaux ne parlent que de toi depuis une semaine, citoyen Sanson. J’ai pu m’en procurer tous les jours avant qu’on ne me transfert ici hier matin, ajoute-t-elle d’un ton las. Je comprends ta décision, la peine de mort me répugne également. Un ricanement meurt au fond de ma gorge. Ce n’est pas tant ma charge d’exécuteur que j’ai voulu fuir que le mépris du public. Mais inutile de se lancer dans de longs débats avec une inconnue, autant changer de sujet. Je m’appuie de nouveau contre le mur et réchauffe mes doigts en soufflant dessus. -Tu lis donc les journaux, citoyenne ? -Bien sûr ! J’écris des articles, aussi. Plus précisément, des pamphlets. Je relève la tête. -Serais-tu la femme qui a osé défier Robespierre ? – Exactement, ce dictateur ne mérite pas le poste qui lui a été confié. Olympe de Gouges, ajoute-t-elle rapidement comme pour combler mes lacunes. La première pensée qui me vient face à cette femme hors du commun me remplit aussitôt de honte. Pourtant, j’en ai vu défiler sur l’échafaud, des femmes au regard fier jusqu’au bout. Mais quel soulagement de ne pas avoir à exécuter celle-ci ! Le grincement de la porte met fin à mon trouble. Olympe de Gouges est invitée à suivre les geôliers. Elle m’adresse un signe du menton avant de leur emboîter le pas. Aucun doute ne pèse sur la sentence qui sera prononcée… Lorsque mon tour arrive, j’ai déjà renoncé à la vie. Affronter Fouquier-Tinville avec dignité et soigner ma révérence n’est certes pas un programme de rêve, mais ai-je le choix ? L’image de la lame que j’ai affutée la semaine dernière flotte dans mon esprit alors que je m’avance devant le tribunal

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Appel à texte contraintes

Appel à textes : Expérimentation libre avec la nouvelle.

Le premier appel à textes de L’Echangeoir d’écriture ! Thème : libre Format : nouvelle Taille : 8000 signes maximum L’appel à textes en résumé :  Ecrire une nouvelle, de la micro fiction à la nouvelle de quelques pages, avec au maximum 8000 caractères, espaces compris. Le thème est libre mais chaque écrivain devra s’imposer un minimum de 3 contraintes d’écriture (à définir soi-même et présenter avec la nouvelle).   Consignes d’écriture : L’objectif de cet appel à textes est de vous permettre d’expérimenter selon vos propres besoins et désirs d’écriture. Les consignes suivantes vous permettront donc d’approfondir l’expérimentation à travers la nouvelle. I- Suivre les règles de la nouvelle : un texte court et concis, centré autour d’une seule intrigue, ou chaque mot est pesé et aucun n’est en trop. II- Se donner ses propres contraintes : choisissez une forme et un genre (retrouver les différentes possibilités ICI) définissez vos défis d’expérimentation, par exemple, créer une chute, choisir un narrateur ou un point de vue particulier, tester un style ou également pasticher un auteur, s’interdire ou s’obliger à l’utilisation de tel élément… (vous manquez d’idées ? Vous en trouverez ICI) A partir de là, proposez votre texte ! Voici un exemple de contraintes (mon défi personnel) Ecrire une nouvelle réaliste et policière à chute. Ecrire à la première personne et au présent mais avec des phrases longues. Mélanger actions et souvenirs Utiliser le Boléro de Ravel comme une trame de fond pour rythmer l’intrigue. Enfin s’approcher du style d’Antonio Muñoz Molina dans ses premiers romans. Consignes d’envoi : Envoyez votre texte en pdf, times new roman 12, justifié, interligne 1,5 + titre en gras, centré 14. Vous accompagnerez votre texte d’un document word ou odt comportant les informations suivantes : -Titre de la nouvelle – Nom, prénom, adresse mail, numéro de téléphone de l’auteur – Vos contraintes : genre et forme de la nouvelle, et au moins 3 défis d’expérimentation. Délais : Vous avez jusqu’au 17 avril minuit pour nous envoyer vos textes à l’adresse suivante : lechangeoirdecriture@gmail.com Les meilleurs textes seront publiés sur le site dans le courant du mois de mai accompagnés d’une courte présentation et de l’énoncé des différentes contraintes. Tout texte envoyé est réputé libre de droit. L’Echangeoir d’écriture se réserve le droit de ne pas donner suite si la qualité des textes reçus est insuffisante. © Pixabay, CC0

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