L'Echangeoir d'Ecriture

relecture

A perdre haleine, le rythme dans le récit

Améliorer son texte : travailler le rythme de son récit

Le rythme de son récit : une question primordiale. Personne n’accroche à un texte mal rythmé : il nous ennuie et on l’oublie. Travailler le rythme de son récit, c’est donc se demander comment retenir son lecteur, comment organiser et dire son histoire. Il y a deux façons de travailler le rythme : dans la construction du texte dans le style. Aujourd’hui, voici quelques pistes de construction qui peuvent servir dans n’importe quel texte narratif : romans, nouvelles, novella ou même témoignage et récits de vie. Le rythme et la question du temps dans le récit Le rythme, c’est une question de temps. Or, il faut bien prendre en compte que dans tout texte, il y a deux temps : celui de la chose racontée (l’histoire) et celui mis à la raconter (le récit). Construire le rythme d’un texte, c’est donc créer un jeu entre ces deux temps pour intéresser le lecteur. Scènes, résumés, pauses, ellipses : Pour jouer avec les temps, il faut savoir alterner entre l’écriture de scènes, de résumés, de pauses et d’ellipses. La scène est un texte où le temps du récit est le même que le temps de l’histoire, par exemple dans les dialogues. On a alors l’illusion de vivre l’action dans les personnages. C’est une partie fondamentale du texte, mais il ne faut pas en abuser, au risque de se perdre dans les détails. Il y a ensuite les résumés qui condensent une partie de l’histoire en quelques mots. Au delà de l’effet d’accélération (suspens, tension), cela permet d’avancer dans le texte. Reste à faire attention au style. Sinon, le lecteur aura l’impression qu’on bâcle par paresse ou manque de savoir-faire. A l’inverse, on peut jouer sur les pauses c’est-à-dire des passages où l’histoire n’avance pas : les descriptions, commentaires, digressions… Et pas question de les couper par principe ! Jouer avec le rythme, c’est aussi alterner les moments de tension et de pause, mélanger le contexte, la réflexion et l’action. Enfin, il y a des ellipses, des événements passés sous silence. Parfois elles sont invisibles (toutes ces actions de la vie quotidienne qui ne servent à rien) et donc ultra-nécessaires ! En d’autres occasions, elles créent un effet particulier : de temps perdu, de nostalgie ou encore de mystère. Pensons à tous ces romans policiers qui racontent le crime mais sautent l’avant et l’après pour qu’on ne sache ni les causes ni ce que devient (au début) le criminel. La fréquence de narration : Deuxième élément de la gestion temporelle du rythme : c’est le nombre de fois pour raconter quelque chose. Car oui, il est tout à fait possible de dire plusieurs fois une même chose, tout dépend de ce que vous en découvrez à chaque occurrence ! Ainsi on peut raconter une seule fois un seul événement (c’est le plus classique et le moins risqué). On eut aussi répéter par exemple depuis plusieurs points de vue. C’est plus compliqué mais les effets sont très intéressants en particulier si les différents personnages n’interprètent pas l’action de la même manière. On peut aussi faire l’inverse, raconter en une fois ce qui s’est passé en plusieurs fois, pour faire sentir l’habitude, la routine, l’ennuie… Là encore, c’est l’effet à produire chez le lecteur qui devra guider votre choix. En pratique : comment améliorer le rythme de son récit ? Choisir Tout dépend de ce que vous voulez raconter et de l’effet à produire chez le lecteur. Voulez-vous créer de l’émotion ou de l’angoisse, raconter une vie ou une aventure, explorer une vision du monde, un problème de société, ou donner vie à un lieu ? Demandez-vous aussi qu’elle est la meilleure façon de transmettre cette idée à votre lecteur. Est-ce en accumulant les actions ou en prenant le temps de montrer le passage du temps ? Vérifier Quand vous vous relisez, vérifiez que tout ce que vous avez écrit est nécessaire. Sinon, voyez comment vous pouvez l’enlever. Faites confiance à votre lecteur, il préférera combler les trous (tant qu’il n’y en a pas trop) plutôt qu’avoir l’impression d’être pris pour un idiot. En résumé, la question du rythme est avant tout une question de choix : quoi dire et par quelle technique ? Se préparer La dernière question qui se pose est comment choisir et être sûr de ses choix. A mon avis, il n’y a qu’une seule solution : lire, lire et lire. Lire en cherchant dans les textes que l’aime comment l’auteur fait pour maintenir notre intérêt. Et aussi reprendre les textes qui nous ont ennuyés pour comprendre ce qui a raté et ne pas le reproduire. Ensuite, et bien, il reste à tester, essayer et éventuellement modifier, voir innover ! Dites-vous bien qu’aucun auteur n’y est arrivé du premier coup. Alors, bonne écriture, et bonnes expérimentations !

