L'Echangeoir d'Ecriture

conseils de lecture

Jane Austen, lettres

Ecrire avec Jane Austen : Du fond de mon cœur, lettres à ses nièces.

  Vous n’avez jamais rêvé de recevoir les conseils de votre auteur préféré ? Avec Jane Austen, c’est presque possible. Je m’explique. Jane Austen avait plusieurs nièces qui écrivaient et lui envoyaient leurs textes. Bien que de nombreuses lettres aient été détruites, certaines ont été préservées et récemment traduites. Grace à elles, voici les grandes lignes de l’art d’écrire selon Jane Austen. Un credo de Jane Austen : la liberté de l’auteur Jane Austen le répète, c’est l’auteur qui a le dernier mot, et toutes ses critiques sont faites de façon à ne pas blesser. Elle argumente et justifie ses remarques, plaide pour l’humour et le plaisir d’écriture. Enfin, elle refuse de se plier aux modes et surtout elle encourage «  Je t’en prie, continue ! ». Un exemple à suivre pour bien des animateurs et bêta-lecteurs ! Approfondissement et  refus des clichés. Que ce soit au niveau de la construction de l’histoire, des personnages ou du style, Jane Austen rappelle l’importance d’aller au bout des choses, sans accepter la paresse du déjà-vu. Elle encourage toujours à refuser les expressions toutes faites, les personnages conventionnels et n’hésite pas à se moquer des livres qui y ont recours. Je crains qu’Henry Mellish ne soit trop proche du classique Héros de Romans : un jeune homme séduisant, aimable et irréprochable (comme il en existe si peu dans la vraie vie). [p. 34.] De la même façon, elle applaudit les efforts pour donner de la profondeur, refuse le manichéisme. Pour Jane Austen, un personnage un peu ambigu est  « bien plus intéressant ainsi que s’il avait été totalement bon ou affreusement mauvais ». J’imagine que vous êtes d’accord sur le principe, mais il est bon de le rappeler. Nous savons tous qu’il peut être difficile de doter ces personnages que nous chérissons tellement de failles ou de (vrais) défauts. De la  logique et  de la vraisemblance, les piliers d’écriture de Jane Austen. Pour Jane Austen, il faut être crédible aux yeux du lecteur. Inutile, dit-elle à l’une de ses nièces, d’accompagner tes personnages en Irlande, puisque tu n’y as jamais été. Qu’ils fassent leur voyage, mais pas de descriptions que des lecteurs pourraient juger fausses. De la même façon, les personnages doivent agir en fonction d’une seule et même personnalité, tout au long du roman. « Souviens-toi, elle est très prudente ; te ne peux la laisser agir de façon inconséquente ». Enfin, elle rappelle la nécessité de la vraisemblance. A ce niveau, elle fait une remarque que tout écrivain devrait garder en tête : ce n’est pas parce que quelque chose est vraiment arrivé, que ce sera acceptable dans un roman. J’ai supprimé le passage où Sir Thomas conduit en personne les autres hommes à l’étable le jour même où il s’est cassé le bras. Car, bien que ton Papa ait pu sortir se promener tout de suite après avoir soigné sa fracture du bras, c’est tellement inhabituel que cela ne me paraît pas naturel dans un livre.[ p. 23]   Oublier son égo d’auteur et supprimer tout ce qui ne sert à rien. Tout auteur s’est trouvé un jour devant ce dilemme : un passage que l’on aime mais qui ne sert à rien. Jane Austen nous rappelle toute l’importance de savoir supprimer, tout en reconnaissant que cela peut nécessiter un peu de temps. J’espère qu’une fois que tu auras bien avancé, tu te sentiras capable de supprimer certaines des scènes précédentes. Celle avec Mrs Mellish doit être éliminée : elle est insipide et n’apporte rien à l’intrigue. [ p. 32] De la même façon, elle invite à être concise et à ne pas confondre plaisir d’écriture et plaisir pour la lecture : Tu dépeins un lieu fort agréable ; cependant tes descriptions sont souvent trop minutieuses pour rester attrayantes. Tu te disperses et donne trop de détails de-ci de-là. [ p. 29] Et oui, encore un auteur qui nous dit qu’écrire c’est aussi effacer… Pour le plaisir, une dernière citation : Pour terminer en beauté, voici l’un de mes passages préférés où l’on retrouve le ton caustique et la liberté d’idées de Jane Austen.  Elle écrit à sa nièce Anna à propos d’un de ces personnages: Je préférerais que tu ne le fasses pas plonger dans un « Tourbillon de Débauche ». Je n’ai aucune objection pour la chose en elle-même mais je ne puis souffrir cette expression ; c’est une image littéraire tellement rebattue et si ancienne que j’ose affirmer qu’Adam la rencontra lorsqu’il ouvrit le premier roman ». [p. 36] N’hésitez pas à vous découvrir le livre, s’il ne parle pas entièrement d’écriture (seule la première partie en traite vraiment), il vous permettra de voir la distance entre l’auteur et ses personnages. Et ça, c’est aussi un élément à rechercher pour tout écrivain qui souhaite toucher ses lecteurs. Bonne lecture /écriture et à bientôt. Jane Austen, Du fond de mon cœur, lettres à ses nièces, Ed. Finitude, le livre de Poche, 2015, 185 p.

