L'Echangeoir d'Ecriture

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conseils de lecture

atelier d'écriture littéraire toulouse

Que fait-on dans l’atelier “En lisant, en écrivant” ?

Les particularités de l’atelier “En lisant, en écrivant”. Lorsque j’ai créé l’atelier “En lisant, en écrivant”, il faut bien avouer que je l’ai d’abord fait en pensant à moi. J’y ai mis ce dont je rêvais, ce que j’avais envie de partager. Et j’ai été vraiment heureuse de voir que cela prenait aussi vite ! (J’en profite pour dire merci aux fidèles – Julie, Axelle, Ariane, Geneviève et Rose- qui ont permis par leur enthousiasme que cet atelier existe). L’organisation de l’atelier “En lisant, en écrivant”. Le but de l’atelier est simple. Il s’agit de se retrouver deux fois par mois autour d’un ou deux ouvrages. La première fois, c’est pour approfondir la lecture, en saisir les enjeux, l’organisation de l’œuvre, son style, son originalité, sa poétique, ses sens et significations, son environnement… Bref l’observer au plus près pour la connaître au mieux. Ensuite dans un deuxième temps, nous nous retrouvons pour un atelier d’écriture autour de cette même œuvre. Dans cette deuxième séance, nous essayons de retrouver ses caractéristiques principales pour écrire “à la manière de”. Ainsi nous pouvons doter notre écriture de nouveaux outils, structures, formes d’expression. Il ne s’agit pas bien sûr, de copier aveuglement. Car le principe est surtout d’apprendre avec et par l’écriture, pour pouvoir ensuite adapter ces formes à nos propres projets. L’atelier “En lisant, en écrivant” est donc d’abord un lieu de découvertes littéraires. Il permet de se plonger dans des auteurs de tous pays et toutes époques. C’est aussi un espace pour essayer, adapter, se nourrir de littérature. De Jane Austen à Virginia Woolf en passant par Pierre Ducrozet, Sylvain Prudhomme, Kim Thuy, Ivan Repila, Luis Sepulveda, Vera Caspary, Antonio Munoz Molina mais aussi Craig Johnson, Jérôme Bonnetto et Franck Bouysse….Un atelier vraiment littéraire et approfondi. Découvrir des réalisations de l’atelier : Lors de l’année 2020-2021, les participants de l’atelier “En lisant, en écrivant” m’ont lancé un défi. Ils me demandaient d’approfondir les liens entre romans et cinéma. Je leur ai répondu par un autre défi : transmettre par les mots un extrait de film. Comment passer d’un langage à l’autre ? Comment traduire en phrases la musique, la lumière, les couleurs, les mouvements, les attitudes et le jeu des acteurs ? Découvrez la proposition de Geneviève pour transmettre la douceur, la finesse et la tension silencieuse du film L’odeur de la papaye verte. Du film au texte Vous voulez en savoir plus ? Découvrez bientôt le programme complet pour 2021-2022 sur la page dédiée à l’atelier “En lisant, en écrivant”.

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L'excellence en littérature avec Eduardo Mendoza

Lutter pour l’excellence en littérature : des pistes pour un travail personnel

La question de l’excellence en littérature Il arrive parfois que l’on tombe sur une phrase qui nous happe et nous oblige à repenser votre manière d’être, ou d’écrire. Voilà quelques semaines, j’ai découvert cette remarque de l’écrivain espagnol Eduardo Mendoza : Il faut lutter pour l’excellence en littérature, que chaque phrase, même la plus insignifiante du livre, soit polie et retravaillée. (“Hay que luchar por la excelencia en la literatura, que cada frase, aunque sea la más tonta del libro, esté pulida y revisada”.Eduardo Mendoza, entretien pour El Pais).

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La foi d'un écrivain

La foi d’un écrivain, Ecrire et penser l’écriture avec Joyce Carol Oates.