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Lutter pour l’excellence en littérature : chercher le mot juste

Le mot juste. Voici notre deuxième volet dans notre recherche de l’excellence en littérature. Chercher le mot juste, l’image nouvelle (Albert Camus et Sophie Divry) « Mal nommer un objet, c’est ajouter au malheur de ce monde1 » Camus En littérature, chaque mot désigne et incarne une réalité. Se tromper de mot, c’est donc risquer de ne transmettre qu’une version troublée ou travestie de votre idée initiale. De même, chercher le mot juste revient aussi à être conscient des clichés, soit pour les éviter, soit pour jouer avec. Le mot choisi ne sera alors pas imposé par ce que l’on a l’habitude d’entendre. Ce sera celui qui dit le plus justement l’idée, l’image, la musique que nous souhaitons transmettre. Ainsi, nous pouvons espérer surprendre le lecteur et éveiller en lui un vrai plaisir esthétique. Car comme le dit Sophie Divry, la jouissance de la lecture : «  réside autant dans l’accord parfait entre l’idée et l’image trouvée que dans le plaisir de rencontrer un vocabulaire métaphorique rare et contemporain. Des images que les écrivains du passé n’auraient pas pu faire.2 »  Comment faire pour trouver le mot juste ? Avant ou en parallèle du travail de relecture. Prendre le temps de penser le thème de son texte. C’est-à-dire d’une part, se raconter sa propre histoire et l’observer de tous ses côtés. On peut essayer d’argumenter avec soi-même, avec nos raisons et nos perceptions. Ainsi on repoussera au maximum les limites de notre pensée. Une autre possibilité pour préciser l’univers de notre récit est de l’explorer avec les cinq sens, afin d’en trouver les détails les plus révélateurs. Car si l’auteur n’est pas capable de voir une atmosphère, comment pourrait-il la transmettre au lecteur ? Il importe aussi de ne pas négliger le temps pour laisser les choses décanter en soi. C’est ainsi que notre regard pourra peu à peu transformer un rapport au réel en récit. Un petit truc pour la relecture : Se relire de façon séquencée : phrase par phrase, puis paragraphe par paragraphe, puis page par page… En vérifiant ainsi l’usage des mots, leur signification, leur place, les jeux de sonorité, les échos… Et pourquoi pas, pareil à ceux qui, comme moi, ont des soucis en orthographe, commencer par la fin ? Cela oblige à penser les phrases comme autant de pierres à polir. Ensuite seulement, on peut recommencer une relecture par le début, et cette fois-ci vérifier l’harmonie du tout. Pour trouver le mot juste… purifier le texte (Saint-Exupéry) Il  semble que la perfection soit atteinte non quand il n’y a plus rien à ajouter mais quand il n’y a plus rien à retrancher.3 Peut-être que l’un d’entre vous sera capable de me démentir, mais je ne crois pas avoir jamais lu d’auteurs déclarant inutiles les suppressions dans la relecture. De Cervantès à  Garcia Marquez en passant par Stephen King, tous ont rappelé l’importance d’alléger les premières versions des mots, expressions, voir paragraphes inutiles. De façon plus générale, il n’est pas inutile de savoir choisir parmi les textes ébauchés, ceux que nous garderons et terminerons et ceux que nous laisserons de côté. Petit florilège des témoignages d’auteurs : ou comment trouver le mot juste de la façon la plus directe possible ! Miguel de Cervantès : “Se contenant donc dans les étroites limites de la narration, quoiqu’il ait assez d’habileté, de capacité et d’intelligence pour traiter de l’univers, [l’auteur] demande qu’on ne rabaisse pas son travail, et qu’on lui donne des louanges, non pour ce qu’il a écrit, mais pour ce qu’il a laissé d’écrire.” L’ingénieux don Quichotte de la Manche, II. Gabriel Garcia Marquez: “Il faut apprendre à couper, à refaire. Un bon écrivain se reconnaît moins à ce qu’il a publié qu’à ce qu’il a jeté à la poubelle. Évidemment les autres n’en ont pas conscience, mais lui si. Il sait ce qu’il enlève, ce qu’il réécrit, ce qu’il améliore.” L’atelier d’écriture de Gabriel Garcia Marquez. Stephan King : “tout texte peut, dans une certaine mesure, être resserré. Si vous n’arrivez pas à en enlever dix pour cent tout en conservant l’intrigue et le charme de l’histoire, c’est que vous n’essayez pas vraiment. Des coupes judicieuses ont un effet immédiat et souvent stupéfiant – un vrai Viagra littéraire. “ écriture, mémoire d’un métier. Comment faire : Se donner un nombre de signes maximum à ne pas dépasser est une excellente contrainte. Elle oblige à chercher le mot juste. Au fur et à mesure que vous vous connaîtrez mieux, vous serez capable d’affiner, à la façon de Stephen King, votre proportion idéale entre une première écriture et une version finale. On peut aussi considérer qu’un pas important est franchi dans notre rapport à l’écriture lorsque l’on devient capable de sacrifier les « belles inutiles ». Ce sont ces phrases certes bien jolies mais qui n’apportent rien au texte, en dehors du plaisir pris à les écrire. Personnellement, quand je les trouve vraiment chouettes, je les garde à part sur un autre cahier. Mais pour être honnête, jusqu’à présent, de toutes celles que j’ai gardées, une seule m’a resservie ! Il importe aussi de traquer les répétitions, pas seulement les répétitions de mots, mais aussi les répétitions d’idées, les paragraphes inutiles, les portions de vie des personnages sans rapport avec le centre du texte… Attention cependant : on nous apprend souvent à réduire les descriptions. Il est vrai qu’une description trop étendue est ennuyante. Cependant il ne faut pas oublier le plaisir esthétique du lecteur ! Faites en sorte que vos descriptions soit si signifiantes et suggestives qu’elles deviennent indispensables. Si elles ne le sont pas … et bien jetez-les ! Comment savoir si l’on a suffisamment supprimer ? Lisez votre texte à voix haute après l’avoir laissé reposer plusieurs semaines : si vous ne buttez pas sur les phrases et si vous ne vous ennuyez pas en relisant lentement, a priori vous êtes sur la bonne voie ! Et à chaque fois que vous avez envie de vous arrêter, rappelez-vous Saint Exupéry, la perfection ne sera là que lorsqu’il n’y aura plus rien pour gêner l’envie de poursuivre la lecture. Écouter

