L'Echangeoir d'Ecriture

critique

L'excellence en littérature avec Eduardo Mendoza

Lutter pour l’excellence en littérature : des pistes pour un travail personnel

La question de l’excellence en littérature Il arrive parfois que l’on tombe sur une phrase qui nous happe et nous oblige à repenser votre manière d’être, ou d’écrire. Voilà quelques semaines, j’ai découvert cette remarque de l’écrivain espagnol Eduardo Mendoza : Il faut lutter pour l’excellence en littérature, que chaque phrase, même la plus insignifiante du livre, soit polie et retravaillée. (“Hay que luchar por la excelencia en la literatura, que cada frase, aunque sea la más tonta del libro, esté pulida y revisada”.Eduardo Mendoza, entretien pour El Pais).

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La foi d'un écrivain

La foi d’un écrivain, Ecrire et penser l’écriture avec Joyce Carol Oates.

Avec La foi d’un écrivain, Joyce Carol Oates nous offre sa vision de l’art d’écrire. Un livre agréable à lire, parfois léger, parfois profond, traversé d’une intense réflexion sur ce qui fonde le métier d’écrivain. Qu’est-ce que La foi d’un écrivain ? Pourquoi écrit-on ? Comment ? Comment devient-on écrivain ? Qu’est-ce qui fait que l’on y croit malgré tout, qu’est-ce qui fait tenir « la foi d’un écrivain » ? Ces questions, Joyce Carol Oates y est souvent confrontée. Ce sont celles qu’elle se pose, celles que ses lecteurs lui posent. Elle reconnaît d’ailleurs qu’elle n’a pas -malgré toute son expérience- de réponses sûres à y apporter. Mais elle y a longuement réfléchi, pour elle-même, pour des articles ou des conférences. La foi d’un écrivain est donc l’expression de ses convictions sur le métier d’écrivain. Car pour J.C Oates, l’écriture n’est pas une simple passion. L’écriture est un art, un artisanat, un métier qui doit s’apprendre. C’est une évolution au cours de laquelle l’auteur se construit petit à petit et pas seulement par l’accumulation de signes et de phrases. Le livre de J.C Oates est de ceux qui savent accompagner cette construction de l’écrivain. Ce que vous trouverez dans le livre de Joyce Carol Oates La foi d’un écrivain est un assemblage de réflexions sur plusieurs années. Selon les chapitres vous trouverez donc des témoignages sur l’évolution personnelle de J.C Oates, des affirmations sur sa perception de l’écriture, des tentatives de théoriser certaines étapes de l’écriture, ou encore des conseils, mis pêle-mêle et parfois contradictoires. L’introduction invite ainsi à penser le métier d’écrivain. Le chapitre « conseil à un jeune écrivain » est à la fois une ode au travail et à la confiance mais avant tout une invitation à la lecture. « Courir et écrire », « Note sur l’échec » sont presque des explications pratiques. Enfin « Inspiration », « Lire en écrivain » s’intéressent au processus de création… Par ailleurs, il est important de souligner que J.C Oates ne se fonde pas uniquement sur son expérience. Elle utilise aussi les témoignages des auteurs qu’elle admire et dont elle propose de longs extraits et analyses. Un livre, donc, qui ne se résume pas mais qui se lit et se relit, se médite aussi. Un livre qui donne de l’énergie et du recul, qui invite à se lancer dans l’aventure de l’écriture et nous la révèle toujours plus enivrante qu’on n’aurait oser l’imaginer. Ce que vous n’y trouverez pas dans La foi d’un écrivain Ce n’est pas un manuel pratique comme pourrait l’être L’anatomie du scénario ou certains pseudo-guides d’écriture. Vous n’y trouverez pas de réponses toutes faites ou de méthodes à mettre en place. A l’image des compilations de Stevenson, Austen ou Kundera, c’est un livre d’auteur en construction. J. C Oates le redit souvent : on ne devient écrivain que sur la durée. Son livre est aussi le témoignage d’une évolution. Il vous faudra donc tirer vos propres conclusions, réfléchir pour vous en nourrir. Surtout il faudra prendre le temps nécessaire à la maturation de votre pensée.. Quelques passages marquants : Il y aurait tellement de passages à retenir, méditer, travailler… En voici cependant quelques uns, pour vous donner envie de lire le reste. L’art d’écrire : un artisanat Il est indispensable de considérer cet art comme un métier. Sans métier, l’art reste du domaine de l’intime. Sans art, le métier n’est que procédé. Il faut encourager les écrivains jeunes ou débutants à lire beaucoup, continuellement, aussi bien des classiques que des contemporaines, car si l’on ne s’immerge pas dans l’histoire de cet art, on est condamné à demeurer un amateur : quelqu’un pour qui l’enthousiasme créatif constitue quatre-vingt-dix-neuf pour cent de l’effort créatif. (…)Plongez-vous dans un écrivain que vous aimez et lisez tout ce qu’il ou elle a écrit, y compris ses premiers ouvrages. Surtout ces premiers ouvrages. Avant que le grand écrivain ne devienne grand, ou même bon, il. elle a tâtonné à la recherche d’une manière, d’une voix, peut-être exactement comme vous. Ayez confiance : la première phrase ne peut être écrite avant que la dernière l’ait été. Ce n’est qu’alors que vous saurez où vous alliez et où vous étiez. Pour cette raison, je pense que toute forme d’art est un genre d’exploration et de transgression (…) Ecrire c’est envahir l’espace d’autrui, ne serait-ce que pour perpétuer sa mémoire ; écrire, c’est s’exposer à la critique irritée de ceux qui n’écrivent pas, ou qui n’écrivent pas exactement comme vous, qui verront peut-être en vous une menace. Les histoires nous viennent sous forme d’apparitions, qu’il est nécessaire d’incarner avec précision. Problemes d’écriture Ma méthode consiste à réviser continuellement ; lorsque j’écris un long roman, je reviens chaque jours sur des parties précédentes, que je réécris afin de garder une voix cohérente, fluide ; lorsque je rédige les deux ou trois derniers chapitres d’un roman, je le fais en même temps que j’en réécris le début, afin que idéalement du moins, le roman ressemble à une rivière au cours uniforme, dont chaque passage est en harmonie avec tous les autres. Nous savons tous ce que c’est qu’avoir eu l’inspiration, mais nous ne pouvons être sûrs d’en avoir à nouveau. La plupart des écrivains s’appliquent avec ténacité à leur travail, dans l’espoir que l’inspiration reviendra. En général, la fiction de qualité doit sa profondeur à un récit absorbant, à des personnages méritants et au fait qu’elle est en même temps une sorte de commentaire d’elle-même. (…) Mais la fiction ne peut être détachée du commentaire, sinon au risque de la réduire à un simple enchaînement d’événement dépourvus d’âme. Je dois raconter est la première pensée de l’écrivain ; la seconde est : Comment raconter ? A travers nos lectures, nous découvrons la diversité des solutions à ces questions, la marque personnelle que leur imprime chaque individu. Car c’est à la jonction de la vision personnelle et du désir de créer une vision collective, publique, qu’art et métier se confondent. Et pour vous, quels sont les conseils qui vous ont le plus marqués ? Quels auteurs vous portent et vous donnent envie de continuer à écrire ? [wysija_form id=”1″]

