L'Echangeoir d'Ecriture

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Que fait-on dans l’atelier “En lisant, en écrivant” ?

Les particularités de l’atelier “En lisant, en écrivant”. Lorsque j’ai créé l’atelier “En lisant, en écrivant”, il faut bien avouer que je l’ai d’abord fait en pensant à moi. J’y ai mis ce dont je rêvais, ce que j’avais envie de partager. Et j’ai été vraiment heureuse de voir que cela prenait aussi vite ! (J’en profite pour dire merci aux fidèles – Julie, Axelle, Ariane, Geneviève et Rose- qui ont permis par leur enthousiasme que cet atelier existe). L’organisation de l’atelier “En lisant, en écrivant”. Le but de l’atelier est simple. Il s’agit de se retrouver deux fois par mois autour d’un ou deux ouvrages. La première fois, c’est pour approfondir la lecture, en saisir les enjeux, l’organisation de l’œuvre, son style, son originalité, sa poétique, ses sens et significations, son environnement… Bref l’observer au plus près pour la connaître au mieux. Ensuite dans un deuxième temps, nous nous retrouvons pour un atelier d’écriture autour de cette même œuvre. Dans cette deuxième séance, nous essayons de retrouver ses caractéristiques principales pour écrire “à la manière de”. Ainsi nous pouvons doter notre écriture de nouveaux outils, structures, formes d’expression. Il ne s’agit pas bien sûr, de copier aveuglement. Car le principe est surtout d’apprendre avec et par l’écriture, pour pouvoir ensuite adapter ces formes à nos propres projets. L’atelier “En lisant, en écrivant” est donc d’abord un lieu de découvertes littéraires. Il permet de se plonger dans des auteurs de tous pays et toutes époques. C’est aussi un espace pour essayer, adapter, se nourrir de littérature. De Jane Austen à Virginia Woolf en passant par Pierre Ducrozet, Sylvain Prudhomme, Kim Thuy, Ivan Repila, Luis Sepulveda, Vera Caspary, Antonio Munoz Molina mais aussi Craig Johnson, Jérôme Bonnetto et Franck Bouysse….Un atelier vraiment littéraire et approfondi. Découvrir des réalisations de l’atelier : Lors de l’année 2020-2021, les participants de l’atelier “En lisant, en écrivant” m’ont lancé un défi. Ils me demandaient d’approfondir les liens entre romans et cinéma. Je leur ai répondu par un autre défi : transmettre par les mots un extrait de film. Comment passer d’un langage à l’autre ? Comment traduire en phrases la musique, la lumière, les couleurs, les mouvements, les attitudes et le jeu des acteurs ? Découvrez la proposition de Geneviève pour transmettre la douceur, la finesse et la tension silencieuse du film L’odeur de la papaye verte. Du film au texte Vous voulez en savoir plus ? Découvrez bientôt le programme complet pour 2021-2022 sur la page dédiée à l’atelier “En lisant, en écrivant”.

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A perdre haleine, le rythme dans le récit