Avec La foi d’un écrivain, Joyce Carol Oates nous offre sa vision de l’art d’écrire. Un livre agréable à lire, parfois léger, parfois profond, traversé d’une intense réflexion sur ce qui fonde le métier d’écrivain. Qu’est-ce que La foi d’un écrivain ? Pourquoi écrit-on ? Comment ? Comment devient-on écrivain ? Qu’est-ce qui fait que l’on y croit malgré tout, qu’est-ce qui fait tenir « la foi d’un écrivain » ? Ces questions, Joyce Carol Oates y est souvent confrontée. Ce sont celles qu’elle se pose, celles que ses lecteurs lui posent. Elle reconnaît d’ailleurs qu’elle n’a pas -malgré toute son expérience- de réponses sûres à y apporter. Mais elle y a longuement réfléchi, pour elle-même, pour des articles ou des conférences. La foi d’un écrivain est donc l’expression de ses convictions sur le métier d’écrivain. Car pour J.C Oates, l’écriture n’est pas une simple passion. L’écriture est un art, un artisanat, un métier qui doit s’apprendre. C’est une évolution au cours de laquelle l’auteur se construit petit à petit et pas seulement par l’accumulation de signes et de phrases. Le livre de J.C Oates est de ceux qui savent accompagner cette construction de l’écrivain. Ce que vous trouverez dans le livre de Joyce Carol Oates La foi d’un écrivain est un assemblage de réflexions sur plusieurs années. Selon les chapitres vous trouverez donc des témoignages sur l’évolution personnelle de J.C Oates, des affirmations sur sa perception de l’écriture, des tentatives de théoriser certaines étapes de l’écriture, ou encore des conseils, mis pêle-mêle et parfois contradictoires. L’introduction invite ainsi à penser le métier d’écrivain. Le chapitre « conseil à un jeune écrivain » est à la fois une ode au travail et à la confiance mais avant tout une invitation à la lecture. « Courir et écrire », « Note sur l’échec » sont presque des explications pratiques. Enfin « Inspiration », « Lire en écrivain » s’intéressent au processus de création… Par ailleurs, il est important de souligner que J.C Oates ne se fonde pas uniquement sur son expérience. Elle utilise aussi les témoignages des auteurs qu’elle admire et dont elle propose de longs extraits et analyses. Un livre, donc, qui ne se résume pas mais qui se lit et se relit, se médite aussi. Un livre qui donne de l’énergie et du recul, qui invite à se lancer dans l’aventure de l’écriture et nous la révèle toujours plus enivrante qu’on n’aurait oser l’imaginer. Ce que vous n’y trouverez pas dans La foi d’un écrivain Ce n’est pas un manuel pratique comme pourrait l’être L’anatomie du scénario ou certains pseudo-guides d’écriture. Vous n’y trouverez pas de réponses toutes faites ou de méthodes à mettre en place. A l’image des compilations de Stevenson, Austen ou Kundera, c’est un livre d’auteur en construction. J. C Oates le redit souvent : on ne devient écrivain que sur la durée. Son livre est aussi le témoignage d’une évolution. Il vous faudra donc tirer vos propres conclusions, réfléchir pour vous en nourrir. Surtout il faudra prendre le temps nécessaire à la maturation de votre pensée.. Quelques passages marquants : Il y