L'Echangeoir d'Ecriture

conseil d’écriture

bons ou mauvais livres

Pourquoi lire … de mauvais livres (quand on ne peut pas faire autrement) ?

Histoire d’une lecture décevante… mais révélatrice. On a tous des livres qui nous rebutent. J’ai acheté il y a peu un de ces mauvais  livres, doté d’une belle critique en quatrième de couverture, d’un titre intrigant, mais terriblement décevant… Bon, j’étais dans un avion, je n’avais rien d’autres à faire, alors, j’ai lu. Au bout de dix pages, je râlais toute seule, au bout de vingt, j’imaginais des conseils à l’auteur, au bout de trente… Au bout de trente, je me suis rendue compte que certains des pièges dans lesquels était tombé l’auteur, je m’y étais fait prendre aussi. Finalement, ce roman avait peut-être des choses à m’apprendre… De l’impact des lectures sur l’écriture : Comme l’a dit Nancy Huston, nous sommes une « espèce fabulatrice[1] ». Nous faisons de nos vies des histoires, nous racontons nos problèmes, nos réussites comme des histoires. C’est par elles que nous comprenons notre existence et le monde qui nous entoure. Si nous faisons attention, nous verrons que la plupart de ces narrations qui nous parviennent ne sont pas transcendantes : papotages de bureau, pub, faits divers, série TV… Nous sommes environnés pas ces « histoires bas de gammes » qui nous remplissent l’imaginaire sans nourrir notre esprit… Ce qui a priori devrait nous envoyer dans la même direction et nous faire produire le même genre de textes. Alors pourquoi lire de mauvais livres ? Les « bons » livres ne nous ouvriraient-ils pas de meilleurs horizons ? En fait, il y a quand même quelques points à en retirer, tout simplement pour faire mieux. Utiliser les mauvais livres : Aiguiser son regard critique : D’abord, il est plus facile d’être critique avec les autres qu’avec soi-même. Lorsque l’on écrit, on est pris dans un sujet qui nous attire, avec des personnages qui ont vécu en nous et qui nous touchent. En tant qu’auteur, on se fait plaisir en racontant plus de choses que nécessaire, en laissant de belles phrases dont on est fier même si elles n’apportent rien, en « oubliant » des passages importants mais difficiles à mettre en mots. Comme on a l’histoire dans la tête, on recolle les morceaux et on ne voit pas les problèmes. Sauf que le lecteur, lui, les voit. Et lorsque vous lisez de mauvais livres, vous les voyez  aussi. Alors, profitons-en pour repérer ce qui marche et ce qui ne marche pas, pour prendre de la distance, réfléchir à la construction du texte, la présence des personnages, le style…Lorsque vous lirez votre propre texte, vous aurez ainsi de l’entraînement pour avoir un regard extérieur, plus objectif et attentif.   Se faire une liste « pense-bête » des choses à ne pas faire : On peut aussi aller plus loin en établissant une liste des choses à ne pas faire. Un personnage trop longuement décrit, des répétitions, des dialogues sans rythme ni crédibilité, une absence de sens ou alors une trop grande place à un message politique, moral, religieux… Chacun fera sa propre liste en fonction de ses difficultés d’écriture. Pour moi, à partir de ce livre dont je vous parlais tout à l’heure, je me suis promis de Faire attention à la psychologie des personnages, en particulier des personnages historiques. Une jeune campagnarde du XVIIème ne peut pas avoir les mêmes rêves qu’une lycéenne contemporaine ! Donc, faire des recherches sur les faits, mais aussi les façons de vivre, de penser… Ne pas faire du suspens pour faire du suspens… Si vous accumulez du mystère alors qu’il n’y a rien à cacher, vous ne faites que manipuler le lecteur. Si découverte il y a, il faut qu’elle ait aussi un effet sur le lecteur. Eviter les belles phrases qui ne servent à rien. C’est aussi ridicule que les tops modèles qui se pavanent devant des voitures. Eviter la grandiloquence, le sentimentalisme, le pathétique. Les émotions, il faut que le lecteur les ressente, il n’a pas besoin qu’on les lui explique ! J’aime que l’histoire me dise quelque chose, qu’elle me montre le monde et m’explique une partie de l’existence ou alors qu’elle soit un bon divertissement, efficace et assumé. En tant que lecteur, je donne du temps au livre. J’attends donc qu’il m’apporte quelque chose en retour. Voilà mes pistes d’écriture ou plutôt de réécriture. J’espère qu’elles m’aideront à traquer ce que je n’aime pas et ainsi éviter nombre de chausse-trappes. A vous de faire la vôtre, en fonction de vos besoins et de ce que vous attendez d’une «  bonne lecture ». Imaginer en contre-pied ce que serait le texte idéal ; Si vous trouvez que c’est voir les choses trop en négatif, vous pouvez aussi faire la démarche inverse : Si je n’ai pas aimé tel élément, c’est que pour moi, dans le livre idéal, il devrait y avoir au contraire tel autre élément. Par exemple : je n’aime pas les phrases qui ne servent à rien. Donc mon texte idéal serait suffisamment concis pour que chaque mot soit nécessaire. L’esthétique ne se trouverait pas dans une accumulation de mots mais dans le choix de chaque parole, chaque phrase, chaque figure littéraire. Un de mes objectifs de relecture sera donc de supprimer tout ce qui n’est pas indispensable. Encore une fois, à vous de vous constituer votre propre grille d’écriture. Bref, lire est essentiel et lire de façon critique est un outil fondamental. Alors à vos bouquins -bons et mauvais livres- et n’oubliez pas d’y revenir plusieurs fois : au moins une fois pour apprécier l’histoire et une fois pour voir ce que vous pouvez en apprendre. Bonne lecture ! [wysija_form id=”1″] [1] Nancy Huston, L’Espèce fabulatrice, Actes Sud, Arles, 2008, coll. Babel.