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L'excellence en littérature avec Eduardo Mendoza

Lutter pour l’excellence en littérature : des pistes pour un travail personnel

La question de l’excellence en littérature Il arrive parfois que l’on tombe sur une phrase qui nous happe et nous oblige à repenser votre manière d’être, ou d’écrire. Voilà quelques semaines, j’ai découvert cette remarque de l’écrivain espagnol Eduardo Mendoza : Il faut lutter pour l’excellence en littérature, que chaque phrase, même la plus insignifiante du livre, soit polie et retravaillée. (“Hay que luchar por la excelencia en la literatura, que cada frase, aunque sea la más tonta del libro, esté pulida y revisada”.Eduardo Mendoza, entretien pour El Pais).

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bons ou mauvais livres

Pourquoi lire … de mauvais livres (quand on ne peut pas faire autrement) ?

Histoire d’une lecture décevante… mais révélatrice. On a tous des livres qui nous rebutent. J’ai acheté il y a peu un de ces mauvais  livres, doté d’une belle critique en quatrième de couverture, d’un titre intrigant, mais terriblement décevant… Bon, j’étais dans un avion, je n’avais rien d’autres à faire, alors, j’ai lu. Au bout de dix pages, je râlais toute seule, au bout de vingt, j’imaginais des conseils à l’auteur, au bout de trente… Au bout de trente, je me suis rendue compte que certains des pièges dans lesquels était tombé l’auteur, je m’y étais fait prendre aussi. Finalement, ce roman avait peut-être des choses à m’apprendre… De l’impact des lectures sur l’écriture : Comme l’a dit Nancy Huston, nous sommes une « espèce fabulatrice[1] ». Nous faisons de nos vies des histoires, nous racontons nos problèmes, nos réussites comme des histoires. C’est par elles que nous comprenons notre existence et le monde qui nous entoure. Si nous faisons attention, nous verrons que la plupart de ces narrations qui nous parviennent ne sont pas transcendantes : papotages de bureau, pub, faits divers, série TV… Nous sommes environnés pas ces « histoires bas de gammes » qui nous remplissent l’imaginaire sans nourrir notre esprit… Ce qui a priori devrait nous envoyer dans la même direction et nous faire produire le même genre de textes. Alors pourquoi lire de mauvais livres ? Les « bons » livres ne nous ouvriraient-ils pas de meilleurs horizons ? En fait, il y a quand même quelques points à en retirer, tout simplement pour faire mieux. Utiliser les mauvais livres : Aiguiser son regard critique : D’abord, il est plus facile d’être critique avec les autres qu’avec soi-même. Lorsque l’on écrit, on est pris dans un sujet qui nous attire, avec des personnages qui ont vécu en nous et qui nous touchent. En tant qu’auteur, on se fait plaisir en racontant plus de choses que nécessaire, en laissant de belles phrases dont on est fier même si elles n’apportent rien, en « oubliant » des passages importants mais difficiles à mettre en mots. Comme on a l’histoire dans la tête, on recolle les morceaux et on ne voit pas les problèmes. Sauf que le lecteur, lui, les voit. Et lorsque vous lisez de mauvais livres, vous les voyez  aussi. Alors, profitons-en pour repérer ce qui marche et ce qui ne marche pas, pour prendre de la distance, réfléchir à la construction du texte, la présence des personnages, le style…Lorsque vous lirez votre propre texte, vous aurez ainsi de l’entraînement pour avoir un regard extérieur, plus objectif et attentif.   