Améliorer son texte : travailler le rythme de son récit

Le rythme de son récit : une question primordiale. Personne n’accroche à un texte mal rythmé : il nous ennuie et on l’oublie. Travailler le rythme de son récit, c’est donc se demander comment retenir son lecteur, comment organiser et dire son histoire. Il y a deux façons de travailler le rythme : dans la construction du texte dans le style. Aujourd’hui, voici quelques pistes de construction qui peuvent servir dans n’importe quel texte narratif : romans, nouvelles, novella ou même témoignage et récits de vie. Le rythme et la question du temps dans le récit Le rythme, c’est une question de temps. Or, il faut bien prendre en compte que dans tout texte, il y a deux temps : celui de la chose racontée (l’histoire) et celui mis à la raconter (le récit). Construire le rythme d’un texte, c’est donc créer un jeu entre ces deux temps pour intéresser le lecteur. Scènes, résumés, pauses, ellipses : Pour jouer avec les temps, il faut savoir alterner entre l’écriture de scènes, de résumés, de pauses et d’ellipses. La scène est un texte où le temps du récit est le même que le temps de l’histoire, par exemple dans les dialogues. On a alors l’illusion de vivre l’action dans les personnages. C’est une partie fondamentale du texte, mais il ne faut pas en abuser, au risque de se perdre dans les détails. Il y a ensuite les résumés qui condensent une partie de l’histoire en quelques mots. Au delà de l’effet d’accélération (suspens, tension), cela permet d’avancer dans le texte. Reste à faire attention au style. Sinon, le lecteur aura l’impression qu’on bâcle par paresse ou manque de savoir-faire. A l’inverse, on peut jouer sur les pauses c’est-à-dire des passages où l’histoire n’avance pas : les descriptions, commentaires, digressions… Et pas question de les couper par principe ! Jouer avec le rythme, c’est aussi alterner les moments de tension et de pause, mélanger le contexte, la réflexion et l’action. Enfin, il y a des ellipses, des événements passés sous silence. Parfois elles sont invisibles (toutes ces actions de la vie quotidienne qui ne servent à rien) et donc ultra-nécessaires ! En d’autres occasions, elles créent un effet particulier : de temps perdu, de nostalgie ou encore de mystère. Pensons à tous ces romans policiers qui racontent le crime mais sautent l’avant et l’après pour qu’on ne sache ni les causes ni ce que devient (au début) le criminel. La fréquence de narration : Deuxième élément de la gestion temporelle du rythme : c’est le nombre de fois pour raconter quelque chose. Car oui, il est tout à fait possible de dire plusieurs fois une même chose, tout dépend de ce que vous en découvrez à chaque occurrence ! Ainsi on peut raconter une seule fois un seul événement (c’est le plus classique et le moins risqué). On eut aussi répéter par exemple depuis plusieurs points de vue. C’est plus compliqué mais les effets sont très intéressants en particulier si les différents personnages n’interprètent pas l’action de la même manière. On peut aussi faire l’inverse, raconter en une fois ce qui s’est passé en plusieurs fois, pour faire sentir l’habitude, la routine, l’ennuie… Là encore, c’est l’effet à produire chez le lecteur qui devra guider votre choix. En pratique : comment améliorer le rythme de son récit ? Choisir Tout dépend de ce que vous voulez raconter et de l’effet à produire chez le lecteur. Voulez-vous créer de l’émotion ou de l’angoisse, raconter une vie ou une aventure, explorer une vision du monde, un problème de société, ou donner vie à un lieu ? Demandez-vous aussi qu’elle est la meilleure façon de transmettre cette idée à votre lecteur. Est-ce en accumulant les actions ou en prenant le temps de montrer le passage du temps ? Vérifier Quand vous vous relisez, vérifiez que tout ce que vous avez écrit est nécessaire. Sinon, voyez comment vous pouvez l’enlever. Faites confiance à votre lecteur, il préférera combler les trous (tant qu’il n’y en a pas trop) plutôt qu’avoir l’impression d’être pris pour un idiot. En résumé, la question du rythme est avant tout une question de choix : quoi dire et par quelle technique ? Se préparer La dernière question qui se pose est comment choisir et être sûr de ses choix. A mon avis, il n’y a qu’une seule solution : lire, lire et lire. Lire en cherchant dans les textes que l’aime comment l’auteur fait pour maintenir notre intérêt. Et aussi reprendre les textes qui nous ont ennuyés pour comprendre ce qui a raté et ne pas le reproduire. Ensuite, et bien, il reste à tester, essayer et éventuellement modifier, voir innover ! Dites-vous bien qu’aucun auteur n’y est arrivé du premier coup. Alors, bonne écriture, et bonnes expérimentations !