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Campbell, le voyage du héros

Joseph Campbell, Les héros sont éternels, des étapes pour créer un héros

L’objet du livre de Campbell : découvrir la structure interne du parcours héroïque Le livre de Campbell[1] analyse mythes et  contes pour en découvrir la structure.  Facile à lire, avec des extraits de contes à l’intérieur des explications, il suggère beaucoup d’idées. Sur certains aspects cependant, le texte est assez fantaisiste. N’allez pas y chercher des vérités psychanalytiques! Mais c’est une vraie mine si vous souhaitez des informations pour organiser vos histoires ou découvrir (de façon très rapide) comment les narrations peuvent influencer les lecteurs. Utilisation et adaptation : dans quel type d’écriture ? Bien sûr, Campbell s’intéresse au conte, mais si vous faites attention aux étapes proposées, vous verrez qu’elles sont adaptables à bien d’autres genres. Fantasy, aventure, polar, roman initiatique ou d’apprentissage…  Tous contiennent et utilisent ce type de structure. On sait d’ailleurs que l’ouvrage a servi pour le scénario de Stars War ou  Matrix. Donc, une excellente trame que vous la suiviez… ou que vous la détourniez ! Le voyage du héros, douze étapes clés. Dans son livre Campbell présente trois grands moments de l’évolution du héros qui contiennent chacun plusieurs éléments (étapes de séparations, étapes d’initiations, étapes de retour). En réalité, le plus intéressant, c’est qu’à partir de ce livre, douze étapes ont été catégorisées, permettant ainsi d’obtenir une structure « idéale » du parcours héroïques. Les voici résumées pour vous : Le monde ordinaire : étape introductive pour décrire l’univers du l’histoire. Le héros ne se démarque pas encore. L’appel de l’aventure : un pays lointain, une forêt, un sous-marin, un geste maladroit… c’est l’élément perturbateur qui intervient (à vous de trouver à quel(s) texte(s) les exemples renvoient !). Réticences du héros : le personnage a ses limites. Cette étape permet de voir ce qui est « perfectible » en lui. La rencontre du « guide » : une figure protectrice qui servira de mentor. Le passage du seuil : il faut sortir du cocon protecteur et prendre des risques. Dans les contes, il y a pour symboliser ce moment, des torrents, des dragons… A vous de trouver comment dire le point de non-retour dans votre histoire. Les épreuves, alliés et ennemis : ils préparent le héros à l’épreuve suprême, lui permettent de se tester et d’acquérir de nouvelles capacités. Le lieu dangereux : il peut s’agir d’un lieu ou d’une rencontre, qui servira de cadre ou d’enjeu à la dernière épreuve. Épreuve suprême :  le héros affronte la mort (même symbolique) Appropriation de l’objet de la quête (qu’il s’agisse d’une situation sociale, d’une conquête amoureuse, d’un objet…) Retour et parfois nouvelles épreuves avant de ramener l’objet de la quête. Le héros, transformé par l’expérience acquiert un nouveau statut (mariage, position sociale, reconnaissance de son art…). Retour au monde ordinaire : personnage perd son statut de héros pour laisser la place à d’autres quêtes. On trouve des parcours similaires dans les contes bien sûr, mais aussi dans les mythes de passage à l’âge adulte. Il est même discernable dans La flûte enchantée, L’éducation sentimentale et certains romans contemporains ! Intérêt du parcours : L’intérêt principal de ce parcours n’est pas d’avoir une structure à respecter à la lettre, mais plutôt de jouer avec. La garder en toile de fond permets d’avoir des moments symboliques pour faire évoluer l’histoire et le personnage. Enfin, cela donne une strate de significations supplémentaires au texte et permet aussi d’en vérifier l’harmonie et l’organisation. A vous donc, de vous amuser avec ! [1] Le livre a été traduit sous deux titres différents : Le héros aux mille et un visages ou Les héros sont éternels. © Pixabay, CC0 © 2015, L’Echangeoir d’écriture