Se faire une liste « pense-bête » des choses à ne pas faire : On peut aussi aller plus loin en établissant une liste des choses à ne pas faire. Un personnage trop longuement décrit, des répétitions, des dialogues sans rythme ni crédibilité, une absence de sens ou alors une trop grande place à un message politique, moral, religieux… Chacun fera sa propre liste en fonction de ses difficultés d’écriture. Pour moi, à partir de ce livre dont je vous parlais tout à l’heure, je me suis promis de Faire attention à la psychologie des personnages, en particulier des personnages historiques. Une jeune campagnarde du XVIIème ne peut pas avoir les mêmes rêves qu’une lycéenne contemporaine ! Donc, faire des recherches sur les faits, mais aussi les façons de vivre, de penser… Ne pas faire du suspens pour faire du suspens… Si vous accumulez du mystère alors qu’il n’y a rien à cacher, vous ne faites que manipuler le lecteur. Si découverte il y a, il faut qu’elle ait aussi un effet sur le lecteur. Eviter les belles phrases qui ne servent à rien. C’est aussi ridicule que les tops modèles qui se pavanent devant des voitures. Eviter la grandiloquence, le sentimentalisme, le pathétique. Les émotions, il faut que le lecteur les ressente, il n’a pas besoin qu’on les lui explique ! J’aime que l’histoire me dise quelque chose, qu’elle me montre le monde et m’explique une partie de l’existence ou alors qu’elle soit un bon divertissement, efficace et assumé. En tant que lecteur, je donne du temps au livre. J’attends donc qu’il m’apporte quelque chose en retour. Voilà mes pistes d’écriture ou plutôt de réécriture. J’espère qu’elles m’aideront à traquer ce que je n’aime pas et ainsi éviter nombre de chausse-trappes. A vous de faire la vôtre, en fonction de vos besoins et de ce que vous attendez d’une «  bonne lecture ». Imaginer en contre-pied ce que serait le texte idéal ; Si vous trouvez que c’est voir les choses trop en négatif, vous pouvez aussi faire la démarche inverse : Si je n’ai pas aimé tel élément, c’est que pour moi, dans le livre idéal, il devrait y avoir au contraire tel autre élément. Par exemple : je n’aime pas les phrases qui ne servent à rien. Donc mon texte idéal serait suffisamment concis pour que chaque mot soit nécessaire. L’esthétique ne se trouverait pas dans une accumulation de mots mais dans le choix de chaque parole, chaque phrase, chaque figure littéraire. Un de mes objectifs de relecture sera donc de supprimer tout ce qui n’est pas indispensable. Encore une fois, à vous de vous constituer votre propre grille d’écriture. Bref, lire est essentiel et lire de façon critique est un outil fondamental. Alors à vos bouquins -bons et mauvais livres- et n’oubliez pas d’y revenir plusieurs fois : au moins une fois pour apprécier l’histoire et une fois pour voir ce que vous pouvez en apprendre. Bonne lecture ! [wysija_form id=”1″] [1] Nancy Huston, L’Espèce fabulatrice, Actes Sud, Arles, 2008, coll. Babel.