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Lutter pour l’excellence en littérature : chercher le mot juste

Le mot juste. Voici notre deuxième volet dans notre recherche de l’excellence en littérature. Chercher le mot juste, l’image nouvelle (Albert Camus et Sophie Divry) « Mal nommer un objet, c’est ajouter au malheur de ce monde1 » Camus En littérature, chaque mot désigne et incarne une réalité. Se tromper de mot, c’est donc risquer de ne transmettre qu’une version troublée ou travestie de votre idée initiale. De même, chercher le mot juste revient aussi à être conscient des clichés, soit pour les éviter, soit pour jouer avec. Le mot choisi ne sera alors pas imposé par ce que l’on a l’habitude d’entendre. Ce sera celui qui dit le plus justement l’idée, l’image, la musique que nous souhaitons transmettre. Ainsi, nous pouvons espérer surprendre le lecteur et éveiller en lui un vrai plaisir esthétique. Car comme le dit Sophie Divry, la jouissance de la lecture : «  réside autant dans l’accord parfait entre l’idée et l’image trouvée que dans le plaisir de rencontrer un vocabulaire métaphorique rare et contemporain. Des images que les écrivains du passé n’auraient pas pu faire.2 »  Comment faire pour trouver le mot juste ? Avant ou en parallèle du travail de relecture. Prendre le temps de penser le thème de son texte. C’est-à-dire d’une part, se raconter sa propre histoire et l’observer de tous ses côtés. On peut essayer d’argumenter avec soi-même, avec nos raisons et nos perceptions. Ainsi on repoussera au maximum les limites de notre pensée. Une autre possibilité pour préciser l’univers de notre récit est de l’explorer avec les cinq sens, afin d’en trouver les détails les plus révélateurs. Car si l’auteur n’est pas capable de voir une atmosphère, comment pourrait-il la transmettre au lecteur ? Il importe aussi de ne pas négliger le temps pour laisser les choses décanter en soi. C’est ainsi que notre regard pourra peu à peu transformer un rapport au réel en récit. Un petit truc pour la relecture : Se relire de façon séquencée : phrase par phrase, puis paragraphe par paragraphe, puis page par page… En vérifiant ainsi l’usage des mots, leur signification, leur place, les jeux de sonorité, les échos… Et pourquoi pas, pareil à ceux qui, comme moi, ont des soucis en orthographe, commencer par la fin ? Cela oblige à penser les phrases comme autant de pierres à polir. Ensuite seulement, on peut recommencer une relecture par le début, et cette fois-ci vérifier l’harmonie du tout. Pour trouver le mot juste… purifier le texte (Saint-Exupéry) Il  semble que la perfection soit atteinte non quand il n’y a plus rien à ajouter mais quand il n’y a plus rien à retrancher.3 Peut-être que l’un d’entre vous sera capable de me démentir, mais je ne crois pas avoir jamais lu d’auteurs déclarant inutiles les suppressions dans la relecture. De Cervantès à  Garcia Marquez en passant par Stephen King, tous ont rappelé l’importance d’alléger les premières versions des mots, expressions, voir paragraphes inutiles. De façon plus générale, il n’est pas inutile de savoir