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pour guider les écrivains sur le net

Bons plans pour écrivains sur le net (1/2 pour l’écriture)

C’est déjà une lapalissade que de dire que le net fourmille de bons plans mais qu’il est difficile de s’y repérer. Néanmoins, avec un peu d’obstination, on finit par s’y retrouver et j’ai pu accumuler de bonnes références pour les écrivains. Je ne prétends pas être exhaustive, aussi n’hésitez pas à compléter en ajoutant vos références favorites. Comme l’article de départ était vraiment long, j’ai décidé de le diviser en deux : aujourd’hui, les bons plans pour écrire et la semaine prochaine ceux pour rendre vos textes publics et être lus. Bons plans pour écrivains : sites-outils pour la langue et pour l’écriture Pour améliorer la langue : Avant même de se plonger dans la fiction, quelques petites références pour améliorer son vocabulaire, son orthographe ou la correction de la langue (le basique des écrivains!). Questions de vocabulaire CNRTL : vous cherchez un synonyme, un mot proche, une définition ? Le Centre National des Ressources Textuelles CNRTL (outil du CNRS) est là pour vous. En cliquant sur l’onglet « Portail lexical » (flèche rouge) vous accéderez aux recherches de synonymes,  aux significations (lexicographie), antonymes et proxémie (flèches vertes). Vous pouvez facilement rebondir d’un mot à un l’autre, affiner le sens, trouver des utilisations. J’aime beaucoup l’onglet « proxémie » qui permet de se créer une carte mentale autour de chaque mot. C’est écrit petit, mais en passant la sourie (flèche rouge) le nom s’agrandit. En cliquant sur cluster ou liste, les mots s’affichent regroupés par thème. Un outil génial pour varier son vocabulaire (en faisant attention bien sûr à ne pas verser dans le précieux !). Question d’orthographe Et si c’est l’orthographe que pose problème ? (comme moi hélas). Il y a toujours Antidote. Problème, c’est payant. Il y a aussi le Robert Correcteur, également payant. Les logiciels libres ne sont guère plus efficaces que les correcteurs intégrés dans vos traitements de texte.  Moi, je ne suis pas riche, alors je préfère passer du temps à me relire, même si je sais que je suis loin d’être efficace. A ce propos, si vous souhaitez vous améliorer en orthographe, il y a le Projet Voltaire. Payant lui aussi, mais au moins, il vous offre une formation (avec certification) et une indépendance finale. On peut même faire un test gratuit. Un jour, je m’y mettrai ! Bon plan pour écrivains: utiliser des logiciels d’écriture ? (SCRIBBOOK) Plongeons-nous au cœur de l’action : l’écriture créative ou plutôt, le côté rédaction, mains dans le cambouis.  Words et assimilés sont certes très pratiques, mais il existe aussi plusieurs logiciels pour vous accompagner dans la création littéraire. (Mais si, moi aussi j’étais sceptique au début et finalement…) Le plus célèbre de ces logiciels est sans doute Scrivener, mais il est payant –et cher-. Depuis quelques temps déjà, j’utilise Scribbook. La plateforme est facile, déjà dotée de nombreuses fonctionnalités même si ce n’est encore qu’une version Alpha. En plus, c’est gratuit (pour l’instant). Pour être honnête, je ne peux vous parler que de celui-là, parce que comme j’y suis à l’aise, je n’ai