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lire pour devenir un écrivain

3 qualités pour devenir un écrivain : 3/3, savoir s’entourer.

Nous voici arrivés à la troisième caractéristique pour tout auteur en devenir : l’entourage, élément clé pour devenir un écrivain. Savoir s’entourer, un indispensable pour devenir un écrivain : Savoir s’entourer, c’est trouver ces personnes, modèles, ressources, lecteurs et interlocuteurs privilégiés qui vous aideront à baliser votre chemin. Avoir des modèles, se construire pour devenir un écrivain : Combien d’auteurs l’ont dit : pour devenir un écrivain, commencez par lire ! La lecture est à la base de l’écriture, c’est elle qui permet de sortir du simple bavardage mis par écrit. Les livres bien pensés renouvellent notre vision du monde, les livres bien écrits nous font découvrir d’autres façons d’utiliser les mots, les livres mal finis nous signalent les écueils à éviter. Pour chaque auteur, les livres des autres sont les aunes auxquels mesurer nos échecs et nos réussites. Lisez les classiques car vous serez sûr d’y trouver la qualité, même si vous ne pouvez pas tous les appréciez. Lisez-les pour ce qu’ils ont apporté, montré, pour ce qu’ils ont su créer d’intemporel. Relisez ceux que vous aimez pour le plaisir, pour comprendre ce qui vous a fait les aimer. Lisez les contemporains pour sentir comment évolue le regard sur le monde, pour trouver ce que vous-même avez à apporter et que vous êtes le seul à posséder. Lisez-les pour profiter et grandir avec eux. Lisez-les pour découvrir ce qui vous y unit et ce qui vous en différencie. Lisez. Ayez des modèles. Analysez-les et essayez de vous mesurer à eux. C’est à ce prix seulement que vous pourrez peu à peu dégager votre propre personnalité d’écriture, vous différencier et vous affirmer. Avoir des interlocuteurs : Mais même en lisant, on reste toujours dans son coin. Or, avoir un regard critique sur soi-même est très difficile. Pour devenir un écrivain, il est donc indispensable d’avoir des interlocuteurs avec qui contraster nos idées pour mieux les comprendre et les approfondir. Il faut savoir écouter ce que les autres ont à dire. Il faut aussi être capable d’échanger sur nos pratiques d’écriture. Être capable d’ÉCHANGER : L’échange est à la base de l’écriture. D’une certaine façon, on écrit pour toucher l’autre, pour échanger avec lui. Pour devenir un écrivain et progresser dans son écriture, il faut être capable d’affirmer et d’expliquer ce que l’on fait. De la même façon, on doit savoir accueillir les idées différentes, pour se les approprier ou y réagir. Enfin, il importe de sortir de soi pour découvrir la nouveauté toujours recommencée du monde. C’est par le dialogue que l’on devient capable d’exprimer clairement les doutes, les raisons, les justifications, les désirs et les objectifs. Certes, le travail à plusieurs n’est sans doute pas l’image classique de l’écriture. Pourtant, si on y pense bien, combien d’écrivains se sont rejoints en « écoles », en « salons », ou en« académie » ? Combien se sont écrits, jugés ? Combien se sont critiqués entre pairs ? Sortir de sa zone de confort par l’échange : Une bonne histoire est une histoire qui nous bouscule, nous bouleverse. Pour parvenir à ce résultat, il faut que l’auteur ait accepté de sortir de sa zone de confort et pour cela quoi de mieux qu’un interlocuteur différent de lui ? Les ateliers, les plateformes, les lieux d’échanges fourmillent en ce moment. Ils facilitent les rencontres pour ceux qui veulent devenir un écrivain. Cherchez et vous trouverez forcément ce qui vous convient. (Vous pouvez aussi aller voir du côté de nos ateliers, ou des compagnons d’écriture, bien sûr !). L’entourage personnel de celui qui veut devenir un écrivain : S’il vient ici en dernier, l’entourage personnel est pourtant une composante importante de toute vie d’artistes. De Flaubert écrivant ses difficultés à Louise Collet à Hitchcock reconnaissant l’importance créative de son épouse Alma Reville en passant par Rodin et Camille Claudel, ils sont nombreux à avoir bénéficié d’un soutien actif de leur entourage, parents ou épouses, dans la plupart des cas. Il ne s’agit pourtant pas d’avoir autour de soi une famille ou des amis prêts à se prosterner au moindre petit écrit ou, pire encore, à écrire à votre place. Ce qui est nécessaire plutôt, ce sont des personnes qui vous reconnaissent le droit de passer du temps à écrire, qui vous y encouragent quand vous n’avez plus d’envie, qui vous remettent les pieds sur terre quand vos idées vous font perdre le sens des réalités. Des modèles, des lecteurs plus ou moins qualifiés, vous pourrez en trouver en cherchant même loin de chez vous. Un entourage qui sait accueillir et valoriser vos projets créatifs, c’est déjà un merveilleux point de départ. Et pour retrouver les autres articles de la série, c’est ICI [wysija_form id=”1″]