choisir parmi les textes ébauchés, ceux que nous garderons et terminerons et ceux que nous laisserons de côté. Petit florilège des témoignages d’auteurs : ou comment trouver le mot juste de la façon la plus directe possible ! Miguel de Cervantès : “Se contenant donc dans les étroites limites de la narration, quoiqu’il ait assez d’habileté, de capacité et d’intelligence pour traiter de l’univers, [l’auteur] demande qu’on ne rabaisse pas son travail, et qu’on lui donne des louanges, non pour ce qu’il a écrit, mais pour ce qu’il a laissé d’écrire.” L’ingénieux don Quichotte de la Manche, II. Gabriel Garcia Marquez: “Il faut apprendre à couper, à refaire. Un bon écrivain se reconnaît moins à ce qu’il a publié qu’à ce qu’il a jeté à la poubelle. Évidemment les autres n’en ont pas conscience, mais lui si. Il sait ce qu’il enlève, ce qu’il réécrit, ce qu’il améliore.” L’atelier d’écriture de Gabriel Garcia Marquez. Stephan King : “tout texte peut, dans une certaine mesure, être resserré. Si vous n’arrivez pas à en enlever dix pour cent tout en conservant l’intrigue et le charme de l’histoire, c’est que vous n’essayez pas vraiment. Des coupes judicieuses ont un effet immédiat et souvent stupéfiant – un vrai Viagra littéraire. “ écriture, mémoire d’un métier. Comment faire : Se donner un nombre de signes maximum à ne pas dépasser est une excellente contrainte. Elle oblige à chercher le mot juste. Au fur et à mesure que vous vous connaîtrez mieux, vous serez capable d’affiner, à la façon de Stephen King, votre proportion idéale entre une première écriture et une version finale. On peut aussi considérer qu’un pas important est franchi dans notre rapport à l’écriture lorsque l’on devient capable de sacrifier les « belles inutiles ». Ce sont ces phrases certes bien jolies mais qui n’apportent rien au texte, en dehors du plaisir pris à les écrire. Personnellement, quand je les trouve vraiment chouettes, je les garde à part sur un autre cahier. Mais pour être honnête, jusqu’à présent, de toutes celles que j’ai gardées, une seule m’a resservie ! Il importe aussi de traquer les répétitions, pas seulement les répétitions de mots, mais aussi les répétitions d’idées, les paragraphes inutiles, les portions de vie des personnages sans rapport avec le centre du texte… Attention cependant : on nous apprend souvent à réduire les descriptions. Il est vrai qu’une description trop étendue est ennuyante. Cependant il ne faut pas oublier le plaisir esthétique du lecteur ! Faites en sorte que vos descriptions soit si signifiantes et suggestives qu’elles deviennent indispensables. Si elles ne le sont pas … et bien jetez-les ! Comment savoir si l’on a suffisamment supprimer ? Lisez votre texte à voix haute après l’avoir laissé reposer plusieurs semaines : si vous ne buttez pas sur les phrases et si vous ne vous ennuyez pas en relisant lentement, a priori vous êtes sur la bonne voie ! Et à chaque fois que vous avez envie de vous arrêter, rappelez-vous Saint Exupéry, la perfection ne sera là que lorsqu’il n’y aura plus rien pour gêner l’envie de poursuivre la lecture. Écouter