pas été chercher ailleurs ! Ce que j’y apprécie surtout ce sont les possibilités d’organisation, l’onglet synopsis qui permet de garder en tête son projet, ainsi que certaines modalités de comptage ou de travail en mode « sans distraction ». Pour plus de détails, je projette un article uniquement consacré à Scribbook. Je vous en ferai découvrir les principales fonctionnalités et en prime, nous aurons quelques échanges avec le concepteur, Jonathan. Mais si vous ne connaissez pas, n’hésitez pas à déjà aller y faire un tour. Pour l’écriture créative : Les sites de conseils et de ressources d’écriture sont légions. J’ai souvent tendance à les trouver répétitifs et peu approfondis. Mais il me semble que les cinq que vous trouverez ci-dessous font vraiment exceptions. Je vous laisse les découvrir (en espérant cependant que vous me resterez fidèles !) L’Inventoire : La revue littéraire d’Aleph-Ecriture, foisonne de bonnes idées, références, pistes de travail et de lecture. J’apprécie tout particulièrement les nombreux appels à textes de l’Atelier ouvert (à partir de textes contemporains et toujours parfaitement expliqués et commentés), ainsi que les interviews d’écrivains. Pour les animateurs d’atelier d’écriture, il y a aussi souvent des articles intéressants. En plus, le site est clair et agréable visuellement. Remue.net et le Tiers-Livre : Autant le dire, je n’aime pas la présentation visuelle. Mais il faut passer outre. La page Remue.net (maintenant un collectif) et le Tiers-Livre ont tous deux été lancés par l’auteur, éditeur et animateur François Bon. Les deux sites fourmillent d’idées d’écriture, d’analyses, de conseils, de fils à tirer… Le principal inconvénient pour moi, c’est la difficulté de s’y repérer, mais l’effort en vaut la peine. Sur le Tiers-Livre, une partie des contenus n’est pas en accès libre, mais pour une fois, ce n’est pas un gros frein ; pour 30€ vous avez un accès indéfini à l’ensemble des ateliers d’écriture, articles, livres en ligne… Il faut prévoir un peu de temps, mais ce sont vraiment deux sites à explorer. D’ailleurs, je pense que je vous en ferrai aussi une présentation détaillée un peu plus tard. Entre2lettres : Le blog de Pascal Perrat part de concepts très différents de ceux de l’Inventoire. Plus basées sur la créativité libre et moins sur l’écriture littéraire, les propositions de Pascal Perrat vous aident à lâcher la bride à votre imagination. A la fois amusant et porteur, j’aime bien y faire un tour de temps en temps. A noter également, le « détecteur de cliché ». Vous entrez votre texte et on vous indique tous les topiques que vous avez utilisés. Très utiles, même quand on fait attention ! La cause littéraire : Vous cherchez des lectures différentes ? Vous voulez un autre regard sur des classiques ? Lire des auteurs débutants mais talentueux, des inédits ? La Cause Littéraire est une sorte d’immense magazine sur la littérature. Un indispensable pour être au courant de l’actualité littéraire. (A noter, les chroniques sont fait par les internautes, vous pouvez tenter d’envoyer les vôtres. Ils publient aussi parfois des fictions, à voir si vous entrez dans leurs critères). Scenario-Buzz : Comme son nom l’indique, il s’agit d’un blog sur l’écriture de scénario.  Mais vous