aurait tellement de passages à retenir, méditer, travailler… En voici cependant quelques uns, pour vous donner envie de lire le reste. L’art d’écrire : un artisanat Il est indispensable de considérer cet art comme un métier. Sans métier, l’art reste du domaine de l’intime. Sans art, le métier n’est que procédé. Il faut encourager les écrivains jeunes ou débutants à lire beaucoup, continuellement, aussi bien des classiques que des contemporaines, car si l’on ne s’immerge pas dans l’histoire de cet art, on est condamné à demeurer un amateur : quelqu’un pour qui l’enthousiasme créatif constitue quatre-vingt-dix-neuf pour cent de l’effort créatif. (…)Plongez-vous dans un écrivain que vous aimez et lisez tout ce qu’il ou elle a écrit, y compris ses premiers ouvrages. Surtout ces premiers ouvrages. Avant que le grand écrivain ne devienne grand, ou même bon, il. elle a tâtonné à la recherche d’une manière, d’une voix, peut-être exactement comme vous. Ayez confiance : la première phrase ne peut être écrite avant que la dernière l’ait été. Ce n’est qu’alors que vous saurez où vous alliez et où vous étiez. Pour cette raison, je pense que toute forme d’art est un genre d’exploration et de transgression (…) Ecrire c’est envahir l’espace d’autrui, ne serait-ce que pour perpétuer sa mémoire ; écrire, c’est s’exposer à la critique irritée de ceux qui n’écrivent pas, ou qui n’écrivent pas exactement comme vous, qui verront peut-être en vous une menace. Les histoires nous viennent sous forme d’apparitions, qu’il est nécessaire d’incarner avec précision. Problemes d’écriture Ma méthode consiste à réviser continuellement ; lorsque j’écris un long roman, je reviens chaque jours sur des parties précédentes, que je réécris afin de garder une voix cohérente, fluide ; lorsque je rédige les deux ou trois derniers chapitres d’un roman, je le fais en même temps que j’en réécris le début, afin que idéalement du moins, le roman ressemble à une rivière au cours uniforme, dont chaque passage est en harmonie avec tous les autres. Nous savons tous ce que c’est qu’avoir eu l’inspiration, mais nous ne pouvons être sûrs d’en avoir à nouveau. La plupart des écrivains s’appliquent avec ténacité à leur travail, dans l’espoir que l’inspiration reviendra. En général, la fiction de qualité doit sa profondeur à un récit absorbant, à des personnages méritants et au fait qu’elle est en même temps une sorte de commentaire d’elle-même. (…) Mais la fiction ne peut être détachée du commentaire, sinon au risque de la réduire à un simple enchaînement d’événement dépourvus d’âme. Je dois raconter est la première pensée de l’écrivain ; la seconde est : Comment raconter ? A travers nos lectures, nous découvrons la diversité des solutions à ces questions, la marque personnelle que leur imprime chaque individu. Car c’est à la jonction de la vision personnelle et du désir de créer une vision collective, publique, qu’art et métier se confondent. Et pour vous, quels sont les conseils qui vous ont le plus marqués ? Quels auteurs vous portent et vous donnent envie de continuer à écrire ? [wysija_form id=”1″]