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L'excellence en littérature avec Eduardo Mendoza

Lutter pour l’excellence en littérature : des pistes pour un travail personnel

La question de l’excellence en littérature Il arrive parfois que l’on tombe sur une phrase qui nous happe et nous oblige à repenser votre manière d’être, ou d’écrire. Voilà quelques semaines, j’ai découvert cette remarque de l’écrivain espagnol Eduardo Mendoza : Il faut lutter pour l’excellence en littérature, que chaque phrase, même la plus insignifiante du livre, soit polie et retravaillée. (“Hay que luchar por la excelencia en la literatura, que cada frase, aunque sea la más tonta del libro, esté pulida y revisada”.Eduardo Mendoza, entretien pour El Pais).

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La foi d'un écrivain

La foi d’un écrivain, Ecrire et penser l’écriture avec Joyce Carol Oates.

Avec La foi d’un écrivain, Joyce Carol Oates nous offre sa vision de l’art d’écrire. Un livre agréable à lire, parfois léger, parfois profond, traversé d’une intense réflexion sur ce qui fonde le métier d’écrivain. Qu’est-ce que La foi d’un écrivain ? Pourquoi écrit-on ? Comment ? Comment devient-on écrivain ? Qu’est-ce qui fait que l’on y croit malgré tout, qu’est-ce qui fait tenir « la foi d’un écrivain » ? Ces questions, Joyce Carol Oates y est souvent confrontée. Ce sont celles qu’elle se pose, celles que ses lecteurs lui posent. Elle reconnaît d’ailleurs qu’elle n’a pas -malgré toute son expérience- de réponses sûres à y apporter. Mais elle y a longuement réfléchi, pour elle-même, pour des articles ou des conférences. La foi d’un écrivain est donc l’expression de ses convictions sur le métier d’écrivain. Car pour J.C Oates, l’écriture n’est pas une simple passion. L’écriture est un art, un artisanat, un métier qui doit s’apprendre. C’est une évolution au cours de laquelle l’auteur se construit petit à petit et pas seulement par l’accumulation de signes et de phrases. Le livre de J.C Oates est de ceux qui savent accompagner cette construction de l’écrivain. Ce que vous trouverez dans le livre de Joyce Carol Oates La foi d’un écrivain est un assemblage de réflexions sur plusieurs années. Selon les chapitres vous trouverez donc des témoignages sur l’évolution personnelle de J.C Oates, des affirmations sur sa perception de l’écriture, des tentatives de théoriser certaines étapes de l’écriture, ou encore des conseils, mis pêle-mêle et parfois contradictoires. L’introduction invite ainsi à penser le métier d’écrivain. Le chapitre « conseil à un jeune écrivain » est à la fois une ode au travail et à la confiance mais avant tout une invitation à la lecture. « Courir et écrire », « Note sur l’échec » sont presque des explications pratiques. Enfin « Inspiration », « Lire en écrivain » s’intéressent au processus de création… Par ailleurs, il est important de souligner que J.C Oates ne se fonde pas uniquement sur son expérience. Elle utilise aussi les témoignages des auteurs qu’elle admire et dont elle propose de longs extraits et analyses. Un livre, donc, qui ne se résume pas mais qui se lit et se relit, se médite aussi. Un livre qui donne de l’énergie et du recul, qui invite à se lancer dans l’aventure de l’écriture et nous la révèle toujours plus enivrante qu’on n’aurait oser l’imaginer. Ce que vous n’y trouverez pas dans La foi d’un écrivain Ce n’est pas un manuel pratique comme pourrait l’être L’anatomie du scénario ou certains pseudo-guides d’écriture. Vous n’y trouverez pas de réponses toutes faites ou de