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connaître son écriutre

Connaître son écriture, 3 qualités pour devenir écrivain 2/3

Se connaître et connaître son écriture… Vaste programme qui semble nous mener loin de la littérature pour ce deuxième article de notre série “trois qualités pour devenir écrivain”. C’est pourtant un élément indispensable pour travailler de façon productive et avancer vers la réalisation de nos envies d’écriture. Nous poursuivons donc notre exploration des rapports entre musiciens et écrivains d’après l’article de Cyriaque.

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Penser l'écriture changer le roman

Ecrire et penser l’écriture avec Sophie Divry : “Rouvrir le roman”.

Penser l’écriture : Avec son expérience d’écrivain et de critique, Sophie Divry met à notre disposition ses connaissances littéraires mais aussi ses propres « chantiers » d’écriture. Elle nous montre comment penser l’écriture, la renouveler, l’adapter aux exigences du moment présent et de l’histoire envisagée.   L’essai de Divry est d’accès facile, avec des exemples clairs et percutants. Un texte qui n’oublie ni l’humour ni les revendications et qui ouvre des pistes pour faire vivre la littérature contemporaine. Ce que vous y trouverez : La première partie du texte passe en revue les grands débats qui agitent la littérature contemporaine. On y trouvera ainsi : La question de l’autonomie de l’auteur par rapport à la société. Des interrogations autour de l’engagement éthique dans la littérature. Des points sur des problèmes de style, tel que la place symbolique du présent et du passé simple, des narrations chorales ou focalisations internes…. Et même les débats économiques qui agitent le monde du livre et l’influence qu’ils peuvent avoir sur les auteurs. Toute cette première partie invite donc le lecteur à pour se poser des questions sur ce qu’est le roman contemporain, ce qui le fait, ce que serait innover en littérature. Dans la deuxième partie, l’auteur expose avec générosité ces propres pistes de recherches. Nous découvrons ainsi cinq thématiques qui, selon elle, devraient être les grands chantiers de la littérature contemporaine : La typographie. La place du comique. L’usage des métaphores. L’écriture des dialogues. Les choix de voix narratives. Personnellement, tous ne me semblent pas d’égale importance. Mais chacun peut y trouver des pistes de réflexions intéressantes. Ce qui m’a particulièrement marquée : J’ai toujours été intéressée par les questions théoriques. Cependant,  j’avais l’impression que c’était un travail autre, un travail me faisait perdre en spontanéité d’écriture. A force de penser aux effets générés par ce que j’écrivais, je finissais par craindre de ne créer que des mécaniques sans âmes. Le livre de Sophie Divry m’a permis de ne plus voir la théorie comme une armature rigide et de la considérer comme une énergie supplémentaire, une forme de liberté. De plus, comme le livre regorge d’anecdotes, de témoignages d’auteur, d’extraits de roman, il reste agréable à découvrir pour tous. (On peut aussi noter que le style de Divry n’a rien de pédant et est dépourvu de vocabulaire indéchiffrable aux non-initiés, ce qui n’est pas toujours le cas dans les approches critiques). Enfin, dernière chose qui m’a particulièrement plu dans cet essai : Sophie Divry ne s’arrête pas aux questionnements. Pour elle, penser l’écriture c’est aussi proposer des pistes d’actions, des idées que chacun peut reprendre à son compte, réutiliser, personnaliser. Quelques citations qui ouvrent des pistes d’écriture : Pour avancer, il faut comprendre les problèmes qui nous agitent et parfois nous enferment. Prendre conscience de son art de manière un peu plus intellectuelle ne s’oppose pas à la voix intérieure de l’écrivain. La théorie ne vient pas mettre de sens interdits. Elle lui permet d’éclairer le chemin[1].   La question qui se pose est : comment hériter avec intelligence des recherches du passé sans qu’elles vous dictent vos formes ni se transforment en nouveau conservatisme ? Comment transmettre sans figer ? Sans doute au prix d’une réflexion continuelle sur ce que les pistes d’hier rouvrent dans nos propres problématiques[2].   Cette recherche de nouvelles formes remplit deux fonctions très importantes. Premièrement, elle apporte des plaisirs nouveaux aux lecteurs et, partant, rend nécessaire, le roman comme forme d’art. Deuxièmement, elle permet au roman de dire quelque chose de notre époque qui ne peut être dit que par le roman et par cette époque[3].   Trop souvent considéré comme un supplément d’âme ou un  enfantillage, le comique est un ferment intellectuel majeur dans la création artistique. Il permet non seulement de réjouir le lecteur, ce qui n’a rien de honteux, mais aussi de servir de détonateur pour exploser les cadres établis et inventer des scènes et des personnages qu’on n’aurait pas osé imaginer autrement[4].   L’important est de se demander comment écrire ce monde, décrire le temps présent à travers le filtre irremplaçable et précieux de sa propre sensibilité[5]. Bonne découverte et n’hésitez pas à nous dire ce que vous en avez penser si vous le lisez !  Penser l’écriture avec Sophie Divry, les références : Sophie Divry, Rouvir le roman, Edition Noir sur Blanc, coll. Notabilia, 201p. Penser l’écriture, pour en savoir plus : une interview de Sophie Divry sur France culture. [wysija_form id=”1″] [1]Sophie Divry, Rouvrir le roman, p.23 [2]Op.cit,p. 128. [3]Op. cit, p. 23. [4]Op.cit, p. 160. [5]Op. cit, p. 201.  