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L'atelier d'écriture de Gabriel García Márquez

L’atelier d’écriture de Gabriel García Márquez : « Comment raconter une histoire ».

Trois conseils d’écriture de Gabriel García Márquez. Avouez-le, le titre donne envie ! Un atelier d’écriture animé par un Nobel, par l’auteur de livres aussi divers et somptueux que Cent ans de solitude, Chronique d’une mort annoncée ou L’amour au temps du choléra ! C’est un rêve devenu réalité. Pourtant, il me semble qu’à moins d’être un passionné de l’écrivain colombien, ce n’est pas non plus un ouvrage indispensable. Tout simplement parce qu’il ne s’agit pas d’un essai ou d’un livre de conseils. En fait, c’est la transcription des ateliers menés par García Márquez dans les années 80. Pas un livre à courir acheter donc, sauf pour trois conseils généraux, que chaque (aspirant) écrivain devrait toujours garder en mémoire. MODESTIE, AMBITION, MOYENS : les trois paramètres qui aident à faire le bon écrivain. Tout au long des ateliers de García Márquez, ces trois éléments, reviennent régulièrement. Et ce ne sont pas seulement des qualités qu’il propose mais bien une mise en pratique. La MODESTIE : ne pas avoir peur de couper. En premier lieu, il faut savoir accepter la critique et être soi-même critique vis-à-vis de son travail. Il faut écouter ce que disent les autres. Ne pas avoir peur de (beaucoup) couper. Ne pas hésiter à transformer, recommencer, même si vous avez l’impression que « ça fait bien ». Il faut apprendre à couper, à refaire. Un bon écrivain se reconnaît moins à ce qu’il a publié qu’à ce qu’il a jeté à la poubelle. Évidemment les autres n’en ont pas conscience mais lui, si. Il sait ce qu’il enlève, ce qu’il réécrit, ce qu’il améliore. Quand on recommence quelque chose c’est qu’on est sur la bonne voie [1]. L’AMBITION : La fictionmanie serait-elle le nouveau mot pour ceux qui sont obsédés par la création d’histoires ? Quoi qu’il en soit, le conseil de García Márquez, c’est de travailler et surtout de vous donner les meilleurs modèles. En résumé, vous voulez devenir écrivain ? Ce n’est pas suffisant, vous devez vouloir devenir le « meilleur écrivain ». Pour pouvoir écrire, on doit être persuadé qu’on est meilleur que Cervantès : sinon, on devient pire qu’on ne l’était en réalité. Il faut viser haut, essayer d’aller loin.[2] Les MOYENS : Travailler l’histoire et travailler le style. Bien sûr, tout le monde sait que ce sont des fondamentaux. Alors voici ce que précise García Márquez. D’abord, l’histoire ne doit pas être évidente. Ce ne doit pas être la première idée qui vous vient à l’esprit. L’histoire doit être complexe, profonde, avec plusieurs niveaux et cela… sans que ça se perçoive trop à la lecture. Quant au style, le plus important, c’est qu’il doit s’adapter à l’histoire, la servir, la soutenir. D’accord, me direz-vous, mais comment faire tout ça ? Il n’y a pas de recettes miracles, seulement beaucoup de travail et beaucoup de lectures. Souvent, on croit « tenir » l’histoire, on se dit que tout est résolu, et puis on se met à l’écrire et on se trompe de tonalité, de style. Il peut arriver que cette erreur conduise à une impasse. Par chance, nous avons en nous un petit détecteur qui nous permet de rectifier –et je dis « par chance » parce qu’il y a des méthodes proposées pour écrire des scénarios mais la vérité, c’est qu’aucune n’a la moindre utilité. Tout simplement parce que chaque histoire contient sa propre technique de narration. Le défi du scénariste, c’est de la capter à temps[3]. La préface : Alexandre Lacroix, qui a écrit la préface, prêche pour sa paroisse. Le fondateur de l’école d’écriture Les Mots (Paris) profite de l’espace d’expression de cette préface pour tenter de définir et surtout vanter les ateliers d’écriture. Mais surtout, Alexandre Lacroix clarifie l’un des présupposés de García Márquez, la différence entre l’idée (de départ) et l’histoire (obtenue à l’arrivée). L’idée : L’idée, c’est quelque chose qui se transmet rapidement. L’idée peut s’expliquer en quelques paroles. Elle n’a pas besoin de la personnalisation ou de la complexité des personnages et/ou de l’univers du récit. L’histoire : A l’inverse, dans une histoire, il y a de la profondeur, de l’opacité, des obstacles. Si on la résume en quelques mots, on doit sentir qu’on y perd quelque chose. Pour qu’il y ait une histoire, il faut qu’un ou plusieurs personnages, nettement décrits et situés, rencontrent des obstacles sur leur route. L’idée est du côté de la solution, l’histoire du côté du problème. L’idée est lisse, l’histoire est rugueuse comme la réalité. Ou mieux, une idée, c’est une histoire qui couche avec son lecteur dès la première ligne ; une histoire digne de ce nom, c’est au contraire une créature farouche et mystérieuse qui ne se livrera qu’à la dernière page[4]. Et voilà, donc maintenant, à vous de vous mettre au travail ! [wysija_form id=”1″] L’atelier d’écriture de Gabriel Garcia Marquez, comment raconter une histoire. Paris, Seghers, 2017, traduction par Bernard Cohen et préface d’Alexandre Lacroix. 455 p. [1] Op.cit, p. 25 [2] Op.cit, p.25 [3] Op.cit, p. 28 [4] Op.cit, p. 12

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Appel à texte contraintes

Appel à textes.2 : jouer avec la narration, les narrateurs, les focalisateurs.

Appel à textes.2 de L’Echangeoir d’écriture ! Thème : libre Format : texte court, microfiction, fragments, petite nouvelle… Taille : 6000 signes maximum L’appel à textes.2 en résumé :  Ecrire un texte court pour expérimenter avec les techniques de narration. Le thème est libre mais chaque écrivain devra s’imposer un minimum de 2 contraintes d’écriture pour jouer avec les narrateurs et/ou focalisateurs (à définir soi-même et présenter avec la nouvelle).  