méthodes à mettre en place. A l’image des compilations de Stevenson, Austen ou Kundera, c’est un livre d’auteur en construction. J. C Oates le redit souvent : on ne devient écrivain que sur la durée. Son livre est aussi le témoignage d’une évolution. Il vous faudra donc tirer vos propres conclusions, réfléchir pour vous en nourrir. Surtout il faudra prendre le temps nécessaire à la maturation de votre pensée.. Quelques passages marquants : Il y aurait tellement de passages à retenir, méditer, travailler… En voici cependant quelques uns, pour vous donner envie de lire le reste. L’art d’écrire : un artisanat Il est indispensable de considérer cet art comme un métier. Sans métier, l’art reste du domaine de l’intime. Sans art, le métier n’est que procédé. Il faut encourager les écrivains jeunes ou débutants à lire beaucoup, continuellement, aussi bien des classiques que des contemporaines, car si l’on ne s’immerge pas dans l’histoire de cet art, on est condamné à demeurer un amateur : quelqu’un pour qui l’enthousiasme créatif constitue quatre-vingt-dix-neuf pour cent de l’effort créatif. (…)Plongez-vous dans un écrivain que vous aimez et lisez tout ce qu’il ou elle a écrit, y compris ses premiers ouvrages. Surtout ces premiers ouvrages. Avant que le grand écrivain ne devienne grand, ou même bon, il. elle a tâtonné à la recherche d’une manière, d’une voix, peut-être exactement comme vous. Ayez confiance : la première phrase ne peut être écrite avant que la dernière l’ait été. Ce n’est qu’alors que vous saurez où vous alliez et où vous étiez. Pour cette raison, je pense que toute forme d’art est un genre d’exploration et de transgression (…) Ecrire c’est envahir l’espace d’autrui, ne serait-ce que pour perpétuer sa mémoire ; écrire, c’est s’exposer à la critique irritée de ceux qui n’écrivent pas, ou qui n’écrivent pas exactement comme vous, qui verront peut-être en vous une menace. Les histoires nous viennent sous forme d’apparitions, qu’il est nécessaire d’incarner avec précision. Problemes d’écriture Ma méthode consiste à réviser continuellement ; lorsque j’écris un long roman, je reviens chaque jours sur des parties précédentes, que je réécris afin de garder une voix cohérente, fluide ; lorsque je rédige les deux ou trois derniers chapitres d’un roman, je le fais en même temps que j’en réécris le début, afin que idéalement du moins, le roman ressemble à une rivière au cours uniforme, dont chaque passage est en harmonie avec tous les autres. Nous savons tous ce que c’est qu’avoir eu l’inspiration, mais nous ne pouvons être sûrs d’en avoir à nouveau. La plupart des écrivains s’appliquent avec ténacité à leur travail, dans l’espoir que l’inspiration reviendra. En général, la fiction de qualité doit sa profondeur à un récit absorbant, à des personnages méritants et au fait qu’elle est en même temps une sorte de commentaire d’elle-même. (…) Mais la fiction ne peut être détachée du commentaire, sinon au risque de la réduire à un simple enchaînement d’événement dépourvus d’âme. Je dois raconter est la première pensée de l’écrivain ; la seconde est : Comment raconter ? A travers nos lectures, nous découvrons la diversité des solutions à ces questions, la marque personnelle que leur imprime chaque individu. Car c’est à la jonction de la vision personnelle et du désir de créer une vision collective, publique, qu’art et métier se confondent. Et pour vous, quels sont les conseils qui vous ont le plus marqués ? Quels auteurs vous portent et vous donnent envie de continuer à écrire ? [wysija_form id=”1″]