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Jane Austen, lettres

Ecrire avec Jane Austen : Du fond de mon cœur, lettres à ses nièces.

  Vous n’avez jamais rêvé de recevoir les conseils de votre auteur préféré ? Avec Jane Austen, c’est presque possible. Je m’explique. Jane Austen avait plusieurs nièces qui écrivaient et lui envoyaient leurs textes. Bien que de nombreuses lettres aient été détruites, certaines ont été préservées et récemment traduites. Grace à elles, voici les grandes lignes de l’art d’écrire selon Jane Austen. Un credo de Jane Austen : la liberté de l’auteur Jane Austen le répète, c’est l’auteur qui a le dernier mot, et toutes ses critiques sont faites de façon à ne pas blesser. Elle argumente et justifie ses remarques, plaide pour l’humour et le plaisir d’écriture. Enfin, elle refuse de se plier aux modes et surtout elle encourage «  Je t’en prie, continue ! ». Un exemple à suivre pour bien des animateurs et bêta-lecteurs ! Approfondissement et  refus des clichés. Que ce soit au niveau de la construction de l’histoire, des personnages ou du style, Jane Austen rappelle l’importance d’aller au bout des choses, sans accepter la paresse du déjà-vu. Elle encourage toujours à refuser les expressions toutes faites, les personnages conventionnels et n’hésite pas à se moquer des livres qui y ont recours. Je crains qu’Henry Mellish ne soit trop proche du classique Héros de Romans : un jeune homme séduisant, aimable et irréprochable (comme il en existe si peu dans la vraie vie). [p. 34.] De la même façon, elle applaudit les efforts pour donner de la profondeur, refuse le manichéisme. Pour Jane Austen, un personnage un peu ambigu est  « bien plus intéressant ainsi que s’il avait été totalement bon ou affreusement mauvais ». J’imagine que vous êtes d’accord sur le principe, mais il est bon de le rappeler. Nous savons tous qu’il peut être difficile de doter ces personnages que nous chérissons tellement de failles ou de (vrais) défauts. De la  logique et  de la vraisemblance, les piliers d’écriture de Jane Austen. Pour Jane Austen, il faut être crédible aux yeux du lecteur. Inutile, dit-elle à l’une de ses nièces, d’accompagner tes personnages en Irlande, puisque tu n’y as jamais été. Qu’ils fassent leur voyage, mais pas de descriptions que des lecteurs pourraient juger fausses. De la même façon, les personnages doivent agir en fonction d’une seule et même personnalité, tout au long du roman. « Souviens-toi, elle est très prudente ; te ne peux la laisser agir de façon inconséquente ». Enfin, elle rappelle la nécessité de la vraisemblance. A ce niveau, elle fait une remarque que tout écrivain devrait garder en tête : ce n’est pas parce que quelque chose est vraiment arrivé, que ce sera acceptable dans un roman. J’ai supprimé le passage où Sir Thomas conduit en personne les autres hommes à l’étable le jour même où il s’est cassé le bras. Car, bien que ton Papa ait pu sortir se promener tout de suite après avoir soigné sa fracture du bras, c’est tellement inhabituel que cela ne me paraît pas naturel dans un livre.[ p. 23]   Oublier son égo d’auteur et supprimer tout ce qui ne sert à rien. Tout auteur s’est trouvé un jour devant ce dilemme : un passage que l’on aime mais qui ne sert à rien. Jane Austen nous rappelle toute l’importance de savoir supprimer, tout en reconnaissant que cela peut nécessiter un peu de temps. J’espère qu’une fois que tu auras bien avancé, tu te sentiras capable de supprimer certaines des scènes précédentes. Celle avec Mrs Mellish doit être éliminée : elle est insipide et n’apporte rien à l’intrigue. [ p. 32] De la même façon, elle invite à être concise et à ne pas confondre plaisir d’écriture et plaisir pour la lecture : Tu dépeins un lieu fort agréable ; cependant tes descriptions sont souvent trop minutieuses pour rester attrayantes. Tu te disperses et donne trop de détails de-ci de-là. [ p. 29] Et oui, encore un auteur qui nous dit qu’écrire c’est aussi effacer… Pour le plaisir, une dernière citation : Pour terminer en beauté, voici l’un de mes passages préférés où l’on retrouve le ton caustique et la liberté d’idées de Jane Austen.  Elle écrit à sa nièce Anna à propos d’un de ces personnages: Je préférerais que tu ne le fasses pas plonger dans un « Tourbillon de Débauche ». Je n’ai aucune objection pour la chose en elle-même mais je ne puis souffrir cette expression ; c’est une image littéraire tellement rebattue et si ancienne que j’ose affirmer qu’Adam la rencontra lorsqu’il ouvrit le premier roman ». [p. 36] N’hésitez pas à vous découvrir le livre, s’il ne parle pas entièrement d’écriture (seule la première partie en traite vraiment), il vous permettra de voir la distance entre l’auteur et ses personnages. Et ça, c’est aussi un élément à rechercher pour tout écrivain qui souhaite toucher ses lecteurs. Bonne lecture /écriture et à bientôt. Jane Austen, Du fond de mon cœur, lettres à ses nièces, Ed. Finitude, le livre de Poche, 2015, 185 p.