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L'angoisse et le suspens

Un atelier pour connaître et travailler le suspens

Qu’est-ce que le suspens ? Il y a quelques mois, nous avons réalisé dans le cadre de l’atelier « Du vent souffle sur les mots » une séance pour jouer avec le suspens. En voici un bilan, qui vous donnera je l’espère, de nouvelles idées d’écriture. Une petite mise au point : Contrairement à ce que l’on pense parfois, le suspens n’est pas réservé aux formes policières et ce n’est pas non plus une importation de la fiction américaine. Le terme apparaît en France au XIIIème siècle. A ce moment il désigne la suspension d’une charge (en résumé, un licenciement). Il incorpore l’idée de « perplexité, inquiétude » au XVème siècle. En 1826, Balzac utilise l’expression « tenir en suspens » pour la technique qui consiste à captiver quelqu’un, à tenir en haleine. Au fil du temps, le « suspens » conserve deux sens principaux : L’incertitude, voir l’angoisse en face de l’inconnu, en tout cas l’intérêt pour ce qui va suivre. La notion d’arrêt, d’attente, de retard de l’action ou de l’information. Le suspens dans la littérature en général : Techniques de suspens : Penser la notion de suspens comme la capacité à propulser l’intérêt du lecteur vers la suite de l’histoire permet donc d’identifier différentes techniques : Attirer l’attention sur un point de l’histoire sans donner toutes les informations et créer un questionnement autour de ces informations manquantes (c’est l’une des techniques du cliffhanger, pour donner envie aux lecteurs/spectateurs de s’attaquer à l’épisode suivant). Créer de l’intérêt pour un personnage et le mettre dans une situation incertaine, qui donne envie de savoir comment elle sera résolue. C’est aussi une pratique courante pour les fins de chapitre ou d’épisode. Générer de l’intérêt pour l’action, en insistant sur ses enjeux. Créer une atmosphère de crainte, annoncer des dangers. Retarder des informations ou des actions en le faisant savoir. Jouer avec des petites phrases lapidaires et qui donnent vraiment envie d’en savoir plus : “Quand je l’ai vu revenir, (…) j’ai compris qu’il y avait en lui cette forte suggestion d’un caractère qui accompagne toujours ceux qui sont porteurs d’une histoire, comme ceux qui sont porteurs d’un revolver. Mais je ne fais pas une vaine comparaison littéraire : il avait une histoire et possédait un revolver.” Antonio Muñoz Molina, L’hiver à Lisbonne. Thématique du suspens Donc, on peut créer de la tension avec n’importe quel sujet. Il suffit de savoir s’y prendre en soulignant l’enjeu et en dosant les informations : « J’imagine que l’on peut avoir un personnage qui accomplit un acte simple et intéressant –essayer de repêcher une alliance dans le conduit du lavabo, par exemple- et continuer un paragraphe de cinquante ou soixante lignes sans cesser de retenir l’attention du lecteur. Mais le lecteur n’aime pas être d’un seul coup plongé dans un océan d’informations, de faits compliqués qu’il a de la peine à relier aux personnages concernés, puisqu’il ne les connait pas encore. » Patricia Highsmith, L’art du suspens, mode d’emploi. Alors, n’hésitez pas. Créez du suspens avec un cadavre ou coquelicot si ça vous dit. Mais