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lire pour devenir un écrivain

3 qualités pour devenir un écrivain : 3/3, savoir s’entourer.

Nous voici arrivés à la troisième caractéristique pour tout auteur en devenir : l’entourage, élément clé pour devenir un écrivain. Savoir s’entourer, un indispensable pour devenir un écrivain : Savoir s’entourer, c’est trouver ces personnes, modèles, ressources, lecteurs et interlocuteurs privilégiés qui vous aideront à baliser votre chemin. Avoir des modèles, se construire pour devenir un écrivain : Combien d’auteurs l’ont dit : pour devenir un écrivain, commencez par lire ! La lecture est à la base de l’écriture, c’est elle qui permet de sortir du simple bavardage mis par écrit. Les livres bien pensés renouvellent notre vision du monde, les livres bien écrits nous font découvrir d’autres façons d’utiliser les mots, les livres mal finis nous signalent les écueils à éviter. Pour chaque auteur, les livres des autres sont les aunes auxquels mesurer nos échecs et nos réussites. Lisez les classiques car vous serez sûr d’y trouver la qualité, même si vous ne pouvez pas tous les appréciez. Lisez-les pour ce qu’ils ont apporté, montré, pour ce qu’ils ont su créer d’intemporel. Relisez ceux que vous aimez pour le plaisir, pour comprendre ce qui vous a fait les aimer. Lisez les contemporains pour sentir comment évolue le regard sur le monde, pour trouver ce que vous-même avez à apporter et que vous êtes le seul à posséder. Lisez-les pour profiter et grandir avec eux. Lisez-les pour découvrir ce qui vous y unit et ce qui vous en différencie. Lisez. Ayez des modèles. Analysez-les et essayez de vous mesurer à eux. C’est à ce prix seulement que vous pourrez peu à peu dégager votre propre personnalité d’écriture, vous différencier et vous affirmer. Avoir des interlocuteurs : Mais même en lisant, on reste toujours dans son coin. Or, avoir un regard critique sur soi-même est très difficile. Pour devenir un écrivain, il est donc indispensable d’avoir des interlocuteurs avec qui contraster nos idées pour mieux les comprendre et les approfondir. Il faut savoir écouter ce que les autres ont à dire. Il faut aussi être capable d’échanger sur nos pratiques d’écriture. Être capable d’ÉCHANGER : L’échange est à la base de l’écriture. D’une certaine façon, on écrit pour toucher l’autre, pour échanger avec lui. Pour devenir un écrivain et progresser dans son écriture, il faut être capable d’affirmer et d’expliquer ce que l’on fait. De la même façon, on doit savoir accueillir les idées différentes, pour se les approprier ou y réagir. Enfin, il importe de sortir de soi pour découvrir la nouveauté toujours recommencée du monde. C’est par le dialogue que l’on devient capable d’exprimer clairement les doutes, les raisons, les justifications, les désirs et les objectifs. Certes, le travail à plusieurs n’est sans doute pas l’image classique de l’écriture. Pourtant, si on y pense bien, combien d’écrivains se sont rejoints en « écoles », en « salons », ou en« académie » ? Combien se sont écrits, jugés ? Combien se sont critiqués entre pairs ? Sortir de sa zone de confort par l’échange : Une bonne histoire est une histoire qui nous bouscule, nous bouleverse. Pour parvenir à ce résultat, il faut que l’auteur ait accepté de sortir de sa zone de confort et pour cela quoi de mieux qu’un interlocuteur différent de lui ? Les ateliers, les plateformes, les lieux d’échanges fourmillent en ce moment. Ils facilitent les rencontres pour ceux qui veulent devenir un écrivain. Cherchez et vous trouverez forcément ce qui vous convient. (Vous pouvez aussi aller voir du côté de nos ateliers, ou des compagnons d’écriture, bien sûr !). L’entourage personnel de celui qui veut devenir un écrivain : S’il vient ici en dernier, l’entourage personnel est pourtant une composante importante de toute vie d’artistes. De Flaubert écrivant ses difficultés à Louise Collet à Hitchcock reconnaissant l’importance créative de son épouse Alma Reville en passant par Rodin et Camille Claudel, ils sont nombreux à avoir bénéficié d’un soutien actif de leur entourage, parents ou épouses, dans la plupart des cas. Il ne s’agit pourtant pas d’avoir autour de soi une famille ou des amis prêts à se prosterner au moindre petit écrit ou, pire encore, à écrire à votre place. Ce qui est nécessaire plutôt, ce sont des personnes qui vous reconnaissent le droit de passer du temps à écrire, qui vous y encouragent quand vous n’avez plus d’envie, qui vous remettent les pieds sur terre quand vos idées vous font perdre le sens des réalités. Des modèles, des lecteurs plus ou moins qualifiés, vous pourrez en trouver en cherchant même loin de chez vous. Un entourage qui sait accueillir et valoriser vos projets créatifs, c’est déjà un merveilleux point de départ. Et pour retrouver les autres articles de la série, c’est ICI [wysija_form id=”1″]