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Recevoir une critique: ma réutiliser

Recevoir une critique ou une bêta-lecture et être capable de l’utiliser

Après vous avoir proposé deux articles pour vous aider à réaliser des critiques constructives, (conseils de méthode et de questions types), je vous propose vous mettre à la place de l’auteur. Voici quelques conseils (non exhaustifs)  qui vous aideront à utiliser les retours sur vos textes. Avant de recevoir une critique. Placez-vous dans une position d’apprentissage Si vous avez demandé une critique de votre texte, c’est que vous le considérez suffisamment bon pour être lu et suffisamment mauvais pour être retravaillé. Dites-vous que ce que vous allez entendre va vous permettre de progresser. Vous devez être dans la position de l’apprenti pas dans celle de l’acteur qui va être applaudi ou hué par la foule. Reprenez consciemment son texte. Si cela fait quelques temps que vous n’avez pas toucher à votre texte, vous risquez d’en avoir une fausse image. Il importe donc d’en faire une relecture raisonnée. Notez ce que vous aimez, ce que vous aimez moins. Cela vous permettra de contraster votre perception avec celle de votre critique. Réfléchissez à ce que vous vouliez dire et regardez le résultat dans le texte. Posez-vous des questions sur les moyens que vous avez employés pour obtenir votre résultat. Regardez votre texte comme un gros mécano dont vous devez être capable de commenter les rouages. Pendant la réception de la critique Recevoir une critique = écouter et noter. Il est difficile de réagir correctement à tout ce qui vous est dit. Par contre, il est important de pouvoir y revenir, surtout s’il y a des choses qui vous gênent ou vous blessent. Cela peut indiquer une fragilité dans votre texte, que vous percevez sans vous l’avouez. Dans ce cas, rien de mieux qu’un temps de réflexion et la possibilité de revenir sur la critique. Posez des questions, entamer un dialogue, faites préciser Vous avez peut-être la chance d’avoir un  excellent critique capable d’identifier les problèmes et de vous les exposer avec clarté… Avouons-le, c’est rarement le cas ! Et même le meilleur ne saurait deviner exactement ce que vous avez besoin d’entendre. Alors, ne vous sentez pas attaqué par les réactions. Au contraire, profitez-en pour demander des précisions, essayer de savoir exactement quels passages du texte sont concernés par les remarques. Expliquez votre point de vue  de façon argumentée et demandez à votre lecteur ce qu’il en pense. Faites de même avec les questions que vous avez préparées à l’avance. Cela vous aidera à digérer les remarques désagréables et surtout à revoir les passages signalés, avec un œil neuf. Ecouter efficacement une critique c’est lancer une conversation, avec le critique, avec soi-même, avec son texte.   Après la réception de la critique Prenez plusieurs avis, mais restez l’auteur unique. Un avis argumenté est toujours à considérer avec attention. Cependant, cela reste un avis personnel. Si vous avez des doutes, demandez à plusieurs relecteurs. S’ils ont des avis dissemblables, faites une synthèse avant de prendre une décision. Si les avis sont semblables, même s’ils divergent du vôtre, ravalez votre orgueil et cherchez comment faire des modifications tout en restant fidèle à vous-même. Prenez le temps de revenir à la critique durant la réécriture. S’il le faut, laissez passer un peu de temps entre la réception de la critique et la réécriture. Certaines modifications vous viendront rapidement, d’autres plus difficilement. N’hésitez pas à en discuter avec votre relecteur, ou avec vous-même. Vous verrez comme argumenter, même en solitaire, peut débloquer bien des situations ! Recevoir une critique, une règle d’or en conclusion:  Quoi qu’il en soit une seule vraie règle : dialoguer. Ecouter efficacement une critique ou une bêta-lecture, c’est lancer une conversation, avec le critique, avec soi-même, avec son texte.  