veillez à ce que votre lecteur attende les informations. Une simple affaire d’organisation ? Si le suspens n’est pas une affaire de thématique, ce n’est pas non plus qu’une histoire d’aménagement. En réalité, il s’agit d’organiser, mais d’organiser quelque chose de spécifique : le questionnement du lecteur, les « comment ?», les « et ensuite ? », les « quand ? » ainsi que les « pourquoi ? ». “Les romans sont des récits et ceux-ci (…) en tiennent en éveil le public qu’en l’amenant à se poser des questions et en différant les réponses qu’ils y apportent. On peut classer les questions en deux catégories, celles qui ont trait à la causalité (ex : qui est coupable ?) et celles qui ont trait à la temporalité (ex : qu’est-ce qui va arriver maintenant ? )”. David Lodge, L’art de la fiction.  Le suspens est donc, à mon avis, essentiellement un travail de réécriture.  Une fois que vous connaissez votre histoire, reprenez votre récit et organisez-le en fonction de son impact sur le lecteur. Jouer avec les règles du suspens : Ce n’est pas parce que le support du suspens est le questionnement qu’on doit le respecter à la lettre. Ainsi, Gabriel García Márquez est capable de nous tenir en haleine sur plus de cent pages. Pourtant, dès la première ligne, il nous annonce qui va être tué, par qui et pourquoi : “Le jour où il allait être abattu, Santiage Nasar s’était levé à cinq heures et demie du matin pour attendre le bateau sur lequel l’évêque arrivait.” Gabriel Garía Márquez, Chroniques d’une mort annoncée.  Ici le suspens ne tient donc plus sur le qui, ni le pourquoi, mais sur le comment et les manières d’y échapper. C’est une question de style, d’audace et d’organisation du récit. Le suspens dans le policier ou le thriller : Le genre policier (policier, polar, thriller…) étant basé sur une question ou la résolution d’une énigme, il est normal que le suspens en soit devenu un élément fondamental. On y retrouvera en fait, les mêmes ingrédients. Ils seront néanmoins renforcés par l’utilisation d’un schéma entièrement basé sur le questionnement (l’enquête et la résolution des « pourquoi » et « comment ») ainsi que des thématiques propres à faire monter l’angoisse autour de la situation des personnages (mort, menaces, violence de toutes sortes, tensions psychologiques…). Notre atelier : Principe de l’atelier : Il s’agissait de créer de l’intérêt, voir une angoisse, ainsi que des questionnements à partir d’objets du quotidien. Pour cela, les participants ont écrits des textes à partir de quelques photos (une natte de plage, une toupie…). Attention, la maîtrise du suspens est avant tout une affaire de réécriture. Donc une fois le texte écrit, il y a eu un temps de relecture pour réorganiser les idées et souligner les questionnements. N’hésitez pas vous aussi à écrire une première fois votre idée d’histoire. Ensuite, retravaillez le récit pour en souligner les attentes et retarder les réponses. Quelques textes des participants : La_natte_sur_la_plage La_toupie Sources : Étymologie et lexicographie du mot “suspens” : CNRTL Antonio Muñoz Molina, L’hiver à Lisbonne, Paris, 1987, Le Seuil, p. 20, traduction de Philippe Bataillon. Patricia Highsmith, L’art du suspens, mode d’emploi, Paris, Presses Pocket,