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Penser l'écriture changer le roman

Ecrire et penser l’écriture avec Sophie Divry : “Rouvrir le roman”.

Penser l’écriture : Avec son expérience d’écrivain et de critique, Sophie Divry met à notre disposition ses connaissances littéraires mais aussi ses propres « chantiers » d’écriture. Elle nous montre comment penser l’écriture, la renouveler, l’adapter aux exigences du moment présent et de l’histoire envisagée.   L’essai de Divry est d’accès facile, avec des exemples clairs et percutants. Un texte qui n’oublie ni l’humour ni les revendications et qui ouvre des pistes pour faire vivre la littérature contemporaine. Ce que vous y trouverez : La première partie du texte passe en revue les grands débats qui agitent la littérature contemporaine. On y trouvera ainsi : La question de l’autonomie de l’auteur par rapport à la société. Des interrogations autour de l’engagement éthique dans la littérature. Des points sur des problèmes de style, tel que la place symbolique du présent et du passé simple, des narrations chorales ou focalisations internes…. Et même les débats économiques qui agitent le monde du livre et l’influence qu’ils peuvent avoir sur les auteurs. Toute cette première partie invite donc le lecteur à pour se poser des questions sur ce qu’est le roman contemporain, ce qui le fait, ce que serait innover en littérature. Dans la deuxième partie, l’auteur expose avec générosité ces propres pistes de recherches. Nous découvrons ainsi cinq thématiques qui, selon elle, devraient être les grands chantiers de la littérature contemporaine : La typographie. La place du comique. L’usage des métaphores. L’écriture des dialogues. Les choix de voix narratives. Personnellement, tous ne me semblent pas d’égale importance. Mais chacun peut y trouver des pistes de réflexions intéressantes. Ce qui m’a particulièrement marquée : J’ai toujours été intéressée par les questions théoriques. Cependant,  j’avais l’impression que c’était un travail autre, un travail me faisait perdre en spontanéité d’écriture. A force de penser aux effets générés par ce que j’écrivais, je finissais par craindre de ne créer que des mécaniques sans âmes. Le livre de Sophie Divry m’a permis de ne plus voir la théorie comme une armature rigide et de la considérer comme une énergie supplémentaire, une forme de liberté. De plus, comme le livre regorge d’anecdotes, de témoignages d’auteur, d’extraits de roman, il reste agréable à découvrir pour tous. (On peut aussi noter que le style de Divry n’a rien de pédant et est dépourvu de vocabulaire indéchiffrable aux non-initiés, ce qui n’est pas toujours le cas dans les approches critiques). Enfin, dernière chose qui m’a particulièrement plu dans cet essai : Sophie Divry ne s’arrête pas aux questionnements. Pour elle, penser l’écriture c’est aussi proposer des pistes d’actions, des idées que chacun peut reprendre à son compte, réutiliser, personnaliser. Quelques citations qui ouvrent des pistes d’écriture : Pour avancer, il faut comprendre les problèmes qui nous agitent et parfois nous enferment. Prendre conscience de son art de manière un peu plus intellectuelle ne s’oppose pas à la voix intérieure de l’écrivain. La théorie ne vient pas mettre de sens interdits. Elle lui permet d’éclairer le chemin[1].   La question qui se pose est : comment hériter avec intelligence des recherches du passé sans qu’elles vous dictent vos formes ni se transforment en nouveau conservatisme ? Comment transmettre sans figer ? Sans doute au prix d’une réflexion continuelle sur ce que les pistes d’hier rouvrent dans nos propres problématiques[2].   Cette recherche de nouvelles formes remplit deux fonctions très importantes. Premièrement, elle apporte des plaisirs nouveaux aux lecteurs et, partant, rend nécessaire, le roman comme forme d’art. Deuxièmement, elle permet au roman de dire quelque chose de notre époque qui ne peut être dit que par le roman et par cette époque[3].   Trop souvent considéré comme un supplément d’âme ou un  enfantillage, le comique est un ferment intellectuel majeur dans la création artistique. Il permet non seulement de réjouir le lecteur, ce qui n’a rien de honteux, mais aussi de servir de détonateur pour exploser les cadres établis et inventer des scènes et des personnages qu’on n’aurait pas osé imaginer autrement[4].   L’important est de se demander comment écrire ce monde, décrire le temps présent à travers le filtre irremplaçable et précieux de sa propre sensibilité[5]. Bonne découverte et n’hésitez pas à nous dire ce que vous en avez penser si vous le lisez !  Penser l’écriture avec Sophie Divry, les références : Sophie Divry, Rouvir le roman, Edition Noir sur Blanc, coll. Notabilia, 201p. Penser l’écriture, pour en savoir plus : une interview de Sophie Divry sur France culture. [wysija_form id=”1″] [1]Sophie Divry, Rouvrir le roman, p.23 [2]Op.cit,p. 128. [3]Op. cit, p. 23. [4]Op.cit, p. 160. [5]Op. cit, p. 201.  

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bons ou mauvais livres

Pourquoi lire … de mauvais livres (quand on ne peut pas faire autrement) ?