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Recevoir une critique: ma réutiliser

Recevoir une critique ou une bêta-lecture et être capable de l’utiliser

Après vous avoir proposé deux articles pour vous aider à réaliser des critiques constructives, (conseils de méthode et de questions types), je vous propose vous mettre à la place de l’auteur. Voici quelques conseils (non exhaustifs)  qui vous aideront à utiliser les retours sur vos textes. Avant de recevoir une critique. Placez-vous dans une position d’apprentissage Si vous avez demandé une critique de votre texte, c’est que vous le considérez suffisamment bon pour être lu et suffisamment mauvais pour être retravaillé. Dites-vous que ce que vous allez entendre va vous permettre de progresser. Vous devez être dans la position de l’apprenti pas dans celle de l’acteur qui va être applaudi ou hué par la foule. Reprenez consciemment son texte. Si cela fait quelques temps que vous n’avez pas toucher à votre texte, vous risquez d’en avoir une fausse image. Il importe donc d’en faire une relecture raisonnée. Notez ce que vous aimez, ce que vous aimez moins. Cela vous permettra de contraster votre perception avec celle de votre critique. Réfléchissez à ce que vous vouliez dire et regardez le résultat dans le texte. Posez-vous des questions sur les moyens que vous avez employés pour obtenir votre résultat. Regardez votre texte comme un gros mécano dont vous devez être capable de commenter les rouages. Pendant la réception de la critique Recevoir une critique = écouter et noter. Il est difficile de réagir correctement à tout ce qui vous est dit. Par contre, il est important de pouvoir y revenir, surtout s’il y a des choses qui vous gênent ou vous blessent. Cela peut indiquer une fragilité dans votre texte, que vous percevez sans vous l’avouez. Dans ce cas, rien de mieux qu’un temps de réflexion et la possibilité de revenir sur la critique. Posez des questions, entamer un dialogue, faites préciser Vous avez peut-être la chance d’avoir un  excellent critique capable d’identifier les problèmes et de vous les exposer avec clarté… Avouons-le, c’est rarement le cas ! Et même le meilleur ne saurait deviner exactement ce que vous avez besoin d’entendre. Alors, ne vous sentez pas attaqué par les réactions. Au contraire, profitez-en pour demander des précisions, essayer de savoir exactement quels passages du texte sont concernés par les remarques. Expliquez votre point de vue  de façon argumentée et demandez à votre lecteur ce qu’il en pense. Faites de même avec les questions que vous avez préparées à l’avance. Cela vous aidera à digérer les remarques désagréables et surtout à revoir les passages signalés, avec un œil neuf. Ecouter efficacement une critique c’est lancer une conversation, avec le critique, avec soi-même, avec son texte.   Après la réception de la critique Prenez plusieurs avis, mais restez l’auteur unique. Un avis argumenté est toujours à considérer avec attention. Cependant, cela reste un avis personnel. Si vous avez des doutes, demandez à plusieurs relecteurs. S’ils ont des avis dissemblables, faites une synthèse avant de prendre une décision. Si les avis sont semblables, même s’ils divergent du vôtre, ravalez votre orgueil et cherchez comment faire des modifications tout en restant fidèle à vous-même. Prenez le temps de revenir à la critique durant la réécriture. S’il le faut, laissez passer un peu de temps entre la réception de la critique et la réécriture. Certaines modifications vous viendront rapidement, d’autres plus difficilement. N’hésitez pas à en discuter avec votre relecteur, ou avec vous-même. Vous verrez comme argumenter, même en solitaire, peut débloquer bien des situations ! Recevoir une critique, une règle d’or en conclusion:  Quoi qu’il en soit une seule vraie règle : dialoguer. Ecouter efficacement une critique ou une bêta-lecture, c’est lancer une conversation, avec le critique, avec soi-même, avec son texte.  

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L’anatomie du scénario, John Truby, la référence des jeunes écrivains?