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Résolutions d’écriture pour 2018.

Tout au long des mois de janvier et février, nous vous avons proposé différentes résolutions d’écriture. Aujourd’hui, c’est à vous de choisir celles qui vous intéressent le plus, afin que nous les traitions dans le courant de l’année. Un petit sondage :  Nous vous proposons donc de remplir le questionnaire suivant (c’est rapide, il n’y a que trois questions !) en cliquant ICI Dites-nous tout et n’hésitez pas non plus à nous faire de nouvelles suggestions, nous souhaitons bien sûr partager notre expérience, mais surtout vous être utile ! Les résolutions d’écriture : Et pour mémoire, ou pour ceux qui ne suivent pas notre page facebook, voici un rappel de toutes ces résolutions.               A très bientôt ! [wysija_form id=”1″]

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narrateur "tu". Maladie de Sachs

Narrateur, focalisateur : Quelques expériences d’auteurs pour relancer notre créativité.

C’est en s’appuyant sur les découvertes des autres que l’on fait grandir notre propre créativité. Donc, pour clore notre série sur le narrateur et le focalisateur, voici quelques expériences et innovations. A vous d’y puiser ce qui pourra servir vos propres projets, vous ouvrir de nouvelles portes d’écriture. Le regard de l’enfance : Ce que savait Maisie (Henry James) : Je vous en ai déjà parlé, Ce que savait Maisie est un tour de force en matière de narration. Maisie a cinq ans quand ses parents divorcent. Elle suit les tribulations de leur séparation, nouvelles rencontres, nouvelles séparations et perçoit aussi la dégradation de leur affection pour elle. La particularité du roman, c’est que tout est raconté à travers les yeux de Maisie : ce qu’elle entend, comprend ou ne comprend pas. Pourtant, elle n’est pas le narrateur, juste le focalisateur. Le comportement des adultes et leur impact sur l’enfance est ainsi remarquablement mis en scène. Le lecteur, quant à lui, est totalement attrapé dans les méandres des  incompréhensions enfantines. NB :On pourrait rapprocher le livre de James de Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur (Harper Lee), sauf que dans ce dernier, deux voix se superposent. Ainsi, il y a celle de l’enfant et celle de l’adulte qui, plus tard, se souvient et organise la narration pour lui donner son sens. A travers les yeux des autres : La maladie de Sachs : Le docteur Sachs est le personnage principal du roman. Pourtant, il n’a quasiment jamais la parole. En effet, tout passe par des personnages secondaires (patients et proches) qui se transmettent la narration de chapitre en chapitre. Un texte prenant et très original. En entrelaçant les points de vue, il permet de reconstituer des vies tout en laissant au lecteur une large capacité d’interprétation. Surprenant et passionnant. – Eh bien, je ne sais pas par où commencer… Tu hoches la tête, Mmmhh. Tu pivotes vers les étagères, tu fouilles dans une des boîtes grises. Tu en sors une enveloppe brune. Tandis que je t’explique le motif de ma venue, tu sors de l’enveloppe un bristol quadrillé au format carte postale et tu le poses sur le plateau de bois peint ; tu tires un stylo plume noir de la poche de poitrine de ta blouse, tu dévisses le capuchon, tu l’ajustes sur le corps du stylo, tu tires un trait sur le bristol, tu marques la date près du bord gauche.   