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pour guider les écrivains sur le net

Bons plans pour écrivains sur le net (1/2 pour l’écriture)

C’est déjà une lapalissade que de dire que le net fourmille de bons plans mais qu’il est difficile de s’y repérer. Néanmoins, avec un peu d’obstination, on finit par s’y retrouver et j’ai pu accumuler de bonnes références pour les écrivains. Je ne prétends pas être exhaustive, aussi n’hésitez pas à compléter en ajoutant vos références favorites. Comme l’article de départ était vraiment long, j’ai décidé de le diviser en deux : aujourd’hui, les bons plans pour écrire et la semaine prochaine ceux pour rendre vos textes publics et être lus. Bons plans pour écrivains : sites-outils pour la langue et pour l’écriture Pour améliorer la langue : Avant même de se plonger dans la fiction, quelques petites références pour améliorer son vocabulaire, son orthographe ou la correction de la langue (le basique des écrivains!). Questions de vocabulaire CNRTL : vous cherchez un synonyme, un mot proche, une définition ? Le Centre National des Ressources Textuelles CNRTL (outil du CNRS) est là pour vous. En cliquant sur l’onglet « Portail lexical » (flèche rouge) vous accéderez aux recherches de synonymes,  aux significations (lexicographie), antonymes et proxémie (flèches vertes). Vous pouvez facilement rebondir d’un mot à un l’autre, affiner le sens, trouver des utilisations. J’aime beaucoup l’onglet « proxémie » qui permet de se créer une carte mentale autour de chaque mot. C’est écrit petit, mais en passant la sourie (flèche rouge) le nom s’agrandit. En cliquant sur cluster ou liste, les mots s’affichent regroupés par thème. Un outil génial pour varier son vocabulaire (en faisant attention bien sûr à ne pas verser dans le précieux !). Question d’orthographe Et si c’est l’orthographe que pose problème ? (comme moi hélas). Il y a toujours Antidote. Problème, c’est payant. Il y a aussi le Robert Correcteur, également payant. Les logiciels libres ne sont guère plus efficaces que les correcteurs intégrés dans vos traitements de texte.  Moi, je ne suis pas riche, alors je préfère passer du temps à me relire, même si je sais que je suis loin d’être efficace. A ce propos, si vous souhaitez vous améliorer en orthographe, il y a le Projet Voltaire. Payant lui aussi, mais au moins, il vous offre une formation (avec certification) et une indépendance finale. On peut même faire un test gratuit. Un jour, je m’y mettrai ! Bon plan pour écrivains: utiliser des logiciels d’écriture ? (SCRIBBOOK) Plongeons-nous au cœur de l’action : l’écriture créative ou plutôt, le côté rédaction, mains dans le cambouis.  Words et assimilés sont certes très pratiques, mais il existe aussi plusieurs logiciels pour vous accompagner dans la création littéraire. (Mais si, moi aussi j’étais sceptique au début et finalement…) Le plus célèbre de ces logiciels est sans doute Scrivener, mais il est payant –et cher-. Depuis quelques temps déjà, j’utilise Scribbook. La plateforme est facile, déjà dotée de nombreuses fonctionnalités même si ce n’est encore qu’une version Alpha. En plus, c’est gratuit (pour l’instant). Pour être honnête, je ne peux vous parler que de celui-là, parce que comme j’y suis à l’aise, je n’ai pas été chercher ailleurs ! Ce que j’y apprécie surtout ce sont les possibilités d’organisation, l’onglet synopsis qui permet de garder en tête son projet, ainsi que certaines modalités de comptage ou de travail en mode « sans distraction ». Pour plus de détails, je projette un article uniquement consacré à Scribbook. Je vous en ferai découvrir les principales fonctionnalités et en prime, nous aurons quelques échanges avec le concepteur, Jonathan. Mais si vous ne connaissez pas, n’hésitez pas à déjà aller y faire un tour. Pour l’écriture créative : Les sites de conseils et de ressources d’écriture sont légions. J’ai souvent tendance à les trouver répétitifs et peu approfondis. Mais il me semble que les cinq que vous trouverez ci-dessous font vraiment exceptions. Je vous laisse les découvrir (en espérant cependant que vous me resterez fidèles !) L’Inventoire : La revue littéraire d’Aleph-Ecriture, foisonne de bonnes idées, références, pistes de travail et de lecture. J’apprécie tout particulièrement les nombreux appels à textes de l’Atelier ouvert (à partir de textes contemporains et toujours parfaitement expliqués et commentés), ainsi que les interviews d’écrivains. Pour les animateurs d’atelier d’écriture, il y a aussi souvent des articles intéressants. En plus, le site est clair et agréable visuellement. Remue.net et le Tiers-Livre : Autant le dire, je n’aime pas la présentation visuelle. Mais il faut passer outre. La page Remue.net (maintenant un collectif) et le Tiers-Livre ont tous deux été lancés par l’auteur, éditeur et animateur François Bon. Les deux sites fourmillent d’idées d’écriture, d’analyses, de conseils, de fils à tirer… Le principal inconvénient pour moi, c’est la difficulté de s’y repérer, mais l’effort en vaut la peine. Sur le Tiers-Livre, une partie des contenus n’est pas en accès libre, mais pour une fois, ce n’est pas un gros frein ; pour 30€ vous avez un accès indéfini à l’ensemble des ateliers d’écriture, articles, livres en ligne… Il faut prévoir un peu de temps, mais ce sont vraiment deux sites à explorer. D’ailleurs, je pense que je vous en ferrai aussi une présentation détaillée un peu plus tard. Entre2lettres : Le blog de Pascal Perrat part de concepts très différents de ceux de l’Inventoire. Plus basées sur la créativité libre et moins sur l’écriture littéraire, les propositions de Pascal Perrat vous aident à lâcher la bride à votre imagination. A la fois amusant et porteur, j’aime bien y faire un tour de temps en temps. A noter également, le « détecteur de cliché ». Vous entrez votre texte et on vous indique tous les topiques que vous avez utilisés. Très utiles, même quand on fait attention ! La cause littéraire : Vous cherchez des lectures différentes ? Vous voulez un autre regard sur des classiques ? Lire des auteurs débutants mais talentueux, des inédits ? La Cause Littéraire est une sorte d’immense magazine sur la littérature. Un indispensable pour être au courant de l’actualité littéraire. (A noter, les chroniques sont fait par les internautes, vous pouvez tenter d’envoyer les vôtres. Ils publient aussi parfois des fictions, à voir si vous entrez dans leurs critères). Scenario-Buzz : Comme son nom l’indique, il s’agit d’un blog sur l’écriture de scénario.  Mais vous