Histoire d’une lecture décevante… mais révélatrice. On a tous des livres qui nous rebutent. J’ai acheté il y a peu un de ces mauvais  livres, doté d’une belle critique en quatrième de couverture, d’un titre intrigant, mais terriblement décevant… Bon, j’étais dans un avion, je n’avais rien d’autres à faire, alors, j’ai lu. Au bout de dix pages, je râlais toute seule, au bout de vingt, j’imaginais des conseils à l’auteur, au bout de trente… Au bout de trente, je me suis rendue compte que certains des pièges dans lesquels était tombé l’auteur, je m’y étais fait prendre aussi. Finalement, ce roman avait peut-être des choses à m’apprendre… De l’impact des lectures sur l’écriture : Comme l’a dit Nancy Huston, nous sommes une « espèce fabulatrice[1] ». Nous faisons de nos vies des histoires, nous racontons nos problèmes, nos réussites comme des histoires. C’est par elles que nous comprenons notre existence et le monde qui nous entoure. Si nous faisons attention, nous verrons que la plupart de ces narrations qui nous parviennent ne sont pas transcendantes : papotages de bureau, pub, faits divers, série TV… Nous sommes environnés pas ces « histoires bas de gammes » qui nous remplissent l’imaginaire sans nourrir notre esprit… Ce qui a priori devrait nous envoyer dans la même direction et nous faire produire le même genre de textes. Alors pourquoi lire de mauvais livres ? Les « bons » livres ne nous ouvriraient-ils pas de meilleurs horizons ? En fait, il y a quand même quelques points à en retirer, tout simplement pour faire mieux. Utiliser les mauvais livres : Aiguiser son regard critique : D’abord, il est plus facile d’être critique avec les autres qu’avec soi-même. Lorsque l’on écrit, on est pris dans un sujet qui nous attire, avec des personnages qui ont vécu en nous et qui nous touchent. En tant qu’auteur, on se fait plaisir en racontant plus de choses que nécessaire, en laissant de belles phrases dont on est fier même si elles n’apportent rien, en « oubliant » des passages importants mais difficiles à mettre en mots. Comme on a l’histoire dans la tête, on recolle les morceaux et on ne voit pas les problèmes. Sauf que le lecteur, lui, les voit. Et lorsque vous lisez de mauvais livres, vous les voyez  aussi. Alors, profitons-en pour repérer ce qui marche et ce qui ne marche pas, pour prendre de la distance, réfléchir à la construction du texte, la présence des personnages, le style…Lorsque vous lirez votre propre texte, vous aurez ainsi de l’entraînement pour avoir un regard extérieur, plus objectif et attentif.   Se faire une liste « pense-bête » des choses à ne pas faire : On peut aussi aller plus loin en établissant une liste des choses à ne pas faire. Un personnage trop longuement décrit, des répétitions, des dialogues sans rythme ni crédibilité, une absence de sens ou alors une trop grande place à un message politique, moral, religieux… Chacun fera sa propre liste en fonction de ses difficultés d’écriture. Pour moi, à partir de ce livre dont je vous parlais tout à l’heure, je me suis promis de Faire attention à la psychologie des personnages, en particulier des personnages historiques. Une jeune campagnarde du XVIIème ne peut pas avoir les mêmes rêves qu’une lycéenne contemporaine ! Donc, faire des recherches sur les faits, mais aussi les façons de vivre, de penser… Ne pas faire du suspens pour faire du suspens… Si vous accumulez du mystère alors qu’il n’y a rien à cacher, vous ne faites que manipuler le lecteur. Si découverte il y a, il faut qu’elle ait aussi un effet sur le lecteur. Eviter les belles phrases qui ne servent à rien. C’est aussi ridicule que les tops modèles qui se pavanent devant des voitures. Eviter la grandiloquence, le sentimentalisme, le pathétique. Les émotions, il faut que le lecteur les ressente, il n’a pas besoin qu’on les lui explique ! J’aime que l’histoire me dise quelque chose, qu’elle me montre le monde et m’explique une partie de l’existence ou alors qu’elle soit un bon divertissement, efficace et assumé. En tant que lecteur, je donne du temps au livre. J’attends donc qu’il m’apporte quelque chose en retour. Voilà mes pistes d’écriture ou plutôt de réécriture. J’espère qu’elles m’aideront à traquer ce que je n’aime pas et ainsi éviter nombre de chausse-trappes. A vous de faire la vôtre, en fonction de vos besoins et de ce que vous attendez d’une «  bonne lecture ». Imaginer en contre-pied ce que serait le texte idéal ; Si vous trouvez que c’est voir les choses trop en négatif, vous pouvez aussi faire la démarche inverse : Si je n’ai pas aimé tel élément, c’est que pour moi, dans le livre idéal, il devrait y avoir au contraire tel autre élément. Par exemple : je n’aime pas les phrases qui ne servent à rien. Donc mon texte idéal serait suffisamment concis pour que chaque mot soit nécessaire. L’esthétique ne se trouverait pas dans une accumulation de mots mais dans le choix de chaque parole, chaque phrase, chaque figure littéraire. Un de mes objectifs de relecture sera donc de supprimer tout ce qui n’est pas indispensable. Encore une fois, à vous de vous constituer votre propre grille d’écriture. Bref, lire est essentiel et lire de façon critique est un outil fondamental. Alors à vos bouquins -bons et mauvais livres- et n’oubliez pas d’y revenir plusieurs fois : au moins une fois pour apprécier l’histoire et une fois pour voir ce que vous pouvez en apprendre. Bonne lecture ! [wysija_form id=”1″] [1] Nancy Huston, L’Espèce fabulatrice, Actes Sud, Arles, 2008, coll. Babel.