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art du roman, cit complexité

Penser l’écriture avec L’art du roman, Milan Kundera

  Pourquoi (re)lire L’art du roman Je ne sais pas si c’est pareil pour vous, mais après trois semaines sur la nouvelle, j’ai envie d’autre chose. En fouillant dans ma bibliothèque, j’ai retrouvé L’art du roman. Je me suis rappelé à quel point ce livre m’avait paru enrichissant. Après tout, le roman, ce n’est pas seulement, une nouvelle un peu longue… Et le livre de Kundera offre des clés et des pistes pour tout amateur de littérature et tout écrivain qui veut penser l’écriture.

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tant de formes de nouvelle...

Lire des nouvelles: petite bibliographie pour s’inspirer, se faire plaisir.

Nos conseils d’écriture vous ont donné envie de lire des nouvelles ? Ou, sans doute, en aviez déjà envie ? Voici la petite bibliothèque de nouvelles de L’Echangeoir d’écriture (Bien sûr, elle est encore en construction, donc, non exhaustive) Lorsque c’est possible, je vous ai mis les liens pour lire directement la nouvelle sur le web, mais bien sûr, n’en n’oubliez pas les librairies ! Et, si vous vous posez la question, les titres en italiques sont des titres de recueil, ceux entre guillemets, sont les titres de nouvelles indépendantes. Pour vous retrouver voici la table des matières : Lire des nouvelles, nos coups de cœurs Découvrir les nouvelles classiques Le foisonnement du XIXème et début XXème Nouvelles contemporaines. Lire des nouvelles, nos coups de cœurs A découvrir en priorité: Maupassant, « La parure », « Une vendetta », « La dot », « Un lâche ». Difficile de choisir. J’aime particulièrement les deux premières pour leur ingéniosité et la violence de la chute, la troisième pour l’opposition entre candeur et cruauté et la dernière pour l’extraordinaire montée en puissance du thème. Maupassant reste un maître, quel que soit ce que vous écrivez. Stephen Zweig, Vingt-quatre heures dans la vie d’une femme, Lettre d’une inconnue, la confusion des sentiments, La collection invisible, Les prodiges de la vie. http://beq.ebooksgratuits.com/classiques/Zweig-femme.pdf.  Bon, vous l’aurez compris j’ai encore du mal à choisir… J’aime chez Zweig son élégance d’écriture, sa délicatesse pour traiter tous les sujets et en même temps sa capacité à dire, exactement et avec humanisme les sentiments humains. Vingt-quatre heures… est sans doute le texte le plus connu et peut-être l’un des plus marquants mais les autres sont aussi profonds et impressionnants. Anton Tchekhov,  Les meilleures nouvelles de Tchekhov, un recueil pour comprendre l’importance de Tchekhov dans l’évolution de la nouvelle. De nouvelles traduction et une présentation soignée à découvrir avec les éditions Rue Saint Ambroise. Dino Buzzati, « Le K » dans le recueil de nouvelles éponyme. http://www.botgeo.be/textes/Le_k_buzzatti.pdf Je vous en ai déjà parlé, j’adore cette nouvelle, c’est pour moi l’un des meilleurs exemples de nouvelle à chute. Une histoire de marin, destin et d’aventure. Horacio Quiroga : « L’oreiller de plume » paru en France dans le recueil du même nom. Une montée de l’angoisse et des questions, qui redescend brusquement tout en nous laissant une pointe d’interrogation. « L’oreiller de plume » est une des nouvelles les plus connues, mais elles valent toutes le détour, en particulier « Anaconda ». Patrice Franceschi Première personne du singulier. Quatre nouvelles qui parlent du destin et des décisions personnelles. Des personnages présentés aux carrefours de leur vie, avec une dignité, une élégance et vision éthique qui donne une dimension supplémentaire au très grand plaisir de lecture. Un de mes plus grands coups de cœur de