Autofiction, mythofiction, témoignage… : auteur et narrateur dans le texte. C’est la mode, répète-t-on, du retour sur soi. Certes, le postmodernisme a ses sujets préférés et l’autoanalyse flagellante ou bienveillante en fait partie. Quoi qu’on pense du sujet, il faut bien reconnaître que cela a amené d’intéressants jeux de narration.  Voici trois romans qui jouent avec l’implication de l’auteur dans son texte, à travers différentes formes de narrateur,  tant au niveau formel, de l’histoire ou du message transmis. HHhH (Laurent Binet)   Dans HHhH, Laurent Binet met en scène sa fascination pour un moment de la II Guerre Mondiale. Mais, sans doute, ce ne sont pas les faits racontés qui ont fait le succès du livre. Sa principale force réside dans le point de vue de narration, avec les doutes d’un auteur en proie aux exigences contradictoires du respect de la vérité historique et de la recherche stylistique du texte littéraire. C’est ce choix de narrateurs qui donne une nouvelle dimension au texte, qui force aussi le lecteur à voir au-delà de l’anecdote.     J’essaie d’imaginer le voyage. De son côté, lui essaie naturellement d’être le plus discret possible. Il parle allemand, certes, mais je ne suis pas sûr que son accent soit au-dessus de tout soupçon. En même temps, l’Allemagne n’est pas encore en guerre et les Allemands, même chauffés par les discours du Führer sur la juiverie internationale et l’ennemi intérieur, ne sont pas pour autant sur le qui-vive qu’ils pourront le devenir. Par précaution cependant, Moravec choisit sans doute, pour acheter son billet, le guichetier dont la mine lui semble la plus avenante, ou l’air le plus demeuré.    D’après une histoire vraie versus Le royaume des voix.  D’après une histoire vraie  (Delphine de Vigan) indique la couleur dès le titre. Entre témoignage et fiction, l’auteur va jouer avec les événements vérifiables et ceux qui ne le sont pas. De Vigan entraîne le lecteur dans un dédale où le texte n’est plus seulement à lire pour lui-même. Il s’agit plutôt d’une façon (trompeuse ?) de s’approcher d’elle et de sa vision de l’écriture. Le texte fait un peu trop télé-réalité à mon goût. Je préfère les mythofictions à la Muñoz Molina dans Le royaume des voix. Dans ce cas, l’auteur se sert de sa propre expérience mais le but n’est pas de parler de lui-même. Il s’agit à travers une grande fresque familiale de reconstituer une époque, un lieu, un monde en train de disparaître. Laetitia   On pourrait dire que le livre de Jablonka est le contre-pied des deux avant-derniers exemples. Au contraire de HHhH et D’après une histoire vraie, si l’auteur s’implique dans le narrateur, c’est pour mieux marquer la distance, pour mieux tenter de montrer les faits nus. Il écrit en historien et en sociologue tout en retraçant une vie le plus fidèlement possible. Là encore, c’est la position de narration qui est le moyen privilégié pour l’auteur de venir à bout de son projet.     Je ne connais pas de récit de crime qui ne valorise le meurtrier aux dépens de la victime. Le meurtrier est là pour raconter, exprimer des regrets ou se vanter. De son procès, il est le point focal, sinon le héros. Je voudrais au contraire, délivrer les femmes et les hommes de leur mort, les arracher au crime qui leur a fait perdre la vie et jusqu’à leur humanité. Nous pas les honorer en tant que « victimes », car c’est encore les renvoyer à leur fin ; simplement les rétablir dans leur existence. Témoigner pour eux.   Et pour vous, quelles sont les voix narratives qui vous ont le plus marquées ?