Première rencontre avec L’ anatomie du scénario Il y a quelques années, j’ai eu l’occasion de participer à un atelier d’écriture d’Alain Absire (prix Fémina, 1987). Pour être honnête, l’atelier ne m’a pas laissé de grands souvenirs, en dehors d’une jalousie chronique envers les québécois qui ont la possibilité de faire des masters et des doctorats en écriture créative. Néanmoins, c’est lors de cet atelier que j’ai entendu parler pour la première fois de L’anatomie du scénario (John Truby) et rien que pour ça, ça valait la peine d’y aller.   Alain Absire avait présenté le livre de Truby comme la Bible de tout écrivain débutant. Si vous ne le connaissez pas, je vous propose de vous y attaquer tout de suite ! L’ anatomie du scénario : un ouvrage ample, concis et précis. Dans son ouvrage, John Truby part du principe qu’une bonne histoire n’est ni une structure mécanique, ni une belle anecdote que l’on pourrait raconter n’importe comment. Une bonne histoire, pour Truby, est une histoire organique. Elle évolue comme le ferait un être vivant. Elle doit toucher le lecteur émotionnellement et intellectuellement. Enfin, elle doit aussi être symbolique pour offrir une meilleure compréhension de la vie. Vaste programme, n’est-ce pas ? Une bonne histoire est une histoire organique. Elle évolue comme le ferait un être vivant. Elle doit toucher le lecteur émotionnellement et intellectuellement. Enfin, elle doit aussi être symbolique pour offrir une meilleure compréhension de la vie. Aussi ambitieux soit-il, John Truby croit que chacun peut s’en approcher avec un peu d’imagination et les techniques adéquates. Il propose donc un chapitre sur la prémisse (travailler son idée) et ensuite un chapitre pour chacune des étapes de la structure narrative. Sont traités les personnages, le débat moral, l’univers du récit, le réseau de symboles, l’intrigue, le tissage des scènes, la construction des dialogues. Les points les plus intéressants En plus de la richesse des thèmes abordés, la façon d’expliquer et d’illustrer rend le livre passionnant et facile à lire. Pour moi, les chapitres les plus intéressants sont celui sur la prémisse (créer, affiner, approfondir une idée) et celui sur le débat moral. John Truby y montre comment un livre accroche par l’évolution d’un personnage qui implique émotionnellement le lecteur. (On parlerait de « projection » en psychologie). Il découvre ensuite différentes techniques pour créer ce vécu chez le lecteur. Par ailleurs, chaque explication est suivie de plusieurs exemples (romanesques ou cinématographiques) qui sont analysés pour en révéler le fonctionnement. Outre le fait que cela multiplie les idées d’écriture, vous n’en sortirez pas sans avoir envie de revoir Le Parrain, relire Les Hauts de Hurlevent ou redécouvrir Casablanca, en vous demandant comment vous n’aviez pas perçu tous ces détails plus tôt… Troisième élément : les fiches d’écriture. Chaque chapitre se termine par un exercice permettant de tester tout ce que l’on vient d’apprendre. C’est idéal pour mémoriser les informations et aussi les adapter à ses propres projets. Allez, au travail ! Enfin, dernier point non négligeable, la présentation est claire et soignée. Il y a des schémas, des encadrés, des rappels… Le style est fluide. Les résumés des œuvres analysées coupent agréablement les parties didactiques. On lit avec intérêt, avec passion et sans avoir l’impression d’étudier. Quelques éléments à nuancer L’ anatomie du scénario procède pourtant d’une vision unique de la fiction. Pour Truby, une bonne œuvre raconte une transformation morale à travers une structure et des symboles, quel que soit le genre de la fiction. A l’en croire, il ne pourrait y avoir d’œuvre valable en dehors des cheminements initiatiques ou d’apprentissage. Or, on sait bien que ce n’est pas le cas. Je pense notamment au genre policier ou historique. Marlowe, Adamsberg, Brunetti et compagnie se transforment-ils radicalement à l’intérieur de chaque œuvre ? Non, évidemment. Sinon l’idée même de la série ne serait pas viable. (Attention, je ne dis pas qu’ils n’évoluent jamais. Je souligne juste que ce n’est pas une transformation ontologique, qui remet en question la nature du personnage). D’autre part, il s’agit d’écriture du scénario. Donc, même si tous les conseils sont applicables à d’autres formes d’écriture, il reste qu’il manque les questions spécifiques à l’écriture littéraire. Vous n’y trouverez rien sur le style, le rythme, les figures…. A vos plumes ! Malgré ces quelques nuances, c’est un ouvrage que je recommande vivement. Personnellement, je l’utilise autant pour préparer un projet que pour cibler des pistes de relectures ou créer une proposition pour un atelier. Bien sûr, il ne s’agit pas de le suivre à la lettre. Mais, dès que l’on adapte ce type de conseils à son propre travail, c’est extrêmement enrichissant. Envie de tester ? Prenez un exercice d’écriture et postez-nous le résultat ! J’ai hâte de voir vos propositions.

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