ces dernières années. Oscar Wilde, Le fantôme de Canterville. Parce que ça fait du bien de rire, parce que l’histoire est géniale, que la parodie, l’humour et l’ironie sont élevées à la hauteur d’œuvre d’art, parce que ça finit bien et que ce n’est pas banal pour autant. A lire pour le plaisir et pour apprendre à bien écrire des œuvres gaies et profondes (ça n’arrive pas si souvent). Nos autres coups de coeur Ambroise Bierce, « Huile de chien », extrait de Le club des parenticides http://editions.sillage.free.fr/pdf/bierce-clubdesparenticides.pdf Comme le dit le titre, il s’agit toujours pour le protagoniste de se débarrasser de ses géniteurs, de préférence de la façon la plus bizarre possible. Ironie, humour noir, élégance de la langue, des histoires horribles et qui font pourtant sourire. Stevenson, Le cas étrange du Dr Jekyll et de Mr Hyde. Qui n’en n’a pas entendu parler ? Cette nouvelle reste un modèle, de plaisir de lecture, de construction, d’originalité, de style.  https://beq.ebooksgratuits.com/vents/Stevenson-docteur-Varlet.pdf Alice Munro : « Le goût du goémon », « Mme Cross et Mme Kidd » extrait de Les lunes de Jupiter. Difficile de choisir dans les douze nouvelles qui composent Les lunes de Jupiter, sans aucun doute un chef d’œuvre d’écriture réaliste et féminine. Alice Munro ne cherche ni l’extraordinaire ni le rêve, mais elle nous découvre dans quelques instants de vie des significations à l’existence. Laurent Gaudé  « Sang négrier » extrait de La Nuit Mozambique. Un capitaine de vaisseau négrier dont la vie est bouleversée par la fuite d’un groupe d’esclaves. Un réflexion sur la violence, la peur et la vengeance. Manuel Chaves Nogales : À feu et à sang : héros, brutes et martyrs d’Espagne. Tout est intéressant de ce court recueil qui offre une vision directe, réaliste et sans manichéisme de la guerre d’Espagne, mais qui pourrait parler de n’importe quelle guerre actuelle. Un maître de la nouvelle engagée et réaliste. Découvrir les nouvelles « classiques » Boccace, Le Décameron Marguerite de Navarre, L’Heptameron Cervantès, Les nouvelles exemplaires Parmi le foisonnement des nouvelles du XIXème et du début XXème Maupassant : tout ! (ou presque) Edgar Allan Poe : “l’assassin de la rue Morgue”, La chute de la maison Uscher, et tout le reste Nikolaï Gogol, “Le journal d’un fou”, “le Nez” (Nouvelles de Petersbourg) Anton Tchekhov, « La dame au petit chien », « la tristesse ». Prosper Mérimée, La Venus d’Ille, Colomba, Carmen Horacio Quiroga, Contes d’amour, de folie et de mort, Anaconda, L’oreiller de plume José Luis Borges, L’Aleph, Fictions et surtout « L’Autre », « Pierre Ménard auteur du Quichotte », « Le sud ». Henry James : « Le tour d’écrou », « L’image dans le tapis », « Les papiers d’Aspern », Francis Scott Fitzgerald, « L’étrange histoire de Benjamin Button », « Un diamant gros comme le Ritz », « Les enfants du jazz ». Katherine Mansfield « La garden partie » « La maison de poupée » Marcel Aymé , Le vin de Paris, les contes du chat perchés. Karen Blixen, Sept contes gothiques, Derniers contes, «  le festin de Babette » D . Hammett L’agent de la continentale Lovecraft, « La maison de la sorcière », « celui qui chuchotait dans les ténèbres » (Horreur) Frantz Kafka, « La métamorphose » Roald Dahl, La grande entourloupe Juan Rulfo, Le llano en flammes. Ernest Hemingway, Les neiges du Kilimandjaro Virginia Woolf, Rêves de femmes. Raymond Carver, Parlez-moi d’amour, Les feux. Les nouvelles contemporaines Julio Cortázar, Nouvelles, histoires et autres contes  et plus précisément : « Maison occupée », « La lointaine » ou encore « Continuité des parcs » et « La porte condamnée ». Silvana Ocampo, Faits divers de la terre et du ciel Augusto Monterroso : Œuvre