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qui réalise l'acte de décrire ?

Les focalisateurs : voir l’action à travers un regard

Qu’est-ce que les “focalisateurs” ? “Focalisateurs”, encore un terme technique ! Mais surtout, encore une astuce d’écriture à connaître et prendre en compte.  Le focalisteur, comme nous l’avons déjà dit, est celui à travers qui le lecteur regarde l’action… Grâce à lui, nous avons accès à un plus ou moins grand nombre d’informations selon qu’il s’agisse d’un focalisateur neutre, personnage ou général. Plus souple que le narrateur, il peut évoluer à l’intérieur d’un même texte et créer ainsi des effets intéressants. Trois focalisateurs avec lesquels jouer : Il existe trois types de focalisation, qui permettent de varier l’amplitude des connaissances auxquelles le narrateur, et donc le lecteur, auront accès : FOCALISATION ZERO : le narrateur a accès à tous les points de vue des personnages et passe comme il veut de l’un à l’autre. C’est souvent le cas lorsque l’on a un narrateur externe (hétérodéigétique). FOCALISATION INTERNE : le narrateur n’a accès qu’à la perception d’un personnage. Le plus souvent c’est le cas d’un narrateur personnage. Mais il peut s’agir aussi d’un narrateur externe qui raconte depuis le point de vue d’un seul personnage comme dans Ce que savait Maisie. FOCALISATION EXTERNE : le narrateur n’a pas accès à l’intériorité des personnages. Il ne voit que ce qui se passe, comme un œil extérieur, sans être capable de saisir les pensées, émotions, raisonnements… Comme une caméra. Un exemple pour plus de clarté : Une image étant plus facile à comprendre qu’un discours, je vous propose de regarder les exemples de l’infographie. Dans les trois cas, le lecteur se trouve face à la même situation, avec un narrateur hétérodiégétique (qui raconte le récit du dehors, à la troisième personne). Ce qui change c’est le point de vue porté sur l’action. FOCALISATION ZERO : Dans le premier exemple, le lecteur « perçoit » l’information grâce à un focalisateur qui sait tout. Il sait ce que pense Jean, ce que ressent sa femme, et même la suite de l’histoire. Il s’agit de la focalisation zéro. On parle aussi parfois de narrateur omniscient. FOCALISATION INTERNE : Dans le deuxième cas, le lecteur perçoit la même chose que Jean, ni plus ni moins. C’est donc une focalisation interne, depuis l’intimité d’un personnage. Il ne peut y avoir d’explication ni de données sur l’épouse. FOCALISATION ZERO :Dans le troisième cas, on « voit » les personnages depuis l’extérieur, mais on ne sait rien de leur intériorité. C’est la focalisation externe. Jouer avec la focalisation Dans un roman, lorsque l’on a un narrateur hétérodiégétique, on peut passer de l’une à l’autre des focalisations, parfois sans même sans rendre compte. Cela peut d’ailleurs créer des effets intéressants : Effet de zoom, si l’on va d’une focalisation externe jusqu’à une focalisation interne. Impression de multiplication, si l’action est successivement rendue par la focalisation interne de plusieurs personnages. Effet d’empathie, si quelque chose est transmis par le regard d’un personnage, on a l’impression de réagir « avec lui ». … A vous de voir comment vous souhaitez doser l’information donnée au lecteur. Et n’oubliez pas que jouer avec la focalisation, c’est choisir par quel biais la donner pour qu’elle soit plus percutante, plus plaisante, plus adaptée à votre texte ! Bibliographie : Vincent Jouve, La poétique du roman, Armand Colin, 200, chp.2. Pour suivre l’actualité de l’Echangeoir d’écriture, abonnez-vous à l’infolettre : [wysija_form id=”1″]