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cit écrire mémoire d'un métier King

Ecriture, mémoires d’un métier, les conseils de Stephen King.

Ecriture, mémoire d’un métier est un livre agréable à lire, drôle, direct, sans prétention et utile. C’est un parfait contrepoint à L’Anatomie du scénario que je vous avais présenté il y a peu, dans le sens où il préconise presque tout le contraire de ce que propose Truby. A vous de piocher et choisir ce qui vous convient le mieux ! Les conditions à mettre en place pour devenir un bon écrivain Tout d’abord, Stephen King retourne dans son enfance pour trouver ce qui a nourri son imagination. En plus d’être truculente, cette partie du texte s’attaque aux questions de l’origine de l’écriture. Une première partie à méditer pour mieux se connaître, d’autant que SK n’hésite pas à nous transmettre les conseils qui l’ont le mieux aidé à se former.   Les outils de l’écrivain A l’instar de nombreux écrivains, S. K considère l’écriture comme un artisanat. Aussi n’hésite-t-il pas à partager sa « boite à outils ». Dans la deuxième partie, vous trouverez donc les éléments techniques, de langue, de style qu’il emploie et la façon dont il s’est entraîné à les utiliser. Bien sûr, tous ne sont pas adaptables à la langue française. Mais à coup sûr, vous y trouverez des idées, des pratiques à tester et quelques conseils prêts à l’emploi. Des conseils et des astuces d’écriture Ensuite, SK annonce la couleur. Il ne peut rien faire pour les mauvais écrivains. Par contre, il peut aider ceux qui ont du talent à le déployer – à condition qu’ils soient d’accord pour travailler dur-. En 16 paragraphes, il développe ce qu’il considère être les clés d’une bonne écriture. Tout y passe, depuis l’importance des lectures assidues, jusqu’aux questions de rythme, de recherches contextuelles en passant par les descriptions, personnages, relectures ou les pistes pour rendre des dialogues vraisemblables. Encore une fois, c’est à vous de faire le tri. Vous trouverez forcément des choses intéressantes.     Bien que je ne sois pas une passionnée de S.K j’ai relu à plusieurs reprises et avec le même plaisir Ecriture…J’y ai trouvé des conseils essentiels, différents à chaque fois. En ce moment, mon préféré (sans doute parce qu’il m’ait difficile de faire court) est la formule de réécriture : version 2 = version 1 -10% : « tout texte peut, dans une certaine mesure être resserré. (…) Des coupes judicieuses ont un effet immédiat et souvent stupéfiant, – un vrai Viagra littéraire [1]». Alors n’hésitez-pas, allez-y, puisez-y et partagez-nous votre conseil favori, il servira forcément à quelqu’un. [1] Stephen King, Ecriture, mémoires d’un métier, Albin Michel, 2000, col. Le livre de poche, p. 266.