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Pleine lune, A. Muñoz Molina : roman policier ET grande oeuvre littéraire

Pleine lune: les ingrédients du roman policier Un inspecteur de police à la poursuite d’un tueur qui a commis un crime si terrible qu’il devrait être possible de le reconnaître au premier coup d’œil… La nuit, la pluie, l’automne et la peur. L’ombre du terrorisme basque qui plane. A priori, tous les ingrédients du roman noir sont là. Mais Pleine lune est plus qu’un roman policier. Entre tous les porteurs de secrets misérables ou atroces ou mesquins ou puérils, cet homme était le monarque clandestin, le maître absolu de tous les secrets, de la pire des infamies jamais avouées. Plus qu’un roman policier A la suite du héros que l’enquête oblige à un retour sur lui-même, le lecteur plonge dans une petite ville andalouse parmi des personnages forts qui révèlent l’art de l’écrivain. Il y a d’abord l’inspecteur ainsi que l’institutrice de la première victime, une femme forte et cultivée à laquelle le policier voue bientôt un amour fervent mais pusillanime. Autour d’eux, le roman grandit avec les parents de l’enfant assassinée, le médecin légiste, la deuxième fillette enlevée et, même, l’assassin. Chaque personnage vit sous le regard du lecteur tandis que le suspens croit, lentement et sûrement. Pleine Lune est aussi un texte engagé, qui montre les victimes trop souvent dédaignées. Captivant et riche, ce roman ne vous laissera pas indifférent. Des pistes de réflexion pour tout auteur Comme toute grande œuvre, Pleine lune a beaucoup à apporter aux écrivains novices. Voici quelques pistes de travail autour de la structuration du texte ou de la mise en place des personnages. Pleine lune :Une structure originale et pourtant presque insensible. Plusieurs points de vue : Le roman est composé d’une série de chapitres centrés sur des personnages différents, qui offrent à chaque fois un nouveau point de vue sur l’histoire. La structure fonctionne à base d’échos, de parallèles, de sauts temporels… L’intrigue gagne ainsi en légèreté et en efficacité tandis que l’auteur peut approfondir la vie et la psychologie des personnages. On perçoit mieux aussi le passage du temps et la durée de l’enquête. On est loin du roman policier classique mais cette technique fonctionne parfaitement. Mini-structure et macro-structure : Certains chapitres sont presque des nouvelles, avec une structure interne. Ainsi, le chapitre 2 est circulaire, commençant et terminant de la même façon, pareil à la vie du personnage qui semble ne pas savoir où il va. De plus, le livre terminé, on s’aperçoit qu’il y avait plusieurs intrigues entrelacées. L’œuvre acquiert ainsi un réalisme et un suspens remarquables, conciliant la mise en scène des imprévus de l’existence et la vraisemblance d’une histoire symbolique. La force du Pleine Lune : l’intimité entre le lecteur et les personnages On se souvient de certains livres pour leur suite de péripéties – l’aventure qu’ils nous font vivre. Mais d’autres romans nous attachent à eux plus fortement, par l’affection que suscitent en nous leurs personnages. Dans Pleine lune, l’auteur crée de l’empathie même avec l’assassin. Mais comment ? Voici quelques-unes des pistes que nous avons recensées : Il y a peu de descriptions physiques, et elles ne sont jamais des introductions au personnage : le récit n’est pas ralenti. A l’inverse, le lecteur est plongé dans l’intériorité des personnages grâce aux nombreux dialogues et passages en style indirect libre (le récit est présenté par les pensées des personnages et non par la voix du narrateur). Du fait de la proximité établie avec eux, le lecteur vit leurs péripéties intérieures (bilan, traumatisme, défi…) qui deviennent un enjeu du roman au-delà de l’intrigue policière. Enfin, l’auteur a recours à la mise en perspective à travers le regard des autres personnages. Il crée une vision globale des protagonistes (ce qu’ils sont, -ou pensent être- et ce que perçoivent les autres). Si le regard des personnages est admiratif, affectueux ou amoureux, cela contribue à former une image attractive pour le lecteur. Monter, ne pas dire : éthique de l’auteur Pleine Lune, qui a été écrit en partie en réaction à un fait divers, comporte plusieurs éléments permettant de faire passer une opinion qui enrichit le texte sans faire disparaître le plaisir de lecture. Dans Pleine lune, il n’y a pas de thèse. Par contre, le roman montre des personnages en proie à une situation qui invite à la réflexion éthique. Les éléments moraux les plus directs passent par le discours des personnages. Si les personnages ont des opinions personnelles, elles ne sont pas celles de l’œuvre. C’est au lecteur de tirer ses conclusions d’après les différentes valeurs proposées. L’auteur a recours aux symboles : c’est le cas pour la présentation de la presse qui est reliée à la pleine lune, c’est-à-dire à l’heure de l’assassin. Finalement, on pourrait dire que c’est la mise en récit de l’opinion de l’auteur qui fait l’histoire et c’est en cela que l’œuvre touche le lecteur, lequel est marqué émotionnellement et non rationnellement. L’impact est beaucoup plus profond. Pleine Lune est un grand roman qui se lit facilement tout en étant complexe et riche. Et vous, que donneriez-vous comme modèle de roman engagé ? Avez-vous déjà tenté ce type d’écriture ? Partagez-nous votre expérience ! Par Malie, 17/11/2016 Pleine Lune (Plenilunio), Antonio Muñoz Molina,Seuil, Paris, 1998 (1997), 439p. trad. Philippe Bataillon © Photodisc/Getty Images © Pixabay, (CCO) © Pixabay, (CCO) © 2015, L’Echangeoir d’écriture

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suricates lecteurs de policier

Les 1001 vies du roman policier (1/2, en ligne droite )

               Parfois un ami ou un collègue vous voit lire un roman policier et remarque sur un ton légèrement supérieur « ah, non, moi vraiment je ne lis pas ce genre de livre… ». Bon, on peut ne pas aimer le suspense, les enquêtes, les crimes… mais sérieusement, la plupart de ces personnes sont victimes d’un simple préjugé : croyant que le roman policier est un genre violent qui ne s’intéresse qu’à la résolution du crime (ce qu’il peut être évidemment), ils ignorent tout l’éventail de style, de ton, de sujet, de regard sur le monde, de renouvellement littéraire et de portée sociale de ce genre pourtant nouveau dans l’Histoire de la littérature.

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