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résolutions d'écriture

Belles résolutions d’écriture pour 2018, lesquelles seront les vôtres ?

Voici venus la nouvelle année et le temps des bonnes résolutions. Quelles seront les vôtres pour mieux écrire ? Un mois de résolutions d’écriture pour 2018 Tout le mois de janvier, je vous soumettrai sur Facebook et Twitter des résolutions d’écriture pour vous aider à faire de 2018 une année créative, productive, heureuse, généreuse, pleines de mots, de phrases, de textes, de découvertes et de réussites. Enfin, à la fin du mois, je vous proposerai de voter pour vos cinq résolutions préférées. Ainsi, je préparerai des articles adaptés pour mieux vous accompagner. Alors, vous êtes prêts ? D’avance, je nous souhaite donc à tous une très belle année d’écriture ensemble ! (Et surtout, n’hésitez pas non plus à nous transmettre vos motivations pour écrire, nous les intégrerons !).

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La narration en résumé

Narration, narrateurs, focalisateurs, le RETOUR !

Retour sur les techniques de narration Au mois de septembre, nous avions commencé un parcours autour des techniques de narration. L’objectif était de mieux comprendre et utiliser les notions de narrateurs et focalisateurs. Et puis, je me suis trouvée embarquée dans une formation très intéressante et très intense qui m’a demandé beaucoup de temps… Mais je ne vous ai pas oubliés ! Et j’ai même appris de nouvelles choses à partager avec vous, de quoi rendre le blog encore plus beau, plus intéressant, plus lisible ! La narration en résumé:  Alors pour commencer, je vous propose de reprendre notre aventure dans les voix/es d’écriture par un bref résumé en image : Vous vous souvenez ? L’auteur écrit le livre. Le(s) narrateur(s) raconte(nt) l’histoire. Le(s) focalisateur(s) voi(en)t l’action. et en ajoutant ses différentes strates, on obtient le système narratif d’un texte. Apprendre à jouer avec la narration Mais ce qui est vraiment génial, c’est qu’en jouant avec ses différentes instances, on peut totalement modifier l’aspect d’un roman ou d’une nouvelle. On peut produire des effets différents sur le lecteur, créer du suspens, faire passer des informations… En parlant de suspens, c’était juste un article pour se remettre dans le bain… Mais la semaine prochaine, je vous inviterai à découvrir différentes façons de s’approprier le narrateur ! Un instrument de taille pour votre boite à outils d’écrivain !

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