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faire passer la critique

Réaliser une critique constructive : les éléments à rechercher 2/2

Deuxième article de notre série: “Réaliser une critique constructive”. Cette fois-ci,nous vous proposons des pistes pour chercher les éléments à analyser et les transmettre à l’auteur. Faire une/des fiche (s) et/ ou se poser des questions ? D’abord, il peut être utile de savoir à l’avance quoi chercher dans le texte. Il y a pour cela deux possibilités : dialoguer avec l’auteur ou prévoir des pistes en fonction des horizons de lecture. Dialoguer avec l’auteur: Dans certains cas, il est possible de préparer la lecture avec l’auteur pour savoir ce qu’il attend, s’il y a des points qu’il voudrait voir traiter… L’utilité est double. D’une part, vous avez déjà une liste des choses auxquelles faire attention. D’autre part, l’auteur a dû faire un travail de réflexion sur son texte, ce qui devrait (en général) faciliter la réception de la critique. Les horizons de lecture : Sur un texte brut, sans commentaire de l’auteur, vous pouvez choisir de définir déjà une série de questions qui vous aideront à exercer votre regard. Il y a les questions générales : Le texte est-il compréhensible ou manque-t-il des éléments ? Comprend-t-on pourquoi cette histoire précisément est racontée et quel est son intérêt ? Comment ce texte m’attrape-t-il ? Comment me lâche-t-il ? Les questions en rapport avec le genre du texte : Comment apparaissent les règles du genre narratif dans le texte? Est-ce forcé ou naturel? Le texte suit-il toute les règles? Crée-t-il de nouvelles normes? Est-il parodique ? Donne-t-il envie d’écrire comme lui ? toutes les questions sur les modes de construction du texte : Qui regarde, qui raconte ? Est-ce que des modifications de narration amélioreraient le texte ? Le personnage principal est-il vraiment le plus intéressant ou est-ce celui que l’auteur préfère ? Quelle est la place des descriptions, qu’apportent-elles et/ou qu’enlèvent-elles ? Quelle est la place des clichés ? … Les fiches de lecture: Les fiches de lecture ne sont rien d’autre que des questions améliorées et présentées de façon organisée. Présentée sur forme de tableaux, elles sont claires, semblent impartiales et s’il y a eu plusieurs lectures critiques, elles sont aussi facilement comparables. Bref, elles font et sont plus professionnelles. Prenez les thèmes qui vous intéressent le plus et créez la votre ! La transmission de la critique constructive : Une fois votre lecture terminée, vient le moment de la transmission à l’auteur. Sans doute l’une des phases les plus difficiles. A l’écrit ou à l’oral, il faut souvent trouver des stratagèmes pour faire passer notre opinion sans blesser. La vision globale : Tout d’abord, rassurez et parlez de façon positive. Tout texte est le fruit d’un travail qu’il faut reconnaître. D’ailleurs, il est absolument indispensable de souligner le positif. Sinon, comme l’auteur ferait-il pour savoir vers quoi aller? Encourager et faire passer les points négatifs Si vous avez un point très négatif à transmettre, essayez la « critique sandwich » : d’abord un peu de positif, le gros problème, et de nouveau un peu de positif. Vous enrobez le point noir, mais votre rôle est tout de même de le signaler. Procédez par questions : au lieu d’affirmer, pourquoi ne pas demander ? Es-tu sûr qu’ici ce soit le meilleur terme ? Et si tu bougeais ce paragraphe ? Ainsi l’auteur n’est plus passif. Les encouragements : on doit toujours trouver des encouragements. Une critique constructive n’est rien d’autre qu’un point de départ pour la réécriture. Elle doit donc signaler, faire prendre conscience, ouvrir une discussion et offrir des pistes. Nous ne sommes pas à un paradoxe près. En effet, une critique constructive, à un moment doit savoir reconnaître/ assumer le point final. Il faut s’arrêter un jour. Ce sera peut-être votre rôle que d’en faire prendre conscience au lecteur. La place du lecteur, la place de l’auteur Enfin, une règle d’or : ne jamais se mettre à la place de l’auteur. Ce n’est pas à vous de changer, couper ou modifier, c’est à l’auteur. Vous émettez un point de vue, des suggestions, pas des ordres. Ce texte n’est pas le vôtre. Le polir à la place de l’auteur ne lui permettra ni de progresser ni de se l’approprier. Vous devez vous forcer à accepter les réticences et refus de l’auteur. Une critique constructive, c’est une critique qui analyse, discute, argumente mais laisse le dernier mot à l’auteur. Conclusion : Ainsi, réaliser une bonne critique est un travail difficile et un bon bêta-lecteur est un trésor pour tout écrivain… mais les auteurs doivent aussi se mettre en condition d’accepter l’opinion d’autrui. C’est pourquoi nous vous proposerons bientôt un article pour apprendre à recevoir les critiques… et les rendre constructives, s’il le faut !

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