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L'atelier d'écriture de Gabriel García Márquez

L’atelier d’écriture de Gabriel García Márquez : « Comment raconter une histoire ».

Trois conseils d’écriture de Gabriel García Márquez. Avouez-le, le titre donne envie ! Un atelier d’écriture animé par un Nobel, par l’auteur de livres aussi divers et somptueux que Cent ans de solitude, Chronique d’une mort annoncée ou L’amour au temps du choléra ! C’est un rêve devenu réalité. Pourtant, il me semble qu’à moins d’être un passionné de l’écrivain colombien, ce n’est pas non plus un ouvrage indispensable. Tout simplement parce qu’il ne s’agit pas d’un essai ou d’un livre de conseils. En fait, c’est la transcription des ateliers menés par García Márquez dans les années 80. Pas un livre à courir acheter donc, sauf pour trois conseils généraux, que chaque (aspirant) écrivain devrait toujours garder en mémoire. MODESTIE, AMBITION, MOYENS : les trois paramètres qui aident à faire le bon écrivain. Tout au long des ateliers de García Márquez, ces trois éléments, reviennent régulièrement. Et ce ne sont pas seulement des qualités qu’il propose mais bien une mise en pratique. La MODESTIE : ne pas avoir peur de couper. En premier lieu, il faut savoir accepter la critique et être soi-même critique vis-à-vis de son travail. Il faut écouter ce que disent les autres. Ne pas avoir peur de (beaucoup) couper. Ne pas hésiter à transformer, recommencer, même si vous avez l’impression que « ça fait bien ». Il faut apprendre à couper, à refaire. Un bon écrivain se reconnaît moins à ce qu’il a publié qu’à ce qu’il a jeté à la poubelle. Évidemment les autres n’en ont pas conscience mais lui, si. Il sait ce qu’il enlève, ce qu’il réécrit, ce qu’il améliore. Quand on recommence quelque chose c’est qu’on est sur la bonne voie [1]. L’AMBITION : La fictionmanie serait-elle le nouveau mot pour ceux qui sont obsédés par la création d’histoires ? Quoi qu’il en soit, le conseil de García Márquez, c’est de travailler et surtout de vous donner les meilleurs modèles. En résumé, vous voulez devenir écrivain ? Ce n’est pas suffisant, vous devez vouloir devenir le « meilleur écrivain ». Pour pouvoir écrire, on doit être persuadé qu’on est meilleur que Cervantès : sinon, on devient pire qu’on ne l’était en réalité. Il faut viser haut, essayer d’aller loin.[2] Les MOYENS : Travailler l’histoire et travailler le style. Bien sûr, tout le monde sait que ce sont des fondamentaux. Alors voici ce que précise García Márquez. D’abord, l’histoire ne doit pas être évidente. Ce ne doit pas être la première idée qui vous vient à l’esprit. L’histoire doit être complexe, profonde, avec plusieurs niveaux et cela… sans que ça se perçoive trop à la lecture. Quant au style, le plus important, c’est qu’il doit s’adapter à l’histoire, la servir, la soutenir. D’accord, me direz-vous, mais comment faire tout ça ? Il n’y a pas de recettes miracles, seulement beaucoup de travail et beaucoup de lectures. Souvent, on croit « tenir » l’histoire, on se dit que tout est résolu, et puis on se met à l’écrire et on se trompe de tonalité, de style. Il peut arriver que cette erreur conduise à une impasse. Par chance, nous avons en nous un petit détecteur qui nous permet de rectifier –et je dis « par chance » parce qu’il y a des méthodes proposées pour écrire des scénarios mais la vérité, c’est qu’aucune n’a la moindre utilité. Tout simplement parce que chaque histoire contient sa propre technique de narration. Le défi du scénariste, c’est de la capter à temps[3]. La préface : Alexandre Lacroix, qui a écrit la préface, prêche pour sa paroisse. Le fondateur de l’école d’écriture Les Mots (Paris) profite de l’espace d’expression de cette préface pour tenter de définir et surtout vanter les ateliers d’écriture. Mais surtout, Alexandre Lacroix clarifie l’un des présupposés de García Márquez, la différence entre l’idée (de départ) et l’histoire (obtenue à l’arrivée). L’idée : L’idée, c’est quelque chose qui se transmet rapidement. L’idée peut s’expliquer en quelques paroles. Elle n’a pas besoin de la personnalisation ou de la complexité des personnages et/ou de l’univers du récit. L’histoire : A l’inverse, dans une histoire, il y a de la profondeur, de l’opacité, des obstacles. Si on la résume en quelques mots, on doit sentir qu’on y perd quelque chose. Pour qu’il y ait une histoire, il faut qu’un ou plusieurs personnages, nettement décrits et situés, rencontrent des obstacles sur leur route. L’idée est du côté de la solution, l’histoire du côté du problème. L’idée est lisse, l’histoire est rugueuse comme la réalité. Ou mieux, une idée, c’est une histoire qui couche avec son lecteur dès la première ligne ; une histoire digne de ce nom, c’est au contraire une créature farouche et mystérieuse qui ne se livrera qu’à la dernière page[4]. Et voilà, donc maintenant, à vous de vous mettre au travail ! [wysija_form id=”1″] L’atelier d’écriture de Gabriel Garcia Marquez, comment raconter une histoire. Paris, Seghers, 2017, traduction par Bernard Cohen et préface d’Alexandre Lacroix. 455 p. [1] Op.cit, p. 25 [2] Op.cit, p.25 [3] Op.cit, p. 28 [4] Op.cit, p. 12