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connaître son écriutre

Connaître son écriture, 3 qualités pour devenir écrivain 2/3

Se connaître et connaître son écriture… Vaste programme qui semble nous mener loin de la littérature pour ce deuxième article de notre série “trois qualités pour devenir écrivain”. C’est pourtant un élément indispensable pour travailler de façon productive et avancer vers la réalisation de nos envies d’écriture. Nous poursuivons donc notre exploration des rapports entre musiciens et écrivains d’après l’article de Cyriaque.

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qualités pour devenir écrivain aimer travailler

Trois qualités pour devenir écrivain, d’après un blog de musicien 1/3.

Trois qualités pour devenir écrivain. Le titre vous surprend, c’est normal ! Je n’ai pas pu m’en empêcher. La raison en est simple. Cet été, en faisant des recherches pour créer un personnage, je suis tombé sur un article destiné aux musiciens mais qui s’adapte parfaitement aux écrivains.

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Penser l'écriture changer le roman

Ecrire et penser l’écriture avec Sophie Divry : “Rouvrir le roman”.

Penser l’écriture : Avec son expérience d’écrivain et de critique, Sophie Divry met à notre disposition ses connaissances littéraires mais aussi ses propres « chantiers » d’écriture. Elle nous montre comment penser l’écriture, la renouveler, l’adapter aux exigences du moment présent et de l’histoire envisagée.   L’essai de Divry est d’accès facile, avec des exemples clairs et percutants. Un texte qui n’oublie ni l’humour ni les revendications et qui ouvre des pistes pour faire vivre la littérature contemporaine. Ce que vous y trouverez : La première partie du texte passe en revue les grands débats qui agitent la littérature contemporaine. On y trouvera ainsi : La question de l’autonomie de l’auteur par rapport à la société. Des interrogations autour de l’engagement éthique dans la littérature. Des points sur des problèmes de style, tel que la place symbolique du présent et du passé simple, des narrations chorales ou focalisations internes…. Et même les débats économiques qui agitent le monde du livre et l’influence qu’ils peuvent avoir sur les auteurs. Toute cette première partie invite donc le lecteur à pour se poser des questions sur ce qu’est le roman contemporain, ce qui le fait, ce que serait innover en littérature. Dans la deuxième partie, l’auteur expose avec générosité ces propres pistes de recherches. Nous découvrons ainsi cinq thématiques qui, selon elle, devraient être les grands chantiers de la littérature contemporaine : La typographie. La place du comique. L’usage des métaphores. L’écriture des dialogues. Les choix de voix narratives. Personnellement, tous ne me semblent pas d’égale importance. Mais chacun peut y trouver des pistes de réflexions intéressantes. Ce qui m’a particulièrement marquée : J’ai toujours été intéressée par les questions théoriques. Cependant,  j’avais l’impression que c’était un travail autre, un travail me faisait perdre en spontanéité d’écriture. A force de penser aux effets générés par ce que j’écrivais, je finissais par craindre de ne créer que des mécaniques sans âmes. Le livre de Sophie Divry m’a permis de ne plus voir la théorie comme une armature rigide et de la considérer comme une énergie supplémentaire, une forme de liberté. De plus, comme le livre regorge d’anecdotes, de témoignages d’auteur, d’extraits de roman, il reste agréable à découvrir pour tous. (On peut aussi noter que le style de Divry n’a rien de pédant et est dépourvu de vocabulaire indéchiffrable aux non-initiés, ce qui n’est pas toujours le cas dans les approches critiques). Enfin, dernière chose qui m’a particulièrement plu dans cet essai : Sophie Divry ne s’arrête pas aux questionnements. Pour elle, penser l’écriture c’est aussi proposer des pistes d’actions, des idées que chacun peut reprendre à son compte, réutiliser, personnaliser. Quelques citations qui ouvrent des pistes d’écriture : Pour avancer, il faut comprendre les problèmes qui nous agitent et parfois nous enferment. Prendre conscience de son art de manière un peu plus intellectuelle ne s’oppose pas à la voix intérieure de l’écrivain. La théorie ne vient pas mettre de sens interdits. Elle lui permet d’éclairer le chemin[1].   La question qui se pose est : comment hériter avec intelligence des recherches du passé sans qu’elles vous dictent vos formes ni se transforment en nouveau conservatisme ? Comment transmettre sans figer ? Sans doute au prix d’une réflexion continuelle sur ce que les pistes d’hier rouvrent dans nos propres problématiques[2].   Cette recherche de nouvelles formes remplit deux fonctions très importantes. Premièrement, elle apporte des plaisirs nouveaux aux lecteurs et, partant, rend nécessaire, le roman comme forme d’art. Deuxièmement, elle permet au roman de dire quelque chose de notre époque qui ne peut être dit que par le roman et par cette époque[3].   Trop souvent considéré comme un supplément d’âme ou un  enfantillage, le comique est un ferment intellectuel majeur dans la création artistique. Il permet non seulement de réjouir le lecteur, ce qui n’a rien de honteux, mais aussi de servir de détonateur pour exploser les cadres établis et inventer des scènes et des personnages qu’on n’aurait pas osé imaginer autrement[4].   L’important est de se demander comment écrire ce monde, décrire le temps présent à travers le filtre irremplaçable et précieux de sa propre sensibilité[5]. Bonne découverte et n’hésitez pas à nous dire ce que vous en avez penser si vous le lisez !  Penser l’écriture avec Sophie Divry, les références : Sophie Divry, Rouvir le roman, Edition Noir sur Blanc, coll. Notabilia, 201p. Penser l’écriture, pour en savoir plus : une interview de Sophie Divry sur France culture. [wysija_form id=”1″] [1]Sophie Divry, Rouvrir le roman, p.23 [2]Op.cit,p. 128. [3]Op. cit, p. 23. [4]Op.cit, p. 160. [5]Op. cit, p. 201.  

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