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narrateur "tu". Maladie de Sachs

Narrateur, focalisateur : Quelques expériences d’auteurs pour relancer notre créativité.

C’est en s’appuyant sur les découvertes des autres que l’on fait grandir notre propre créativité. Donc, pour clore notre série sur le narrateur et le focalisateur, voici quelques expériences et innovations. A vous d’y puiser ce qui pourra servir vos propres projets, vous ouvrir de nouvelles portes d’écriture. Le regard de l’enfance : Ce que savait Maisie (Henry James) : Je vous en ai déjà parlé, Ce que savait Maisie est un tour de force en matière de narration. Maisie a cinq ans quand ses parents divorcent. Elle suit les tribulations de leur séparation, nouvelles rencontres, nouvelles séparations et perçoit aussi la dégradation de leur affection pour elle. La particularité du roman, c’est que tout est raconté à travers les yeux de Maisie : ce qu’elle entend, comprend ou ne comprend pas. Pourtant, elle n’est pas le narrateur, juste le focalisateur. Le comportement des adultes et leur impact sur l’enfance est ainsi remarquablement mis en scène. Le lecteur, quant à lui, est totalement attrapé dans les méandres des  incompréhensions enfantines. NB :On pourrait rapprocher le livre de James de Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur (Harper Lee), sauf que dans ce dernier, deux voix se superposent. Ainsi, il y a celle de l’enfant et celle de l’adulte qui, plus tard, se souvient et organise la narration pour lui donner son sens. A travers les yeux des autres : La maladie de Sachs : Le docteur Sachs est le personnage principal du roman. Pourtant, il n’a quasiment jamais la parole. En effet, tout passe par des personnages secondaires (patients et proches) qui se transmettent la narration de chapitre en chapitre. Un texte prenant et très original. En entrelaçant les points de vue, il permet de reconstituer des vies tout en laissant au lecteur une large capacité d’interprétation. Surprenant et passionnant. – Eh bien, je ne sais pas par où commencer… Tu hoches la tête, Mmmhh. Tu pivotes vers les étagères, tu fouilles dans une des boîtes grises. Tu en sors une enveloppe brune. Tandis que je t’explique le motif de ma venue, tu sors de l’enveloppe un bristol quadrillé au format carte postale et tu le poses sur le plateau de bois peint ; tu tires un stylo plume noir de la poche de poitrine de ta blouse, tu dévisses le capuchon, tu l’ajustes sur le corps du stylo, tu tires un trait sur le bristol, tu marques la date près du bord gauche.   Autofiction, mythofiction, témoignage… : auteur et narrateur dans le texte. C’est la mode, répète-t-on, du retour sur soi. Certes, le postmodernisme a ses sujets préférés et l’autoanalyse flagellante ou bienveillante en fait partie. Quoi qu’on pense du sujet, il faut bien reconnaître que cela a amené d’intéressants jeux de narration.  Voici trois romans qui jouent avec l’implication de l’auteur dans son texte, à travers différentes formes de narrateur,  tant au niveau formel, de l’histoire ou du message transmis. HHhH (Laurent Binet)   Dans HHhH, Laurent Binet met en scène sa fascination pour un moment de la II Guerre Mondiale. Mais, sans doute, ce ne sont pas les faits racontés qui ont fait le succès du livre. Sa principale force réside dans le point de vue de narration, avec les doutes d’un auteur en proie aux exigences contradictoires du respect de la vérité historique et de la recherche stylistique du texte littéraire. C’est ce choix de narrateurs qui donne une nouvelle dimension au texte, qui force aussi le lecteur à voir au-delà de l’anecdote.     J’essaie d’imaginer le voyage. De son côté, lui essaie naturellement d’être le plus discret possible. Il parle allemand, certes, mais je ne suis pas sûr que son accent soit au-dessus de tout soupçon. En même temps, l’Allemagne n’est pas encore en guerre et les Allemands, même chauffés par les discours du Führer sur la juiverie internationale et l’ennemi intérieur, ne sont pas pour autant sur le qui-vive qu’ils pourront le devenir. Par précaution cependant, Moravec choisit sans doute, pour acheter son billet, le guichetier dont la mine lui semble la plus avenante, ou l’air le plus demeuré.    D’après une histoire vraie versus Le royaume des voix.  D’après une histoire vraie  (Delphine de Vigan) indique la couleur dès le titre. Entre témoignage et fiction, l’auteur va jouer avec les événements vérifiables et ceux qui ne le sont pas. De Vigan entraîne le lecteur dans un dédale où le texte n’est plus seulement à lire pour lui-même. Il s’agit plutôt d’une façon (trompeuse ?) de s’approcher d’elle et de sa vision de l’écriture. Le texte fait un peu trop télé-réalité à mon goût. Je préfère les mythofictions à la Muñoz Molina dans Le royaume des voix. Dans ce cas, l’auteur se sert de sa propre expérience mais le but n’est pas de parler de lui-même. Il s’agit à travers une grande fresque familiale de reconstituer une époque, un lieu, un monde en train de disparaître. Laetitia   On pourrait dire que le livre de Jablonka est le contre-pied des deux avant-derniers exemples. Au contraire de HHhH et D’après une histoire vraie, si l’auteur s’implique dans le narrateur, c’est pour mieux marquer la distance, pour mieux tenter de montrer les faits nus. Il écrit en historien et en sociologue tout en retraçant une vie le plus fidèlement possible. Là encore, c’est la position de narration qui est le moyen privilégié pour l’auteur de venir à bout de son projet.     Je ne connais pas de récit de crime qui ne valorise le meurtrier aux dépens de la victime. Le meurtrier est là pour raconter, exprimer des regrets ou se vanter. De son procès, il est le point focal, sinon le héros. Je voudrais au contraire, délivrer les femmes et les hommes de leur mort, les arracher au crime qui leur a fait perdre la vie et jusqu’à leur humanité. Nous pas les honorer en tant que « victimes », car c’est encore les renvoyer à leur fin ; simplement les rétablir dans leur existence. Témoigner pour eux.   Et pour vous, quelles sont les voix narratives qui vous ont le plus marquées ?

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Boite à libérer son écriture

Libérer son écriture et enrichir son style, avec Pascal Perrat.

Libérer son écriture, pourquoi ? Vous trouvez que vous écrivez toujours le même type d’histoires ? Vous avez envie de tenter d’autres styles, d’affuter le vôtre, de changer de regard ? Voici le livre pour rompre avec la monotonie et se lancer dans des découvertes stylistiques inédites. Pour que, tout à coup, apparaissent des formulations nouvelles, des liens insoupçonnés, des idées lumineuses.

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